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Politique Publié le jeudi 5 août 2010 | Le Patriote

Les ‘‘trois glorieuses’’ de Ouattara

C’était des années de fierté nationale ! Sur les 50 ans de la Côte d’Ivoire, ces années-là ont compté et continuent de compter. Des millions d’Ivoiriens en sont encore nostalgiques. Entre novembre 1989 et décembre 1993, Alassane Dramane Ouattara était aux affaires. De la conjoncture, la Côte d’Ivoire était passée à la crise. Le très stable régime de feu le Président Houphouët-Boigny était devenu frileux. Les experts résidents proposaient des solutions qui, non seulement, creusaient davantage le fossé entre le régime et le peuple mais, étaient inopportunes. Quand Ouattara quitte la BCEAO à Dakar pour prendre à Abidjan, la tête du Comité Interministériel, tout change. Un brin d’espoir anime les uns et les autres. Alors, le ‘‘vieux’’ prend conscience que pour qu’il fasse plus, il faut un peu plus de pouvoir à son nouveau collaborateur. Ouattara devient son Premier ministre. Tout s’emballe ! Commencent alors les ‘‘trois glorieuses’’ avec comme leitmotiv l’intérêt général au-dessus de tout. Qui dit servir l’intérêt général, parle de travail, d’intégrité et de civisme, etc. L’économiste met les Ivoiriens au travail. Chaque agent de l’Etat arrivait et partait de son poste à l’heure et faisait effectivement son labeur. Donnant l’impression qu’il était présent, cravache en main, devant chaque bureau. C’était une bataille de gagnée. Concomitamment, il fallait réduire le train de vie de l’Etat. Le ‘‘Vieux’’ lui ayant donné les pleins pouvoirs, le Premier ministre met fin à l’Etat providence. Les élèves et étudiants perdent de leurs privilèges. Mais pas seulement ces parents pauvres. Les barons du régime, les grandes entreprises de l’Etat comme du privé également. L’impôt est effectivement levé et les mauvais payeurs – pour ne pas dire les non payeurs- sont sommés de s’exécuter. Et ils s’exécutent. Les caisses de l’Etat commencent à avoir du ‘‘liquide’’. Il faut plus cependant. La situation était désastreuse. Ouattara fait preuve d’imaginations pour trouver des ressources additionnelles sans brusquer personne. Le renouvellement des immatriculations des véhicules et l’instauration de la carte de séjour sont de ces mesures là.

Des années exceptionnelles

Tout marche correctement. Parce que l’économiste a su s’appuyer sur des compétences. Contrairement aux us et coutumes en vigueur, il érige le mérite et la compétence comme règle de promotion. Il s’appuie sur un nombre restreint de ministres compétents souvent nommés sur la seule base de leur CV. Il ne les avait jamais rencontrés auparavant. Ces derniers en font autant pour les directeurs centraux et ainsi de suite. Les caisses de l’Etat sont de plus en plus renflouées par cette débauche d’énergie. Mais vraiment les caisses de l’Etat, pas celles de Ouattara et de ses ministres. Du coup, le gouvernement peut procéder à des investissements. Des lycées et des collèges sont construits. Mais aussi les Universités d’Abobo-Adjamé, de Bouaké, de Daloa et de Korhogo. Plusieurs entreprises d’Etat chancelantes comme l’EECI (électricité) sont cédées à des privés. Le Gouvernement procède à une restructuration de la Fonction publique avec en l’occurrence le départ volontaire à la retraite et la chasse aux agents fictifs. Dans la foulée, des milliers d’emplois sont créés. En quelques mois, Alassane Dramane Ouattara ramène la sérénité. Les salaires des fonctionnaires n’ont pas été réduits comme cela semblait inéluctable avant novembre 1989. Lorsque Ouattara quitte la Primature début décembre 1993, il laisse comme héritage un pays au travail, une éthique, une économie stable et en constante progrès. Vraiment, tous les fondamentaux pour un pays qui ne pouvait que continuer de prospérer. C’est pourquoi juste deux mois après sa démission, la Côte d’Ivoire n’a pas eu à souffrir de la dévaluation du FCFA. En ces trois années, Ouattara a laissé un esprit. ‘‘L’esprit Ouattara’’ que tous les intellectuels et les institutions financières internationales ont adoubé. Sa gouvernance a sans doute quelque chose à voir avec son rappel au FMI comme Numéro 3 quelques mois plus tard. Mais hélas ! Le retour de la gabegie au pays dès 2000 a anéanti les d’efforts de cette exceptionnelle période des 50 ans de la Côte d’Ivoire. Heureusement, Ouattara est encore des nôtres. Contraint par ses compatriotes à rentrer en politique au regard de ses résultats, il se dit toujours disponible. Il est « la solution » pour la Côte d’Ivoire. Son bilan de trois années de gestion parle pour lui.

KIGBAFORY Inza

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