Score soviétique ? Non ! La victoire de Paul Kagamé est tout simplement à la mesure de l’estime que l’homme a de lui-même. Un messie venu sauver un peuple en détresse. Le Rwanda, c’est vrai, revient de loin. Un génocide de plus de huit cent mille personnes. Un pays dévasté. Tout à reconstruire. Le front patriotique rwandais, l’aile politique de l’armée patriotique, la rébellion armée au système de l’ancien président Juvénal Habyarimana, qui s’est emparé du pouvoir a remis le pays sur les rails. Une économie en plein essor ; une gouvernance applaudie par les institutions internationales et les bailleurs de fonds bilatéraux. Sur le plan économique donc, les clignotants sont au vert. Tout le contraire de la situation au plan politique. Là, c’est la main de fer. Kagamé se considère comme la providence pour ses concitoyens. Lui qui a conquis le pouvoir par le glaive n’entend pas le lâcher. En tout cas, pas par les urnes. Il a verrouillé l’espace politique. Toute opposition est étouffée dans l’œuf. Les medias sont sous contrôle et l’homme fort de Kigali se contente de partis fantoches. Créés et entretenus par le pouvoir pour juste faire de la figuration. Un ornement de luxe. Au nom de l’unité nationale, les partis formés par les opposants de poids sont déclarés hors la loi. Leurs cadres connaissent persécution multiforme et geôles de prisons. L’explication est toute trouvée par Kagamé et son système : les autres, ses adversaires sont des tribalistes et des négationnistes. Deux raisons qui permettent de refuser l’existence légale des partis d’opposition. Et d’empêcher le pluralisme politique dans le pays. La population est totalement embastillée et le résultat du candidat du Fpr à la présidentielle du lundi dernier quatre vingt treize pour cent des voix se passe de commentaire. Le Rwanda, c’est Kagamé. Une illumination politique partagée par nombre de ses paires sur le continent.
D. Al seni
D. Al seni
