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Politique Publié le jeudi 5 août 2010 | Nord-Sud

Proposition d`octobre pour la présidentielle : La fuite en avant de la CEI

© Nord-Sud Par DR
Commission Electorale Indépendante : SEM Youssouf Bakayoko, président
Au moment où tous les acteurs attendent, impatiemment, que la Commission électorale indépendante propose une date pour la présidentielle, l'institution en charge du scrutin a plutôt donné une période. Trop peu pour satisfaire les Ivoiriens pressés d'aller au vote.

Cela aurait dû être le début de la fin. La Commission électorale indépendante (Cei), bruyamment interpellée, a fini par produire, hier, un communiqué relatif à la tenue de l'élection présidentielle. La communication lue par le porte-parole de l'institution, Bamba Yacouba, annonce qu'au terme d'une réunion du bureau le mardi 3 août, portant sur l'évaluation du contentieux sur la liste électorale provisoire, la Commission centrale de la Cei s'est réunie le lendemain pour entériner les délibérations du bureau et procéder à l'examen des opérations devant conduire aux élections. Bamba Yacouba informe par la suite : « Au terme de cette séance de travail, la Commission centrale de la CEI a, en toute responsabilité, retenu le mois d'octobre 2010 comme étant la période propice pour l'organisation de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire ». « Cependant, elle tient à indiquer que certaines conditions doivent être observées par le gouvernement et les opérateurs techniques pour le respect effectif de cette période ».

Vous l'aurez compris, ceux qui attendaient que l'institution dirigée par Youssouf Bakayoko propose une date devront déchanter. Ils n'auront qu'une période. Rien de plus. Quand on sait que la Cei, de par sa position, est chargée de proposer un jour précis qui est, ensuite, validé ou non par le chef de l'Etat, il y a de bonnes raisons de s'interroger sur cette démarche de l'institution. Surtout qu'avec l'arrivée du diplomate, elle a, à plusieurs occasions, réclamé, à cor et à cri, son autonomie et son indépendance. Hantée par ce souci, l'institution anciennement dirigée par Beugré Mambé a rompu les amarres avec certains partenaires dans la conduite du processus, notamment la Primature.

Des limites mises à nu

Au point où, de source fiable, la ''Maison élection'' ne répondait pas aux appels de celle-ci, pourtant maître d'œuvre du processus électoral, de lui présenter un chronogramme. « La Cei navigue à vue. Elle n'a même pas de chronogramme. Mais pour défendre une fausse autonomie, elle ne collabore pas avec ses partenaires », confie un observateur de la sortie de crise. Elle vient de manquer le virage qui aurait pu lui permettre de convaincre qu'elle sait où elle va. Et, dire que la décision de la période a été décidée « en toute responsabilité » convaincra très peu de gens. Car, il a fallu que la Cei soit dos au mur pour faire sa proposition. Mardi dernier, son président a été reçu par le Premier ministre, Guillaume Soro, qui lui aurait fait part du souhait de Laurent Gbagbo de voir le processus prendre de la vitesse. Un Gbagbo probablement soucieux de se débarrasser du cliché que lui a collé l'opposition selon laquelle il manœuvre pour retarder le scrutin. La dernière allusion en date est celle d'Alassane Ouattara, le président du Rassemblement des républicains (Rdr). Au terme d'une rencontre lundi avec Henri Konan Bédié, celui-ci avait déclaré : « Ce n'est pas moi qui fixe la date de l'élection présidentielle. Je pense que cela dépend du chef de l'Etat et du Premier ministre ». Voulant donc mettre fin à ce genre de propos, l'exécutif a demandé à la Cei de lui proposer non seulement une date pour le premier tour, mais aussi un chronogramme électoral clair. Comme il est de son rôle. Au lieu de cela, c'est une date qui lui a été proposée. Pour certains, la commission vient-là de mettre à nue son impuissance et son incapacité à conduire la Côte d'Ivoire aux élections dans des délais brefs. Et, il aura fallu toutes ces pressions, il a fallu que l'exécutif exprime clairement qu'il met toutes les cartes entre ses mains, pour qu'on s'en rende compte.

La société civile pas satisfaite

Au niveau de la société civile qui avait menacé mardi de protester si la date de l'élection n'était pas connue avant le 7 août, on se dit loin d'être satisfait de l'annonce. « Cette période, telle qu'indiquée, n'est pas satisfaisante. Il aurait fallu que la Cei dise exactement quand est-ce qu'elle pense que l'élection présidentielle peut se tenir. C'est-à-dire la date. Une période, pour nous n'est pas suffisante », estime le président du Mouvement ivoirien des droits humains (Midh). Qui trouve également ambigu que la Cei indique que « certaines conditions doivent être observées par le gouvernement et les opérateurs techniques pour le respect effectif de cette période » sans plus de précision. « La Cei aurait également dû dire ce qu'il reste à faire et à qui cela incombe. De sorte que la date venue, les Ivoiriens puissent savoir qui n'a pas joué son rôle et le juger ». Le secrétaire national à la communication du Front populaire ivoirien (Fpi), Martin Sokouri Bohui, se réjoui, quant à lui, du contenu du communiqué : « Puisque la Cei fait des propositions, c'est ce qu'elle a trouvé. Il n'y a aucun problème. Tout le monde parle d'octobre. Si elle propose cette période, où est le problème ? ». A l'en croire, le rôle de la Cei ne consiste qu'à proposer et c'est ce qu'elle a fait. Le porte-parole d'Henri Konan Bédié salue la démarche de la Cei vu qu'elle était attendue. Il relève cependant qu' « octobre est quand même imprécis puisque nous n'avons pas la date. Nous espérons qu'elle sera précisée à la rencontre des quatre leaders. Puisque le cadre est planté, la date va suivre ».

Bamba K. Inza
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