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Économie Publié le mercredi 4 août 2010 | L’expression

Bouaké : Lait, sucre, mil… - Les prix flambent

Les denrées de grande consommation subissent une inflation subite à la veille du mois jeûne musulman qui débute la semaine prochaine.

Le sucre de la belle famille de Timité Ousmane sera acheté un autre jour. Ce lundi, après avoir parcouru plusieurs rayons du marché central de Bouaké, sa recherche s’est avérée infructueuse. A en croire M. Timité, les nouveaux prix indiqués par les commerçants sont hors de portée. « Au quartier, le boutiquier m’a fait savoir qu’il pouvait me vendre le sac de sucre blanc de 50 kg à 26 000Fcfa. Ici, au niveau des grossistes, le prix est de 25 000 Fcfa. Je n’ai que 23 000 Fcfa, avec le transport cela me reviendra à 24 000 Fcfa. Faute de moyens, je vais attendre un peu. De toutes les façons, le mois de jeûne n’a pas encore commencé. D’ici là, je pense pouvoir trouver le complément et revenir pour l’achat. Ce n’est pas à cause de 2.000 Fcfa que je ne vais pas respecter la tradition », se console-t-il. Et d’ajouter : « Cependant, il faut reconnaître que les prix sont exorbitants. Quelques mois auparavant, j’ai acheté le même sac à 22 000 Fcfa. Je ne comprends pas pourquoi les prix ont pu grimper de la sorte », s’offusque le jeune homme. De son côté, Madame Coulibaly se pose la même question. De 19 000 Fcfa, le sac de 50 kg de sucre roux qu’elle a coutume d’acheter se vend en ce moment à 24 000 Fcfa. « Ce n’est pas sérieux ce qu’ils font. Dès qu’ils aperçoivent que le jeûne musulman pointe à l’horizon, ils font grimper les prix de certaines denrées en l’occurrence le sucre. Et cela n’émeut aucune autorité. Aucune association de consommateurs n’ose s’en soucier. C’est comme si on nous livrait en pâture aux commerçants avides de se faire du sou », se plaint l’institutrice.

La colère monte chez les consommateurs…

Mme Coulibaly n’est pas la seule à se plaindre de la flambée des prix, à l’approche du mois de jeûne musulman. Gérant de boutique à la gare routière, Cissé S. se dit contraint, malgré lui, de majorer les prix de boîtes de lait. Il explique que le produit qui coûtait 1.000 Fcfa est passé à 1.100, depuis lundi. « C’est ce matin (lundi matin, Ndlr) que nous avons été informés de l’augmentation. Le carton de 24 boîtes passe de 14 500 à 25 000 Fcfa. Soit une augmentation de près de 10 000F. Pour s’en sortir, on est obligé de procéder à une augmentation au grand dam des clients », indique le vendeur. Dans ses étalages, outre le sucre et la boîte de lait, d’autres denrées à fortes demandes durant le mois de carême, verront leurs prix majorés. Déjà, il informe que le sac de mil a connu une hausse de 500 Fcfa. « Nous n’avons pas encore répercuté cette hausse sur le prix du kilogramme. Mais si la tendance se poursuit, les clients seront contraints de débourser plus, pour la bouillie de la rupture », prévient le boutiquier. Se prononçant sur les motifs de cette hausse des prix, un importateur de sucre a brandi l’argument du jeûne musulman. La demande nationale étant supérieure à l’offre pendant cette période, l’on est contraint d’importer. « Pendant le mois de carême, la consommation nationale grimpe. Or, le sucre made in Côte d’Ivoire est insuffisant. Donc, nous faisons venir des stocks du Brésil et autres pays gros producteurs, via les ports de Lomé ou de Cotonou. En même temps, les pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et autres qui comptent beaucoup de fidèles musulmans, sont confrontés à la même situation. L’offre étant inférieure à la demande, les prix ne peuvent que grimper », révèle-t-il. Cette explication ne semble pas convaincre Madame Coulibaly. Elle jure la main sur le cœur que certains commerçants véreux font de la rétention pour provoquer une pénurie, en vue de se faire de gros sous. « Ils sont sans pitié. Ils prospèrent sur la foi des gens. A l’approche de chaque mois de jeûne, c’est le même refrain. Nous savons qu’ils font des stocks de sucre, pour rendre le produit rare sur le marché. Et se faire assez de dividendes. C’est méchant ! », condamne- t-elle.

Marcel Konan
Correspondant régional

Légende : Les prix des produits, comme le sucre, le lait, ont été revus à la hausse sur le marché de Bouaké.


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