Il est 2 heures du matin le 12 juillet dernier quand Zadji Gras est tiré brusquement de son sommeil par bêlements de ses moutons. Il sort rapidement de sa chambre pour en avoir le cœur net. «Je constate que tous les moutons sont dehors, le bélier ayant disparu», s'étonne Zadji. Il alerte ses enfants qui mènent une battue. Mais la fouille s'avère infructueuse. Ils étaient sur le point de rebrousser chemin lorsqu'ils rencontrent deux noctambules. Des «couche tard» qui apprennent aux jeunes gens qu'ils ont aperçu il y a quelque instant deux hommes dont l'un transportait à vélo un colis suspect. Les garçons suivent l'indication qui leur a été donnée. A moins d'un kilomètre devant eux, ils voient deux personnes répondant aux descriptions ont reçues. Les voleurs s'en allaient tranquillement lorsqu'ils sentent le danger venir par derrière. C'est le sauve-qui-peut. Le cycliste à grands coups de pédales abandonne son complice. Les enfants de Zadji le poursuivent et réussissent à le maitriser grâce à l'intervention d'un gendarme qui passait par-là. Le malfrat n'est autre que Zagbo Sery Bedel, âgé de 19 ans et sans profession. A la barre, il nie les faits. Que faisait-il dehors à cette heure de la nuit ? «Je travaille au quartier commerce comme porteur de bagages. Ce jour-là, je suis resté à suivre la télévision jusqu'au-delà de minuit, avant de regagner le quartier Zapata où je réside», se justifie-t-il. Selon lui, « chemin faisant, j'ai rencontré un individu avec un colis suspect sur son vélo. Nous avons échangé sur l'origine de son bagage, puis je l'ai laissé poursuivre sa route bien qu'il ne m'ait pas convaincu», explique Bedel. Il ajoute que quelques instants après «je suis surpris par un groupe de jeunes qui me tombe dessus, m'accusant d'avoir volé un bélier».Oubliant que dans ses déclarations à la police, il a avoué «j'étais en complicité avec le voleur». Pour lui rafraîchir la mémoire, le juge cite ce passage issu des enquêtes préliminaires. Bedel est confondu. Il prétend que c'est sur l'axe reliant son lieu de travail à son domicile qu'il a été appréhendé. Alors qu'en réalité, c'est dans un autre quartier (Soleil) qu'il est rattrapé par les enfants de sa victime. Que cherchait-il là-bas à cette heure de la nuit ? Bedel est sans aucun doute coupable de vol de nuit en réunion, portant sur un bélier. Il écope d'une sanction de 12 mois de prison ferme, assortie d'une amende de 50 mille francs à laquelle s'ajoute 60 mille francs pour dédommager sa victime.
Alain Kpapo à Gagnoa
Alain Kpapo à Gagnoa
