Chapeau à la Direction des examens et concours (Deco) qui a eu le courage de suspendre la publication des résultats douteux dans certaines circonscriptions. Elle aurait pu garder le silence devant ces performances invraisemblables que personne n'aurait crié au scandale. Bien au contraire, les responsables des zones en question pouvaient être félicités pour avoir réalisé des taux de réussite aussi élevés dans un système éducatif où les résultats vont de mal en pis depuis quelques années. Cela dit, il reste impérieux de relever que cette décision, la première du genre dans le pays, selon certains enseignants, n'est qu'un petit reflet des indélicatesses dont se rendent coupables de nombreux enseignants pendant la surveillance des épreuves. A en croire plusieurs témoins, au lieu de faire leur travail qui consiste à veiller à ce que chaque candidat ne compte que sur ses propres capacités d'acquéreur de connaissances, ceux-ci les incitent à la facilité et à la triche. Dans le meilleur des cas, ils les autorisent à s'entraider dans une composition pourtant individuelle. Sinon, et c'est cette pratique qui prend de l'ampleur, les surveillants monnaient leur propre aide contre des espèces sonnantes et trébuchantes que les candidats, prévenus par leurs devanciers, prennent le soin d'apporter désormais dans les salles de composition. Après la collecte, ils dictent les réponses ou les rédigent carrément au tableau, ou sur des feuilles. Les élèves les reproduisent à tour de rôle sur leur copie, à la virgule près. Cette pratique et bien d'autres comme les achats de notes lors des épreuves orales ou physiques sont rapportées depuis des années par les candidats et même des examinateurs. Des magouilles dont la responsabilité, voire la culpabilité n'épargnent aucun acteur du système éducatif. Des parents d'élèves jusqu'aux hauts responsables en passant par les apprenants et leurs maîtres, tous ont leur part de péché. Le mal est si profond et si récurrent qu'il faut se demander si les résultats suspendus lundi sont les premiers à mériter une telle décision. Certainement pas.
Cissé Sindou
Cissé Sindou