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Politique Publié le jeudi 5 août 2010 | Le Mandat

Gnagbé Kragbé, chancelier de l’Etat d’Ebunie et commandant en chef de l’Armée populaire nationaliste - 40 ans après, Ouassénan réagit

© Le Mandat Par Prisca
PDCI-RDA: Bédié et ses jeunes se sont parlés
Samedi 31 juillet 2010. Abidjan, Maison du PDCI-RDA à Cocody. Le Président Henri Konan Bédié rencontre la jeunesse du parti, conduite par son président Kouadio Konan Bertin (KKB)
Le président Gbagbo vous accuse d’avoir anéanti le peuple Guébié, puisque vous étiez le Commandant de l’opération quand il y avait l’affaire ‘’Krabgé Gnagbé’’. Que dites-vous sur cette accusation ?
Rendons à César ce qui est à César. Le président Gbagbo ne m’a jamais accusé personnellement dans l’affaire du Guébié. Ce sont des journalistes qui ont écrit plein de mensonges. Ils ont même dit qu’il y a eu génocide du peuple Guébié, mais je vais vous étonner. Le génocide est un crime. Et un crime n’est jamais prescrit. A tout moment, une affaire de crime peut être remise sur le tapis, sauf si elle a acquis l’autorité de la chose jugée. Or l’affaire Kragbé Gnagbé a été jugée à Gagnoa. Des journalistes étaient venus des quatre coins du monde pour suivre le procès. Des avocats non ivoiriens étaient venus plaider la cause de leurs clients. Des journalistes ivoiriens véreux ont prétendu qu’il y avait eu 4000 morts. Dieu merci, dans tout peuple, il y a des lumières qui sont des gens honnêtes et intelligents. Il s’est trouvé que dans le peuple Guébié, un jeune chercheur du nom de Gadji Dagbo Joseph, aujourd’hui chef du village de Godélilié, a décidé de savoir la vérité sur son peuple. Et pendant 5 ans, il a sillonné les villages pour savoir le nombre de morts qu’il y a eu dans ces villages et les circonstances de ces morts. Dans ses recherches, il a trouvé 71 morts et il a écrit un livre intitulé ‘’l’affaire Kragbé Gnagbé’’. Pourtant, il ne me connaissait pas personnellement. Il dit avoir écrit son livre pour que la vérité soit sue. En effet, il suffit de le lire pour savoir toute la vérité. Les gens avaient utilisé cette histoire de ‘’Kragbé Gnagbé’’ comme un fonds de commerce politique. J’ai dit que le président Laurent Gbagbo ne m’a jamais accusé. Par contre, son épouse, une fois à l’Assemblée Nationale, a évoqué ce problème. Et j’ai répondu ceci : « Quand les événements se sont produits, c’est le PDCI qui était au pouvoir, aujourd’hui, c’est votre époux qui est chef de l’Etat ; alors pourquoi ne portez-vous pas plainte contre moi ? Moi-même, depuis l’an 2000, j’ai demandé une enquête internationale sur cette affaire pour que les gens sachent la vérité une fois pour toutes. Je n’ai pas eu cette commission d’enquête. Aujourd’hui que votre époux est aux affaires, vous pouvez maintenant porter cette affaire devant les tribunaux ». Seulement, pour que cette affaire soit recevable devant les tribunaux, il faut apporter la preuve de la commission du crime, c’est-à-dire, le corps du délit. Les 4000 morts dont ont parlé certains journalistes, il a bien fallu les enterrer quelque part. Donc, des fosses communes devaient exister. Tenez, je vais vous donner un exemple. Pendant la dernière guerre mondiale, les troupes nazis, arrivées à Oradour-sur-glane dans le sud-ouest de la France, ont trouvé la population effrayée, rassemblée dans l’Eglise du village en train de prier. Elles ont arrosé d’essence cette maison de Dieu et y ont mis le feu. Les 413 villageois ont été carbonisés, et leurs corps jetés dans une fosse commune. Après la guerre, ces martyrs ont été sortis de la fosse et chaque corps a eu droit à une tombe dans un quartier spécial du cimetière. Depuis 1945, Oradour-sur-glane est devenu un haut lieu de pèlerinage et les gens viennent de par le monde se recueillir sur ces tombes alignées. Si la Côte d’Ivoire a dans le Guébié une fosse de 4000 corps, c’est presque 10 fois Oradour-sur-glane. Je pense que chacun voit ce qui reste à faire pour honorer ces frères Ivoiriens morts, et punir les auteurs d’un tel crime. Pour revenir à ma modeste personne, c’est faux de dire que j’ai tué. Les gens ne savent pas comment fonctionne une opération militaire. Le Commandant du détachement n’est pas sur le terrain avec ses hommes. Il se trouve dans son quartier général. Donc moi, en tant que Commandant opérationnel, j’étais dans une salle devant mes cartes de la zone de Gagnoa et mes éléments m’appelaient pour me rendre compte et recevoir mes ordres. J’attends donc depuis toujours, la plainte contre moi, pour ce crime qui n’a jamais existé. Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est qu’un crime est jugé non pas par un juge, mais par une cour d’assise. La cour d’assise se compose de trois juges professionnels et de 9 jurés, c`est-à-dire des citoyens comme vous et moi et qui vont rendre leur jugement selon le bon sens de citoyen. Pour convoquer ces jurés, il faut qu’il y ait un dossier. Or, le dossier de l’affaire du Guébié a déjà fait l’objet du procès de Gagnoa dont je vous ai déjà parlé. Et j’irai même plus loin, quand cette affaire se jugeait, il y avait un jeune prêtre qui a assisté aux audiences du début jusqu`à la fin. Et ce jeune prêtre est devenu plus tard évêque. C’est l’évêque de Grand Bassam, Mgr Paul Dacoury Tabley. Quant à la 71ème personne décédée, c’était le garde de corps de Kragbé Gnagbé, du nom de Kouamé Henri, du village de Bobia. Il a rendu l’âme au tribunal. C’est quand le procureur a commencé à lui poser des questions pertinentes et embarrassantes que tout tremblant, il est tombé à la barre et est mort d’une crise cardiaque. Voyez-vous, quand les gens disent que le Général Ouassénan a tué 4000 Guébié et 2000 Sanwi, tout cela est faux. Mais enfin, soyons sérieux. L’histoire du Sanwi date de 1958 après l’indépendance du Ghana en 1957. J’étais encore à l’école. La Côte d’Ivoire n’était pas encore indépendante donc le PDCI n’était pas encore au pouvoir. C’était le gouverneur français qui était responsable de l’ordre. En 1958, j’étais au lycée I de Bouaké dans la même classe que le ministre Lambert Kouassi Konan. Je ne pouvais pas être en même temps lycéen à Bouaké et chef militaire à Aboisso. Vous voyez le tort que peut faire un journaliste lorsqu’il ne dit pas la vérité.
Un extrait de l’interview du Général Gaston Ouassenan Koné paru dans ‘’Le Mandat’’ le 24 mars 2010

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