La crise sur la commercialisation de l’huile rouge ivoirien sur le marché sénégalais semble avoir repris. Dakar a décidé de saisir le tribunal de l’Uemoa pour revenir sur les dernières résolutions arrêtées concernant le retour de l’huile de palme en provenance d’Abidjan. Maîrisant parfaitement le dossier pour l’avoir suivi, l’ex-ministre de l’Intégration Africaine, Amadou Koné fait des propositions pertinentes pour dénouer la situation.
Monsieur le ministre, après tous les efforts et les actions que vous avez menés, voilà que la guerre de l’huile de palme entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire refait surface. Qu’est-ce qui explique cela ?
Je ne suis pas surpris que le problème ressurgisse à cause des intérêts qui sont en jeu. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que tous les intérêts du moment ne gâchent pas tous les efforts qui sont faits pour la construction du marché commun de l’Uemoa et donc de la Cedeao. C’est primordial qu’il y ait ce marché. Que ce soit Sania qui produise l’huile de palme en Côte d’Ivoire ou Suenor au Sénégal qui produise aussi l’huile à base d’arachide, il est bon qu’il y’ait ce marché important de près d’un demi-milliard de personnes. Ce sont quand même 350 millions de personnes dans l’espace Cedeao. Je pense qu’il y a une clientèle pour tout le monde. C’est ce qu’il faut mettre en avant. Je suis de très près ce dossier et je m’y suis fortement investi. Une décision de la cour de l’Uemoa a démandé en juin dernier au Sénégal de retirer les normes qu’il avait édictées. Je souhaite que les décisions prises par la commission et donc par la Cour de justice, soient respectés. Evidemment, nous nous battrons pour que les décisions soient respectées.
Le Sénégal a annoncé le dépôt de deux requêtes auprès de la Cour de justice de l’Uemoa pour obtenir l’annulation d’une décision antérieure de la même Cour, portant sur l’huile de palme raffinée. Que pensez-vous du combat que mène actuellement le Sénégal ?
C’est un combat perdu d’avance par Suenor. Il ne peut pas prospérer dans cette pratique. Nous nous sommes donné des textes, il faut les respecter. Les Sénégalais ne l’ont pas fait et ils ont été interpellés. Le gouvernement sénégalais ne peut pas interdire l’huile de palme de la Côte d’Ivoire sur son marché. Il sera encore interpellé. Maintenant, si les Sénégalais veulent décider de faire appel, c’est normal. C’est la voie tracée en la matière, au niveau de l’Uemoa. Et, le gouvernement sénégalais le fait bien. D’ailleurs, ce que nous disons au Sénégal, c’est d’édicter des normes qui sont conformes à la procédure en vigueur dans l’espace Uemoa. La procédure est claire. Quand vous voulez édicter des normes, vous saisissez la Commission de l’Uemoa qui se charge d’envoyer votre projet de nouvelle norme pour observation. Après que les observations sur les nouvelles normes ont été jugées pertinentes et prises en compte, on vous autorise à les appliquer.
Les Sénégalais doivent-ils toujours s’attendre à l’huile de palme en provenance de la Côte d’Ivoire ?
Bien entendu ! Rien ne devra s’opposer à l’exportation de l’huile de palme de la Côte d’Ivoire à destination du Sénégal. A part les arguments qui ont été avancés par les autorités du Sénegal, ils ont soulevé la teneur en matière grasse.
Certaines sources sénégalaises avaient accusé la Côte d’Ivoire de réimporter vers le Sénégal, de l’huile en provenance de Malaisie.Vous qui connaissez bien le dossier, est-il vrai que l’huile de palme ivoirienne provient de la Malaisie ?
Vous savez, les problèmes sur l’origine de l’huile de palme sont des problèmes qui existent à ma connaissance depuis plus de trois (3) ans. Le fabriquant d’huile sénégalais a mené une campagne de presse pour dénigrer l’huile de palme de Côte d’Ivoire, en disant que c’est une huile qui vient de la Malaisie. Apès avoir dit que cette huile n’était pas bonne pour la santé des Sénégalais, le sentiment que j’ai eu quand j’avais en charge ce dossier, est qu’il ne veut pas que l’huile de palme ivoirienne soit commercialisée sur le territoire sénégalais pour ne pas avoir à partager avec le producteur ivoirien, les parts de marché.
C’est donc du protectionnisme que fait le gouvernement sénégalais ?
J’appelle cette manière de procéder du protectionnisme. Les textes sont clairs. Il ne peut pas y avoir au sein de l’Union, un seul pays qui s’oppose à l’entrée d’un produit sur son sol sans le prouver. Dire que ce produit n’est pas bon pour la santé des citoyens de cet Etat alors que les autres pays l’acceptent. Au sein donc de l’Uemoa, c’est le seul pays qui dit que l’huile de la Côte d’Ivoire n’est pas bonne à la consommation humaine. Mais il n’arrive pas à le prouver. Les arguments tendant à dire que l’huile de Côte d’Ivoire est d’origine malaisienne, chinoise ou indonésienne sont faux.
Qu’a donc fait Sania pour prouver sa capacité de production ?
Sania a donc décidé de mettre à disposition tout son capital. Moi-même en tant que ministre de l’Intégration, j’ai visité avec les ambassadeurs, les installations et la capacité de production de Sania pour que chacun sache que le frabricant d’huile ivoirienne a la capacité de produire la quantité d’huile vendue. Parce qu’on peut se demander comment la Côte d’Ivoire arrive-t-elle à produire de l’huile en si grande quantité. C’était là aussi, le problème. Donc, il fallait visiter les installations de Sania. Et, c’est ce que j’ai fait avec certains ambassadeurs. Donc Sania a prouvé sa capacité de produire l’huile vendue. Pour moi, c’est du protectionnisme que le Sénégal fait. Ce qui n’est donc pas bénéfique à long terme, pour aucune entreprise de l’Union.
Que pouvez-vous dire de vos détracteurs qui stipulent que, comme vous n’êtes plus en charge du dossier, vous serez impliqué au rebondissement de cette affaire ?
(S’exclamant). Que gagnerais-je à avoir une telle attitude ? Je n’aime pas la médiocrité ni la tricherie. Et puis d’ailleurs, il ne s’agit pas d’Amadou Koné, ministre de l’Intégration, non. Ce qu’il faut savoir, c’est que j’avais un travail à faire en tant qu’Ivoirien pour les entreprises ivoiriennes et pour les 30 000 employés des plantations de palmiers, pour les villages où il y a des plantations de palmiers à huile, qui vivent des revenus et qui ont vu donc la construction des infrastructures de base, l’école , les hôpitaux et même des routes grâce à ces plantations. En tant qu’Ivoirien et membre du gouvernement à l’époque, j’avais obligation de faire en sorte que les dispositions en matière d’intégration économique dont j’avais la charge, soient respectées. Donc j’ai fait mon travail et je continue quand bien même que je ne sois plus au gouvernement, de travailler quand cela m’est demandé. J’ai effectué deux(2) ou trois(3) voyages récemment à Ouagadougou dans le cadre de mes activités personnelles, mais je n’ai pas manqué de m’enquérir de la situation. J’ai été le premier à annoncer au responsable de Sania, la décision prise par la cour de justice de l’Uemoa. Et puis, je ne peux pas avoir autant de pouvoir de travailler contre mon pays. Cela n’a aucun sens. D’ailleurs j’ai dit au nouveau ministre de l’Intégration, toute ma disponibilité si tant était qu’il pensait que je pouvais l’aider. Cette affaire est une question véritablement économique qui relève de la compétence des experts en la matière. Aussi, ces questions ne se résolvent-elles pas sous la table, mais sur la table vu que bon nombre de nos parents paysans vivent de cela.
Réalisée par Euphrate D et JB. Kouakou
Monsieur le ministre, après tous les efforts et les actions que vous avez menés, voilà que la guerre de l’huile de palme entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire refait surface. Qu’est-ce qui explique cela ?
Je ne suis pas surpris que le problème ressurgisse à cause des intérêts qui sont en jeu. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que tous les intérêts du moment ne gâchent pas tous les efforts qui sont faits pour la construction du marché commun de l’Uemoa et donc de la Cedeao. C’est primordial qu’il y ait ce marché. Que ce soit Sania qui produise l’huile de palme en Côte d’Ivoire ou Suenor au Sénégal qui produise aussi l’huile à base d’arachide, il est bon qu’il y’ait ce marché important de près d’un demi-milliard de personnes. Ce sont quand même 350 millions de personnes dans l’espace Cedeao. Je pense qu’il y a une clientèle pour tout le monde. C’est ce qu’il faut mettre en avant. Je suis de très près ce dossier et je m’y suis fortement investi. Une décision de la cour de l’Uemoa a démandé en juin dernier au Sénégal de retirer les normes qu’il avait édictées. Je souhaite que les décisions prises par la commission et donc par la Cour de justice, soient respectés. Evidemment, nous nous battrons pour que les décisions soient respectées.
Le Sénégal a annoncé le dépôt de deux requêtes auprès de la Cour de justice de l’Uemoa pour obtenir l’annulation d’une décision antérieure de la même Cour, portant sur l’huile de palme raffinée. Que pensez-vous du combat que mène actuellement le Sénégal ?
C’est un combat perdu d’avance par Suenor. Il ne peut pas prospérer dans cette pratique. Nous nous sommes donné des textes, il faut les respecter. Les Sénégalais ne l’ont pas fait et ils ont été interpellés. Le gouvernement sénégalais ne peut pas interdire l’huile de palme de la Côte d’Ivoire sur son marché. Il sera encore interpellé. Maintenant, si les Sénégalais veulent décider de faire appel, c’est normal. C’est la voie tracée en la matière, au niveau de l’Uemoa. Et, le gouvernement sénégalais le fait bien. D’ailleurs, ce que nous disons au Sénégal, c’est d’édicter des normes qui sont conformes à la procédure en vigueur dans l’espace Uemoa. La procédure est claire. Quand vous voulez édicter des normes, vous saisissez la Commission de l’Uemoa qui se charge d’envoyer votre projet de nouvelle norme pour observation. Après que les observations sur les nouvelles normes ont été jugées pertinentes et prises en compte, on vous autorise à les appliquer.
Les Sénégalais doivent-ils toujours s’attendre à l’huile de palme en provenance de la Côte d’Ivoire ?
Bien entendu ! Rien ne devra s’opposer à l’exportation de l’huile de palme de la Côte d’Ivoire à destination du Sénégal. A part les arguments qui ont été avancés par les autorités du Sénegal, ils ont soulevé la teneur en matière grasse.
Certaines sources sénégalaises avaient accusé la Côte d’Ivoire de réimporter vers le Sénégal, de l’huile en provenance de Malaisie.Vous qui connaissez bien le dossier, est-il vrai que l’huile de palme ivoirienne provient de la Malaisie ?
Vous savez, les problèmes sur l’origine de l’huile de palme sont des problèmes qui existent à ma connaissance depuis plus de trois (3) ans. Le fabriquant d’huile sénégalais a mené une campagne de presse pour dénigrer l’huile de palme de Côte d’Ivoire, en disant que c’est une huile qui vient de la Malaisie. Apès avoir dit que cette huile n’était pas bonne pour la santé des Sénégalais, le sentiment que j’ai eu quand j’avais en charge ce dossier, est qu’il ne veut pas que l’huile de palme ivoirienne soit commercialisée sur le territoire sénégalais pour ne pas avoir à partager avec le producteur ivoirien, les parts de marché.
C’est donc du protectionnisme que fait le gouvernement sénégalais ?
J’appelle cette manière de procéder du protectionnisme. Les textes sont clairs. Il ne peut pas y avoir au sein de l’Union, un seul pays qui s’oppose à l’entrée d’un produit sur son sol sans le prouver. Dire que ce produit n’est pas bon pour la santé des citoyens de cet Etat alors que les autres pays l’acceptent. Au sein donc de l’Uemoa, c’est le seul pays qui dit que l’huile de la Côte d’Ivoire n’est pas bonne à la consommation humaine. Mais il n’arrive pas à le prouver. Les arguments tendant à dire que l’huile de Côte d’Ivoire est d’origine malaisienne, chinoise ou indonésienne sont faux.
Qu’a donc fait Sania pour prouver sa capacité de production ?
Sania a donc décidé de mettre à disposition tout son capital. Moi-même en tant que ministre de l’Intégration, j’ai visité avec les ambassadeurs, les installations et la capacité de production de Sania pour que chacun sache que le frabricant d’huile ivoirienne a la capacité de produire la quantité d’huile vendue. Parce qu’on peut se demander comment la Côte d’Ivoire arrive-t-elle à produire de l’huile en si grande quantité. C’était là aussi, le problème. Donc, il fallait visiter les installations de Sania. Et, c’est ce que j’ai fait avec certains ambassadeurs. Donc Sania a prouvé sa capacité de produire l’huile vendue. Pour moi, c’est du protectionnisme que le Sénégal fait. Ce qui n’est donc pas bénéfique à long terme, pour aucune entreprise de l’Union.
Que pouvez-vous dire de vos détracteurs qui stipulent que, comme vous n’êtes plus en charge du dossier, vous serez impliqué au rebondissement de cette affaire ?
(S’exclamant). Que gagnerais-je à avoir une telle attitude ? Je n’aime pas la médiocrité ni la tricherie. Et puis d’ailleurs, il ne s’agit pas d’Amadou Koné, ministre de l’Intégration, non. Ce qu’il faut savoir, c’est que j’avais un travail à faire en tant qu’Ivoirien pour les entreprises ivoiriennes et pour les 30 000 employés des plantations de palmiers, pour les villages où il y a des plantations de palmiers à huile, qui vivent des revenus et qui ont vu donc la construction des infrastructures de base, l’école , les hôpitaux et même des routes grâce à ces plantations. En tant qu’Ivoirien et membre du gouvernement à l’époque, j’avais obligation de faire en sorte que les dispositions en matière d’intégration économique dont j’avais la charge, soient respectées. Donc j’ai fait mon travail et je continue quand bien même que je ne sois plus au gouvernement, de travailler quand cela m’est demandé. J’ai effectué deux(2) ou trois(3) voyages récemment à Ouagadougou dans le cadre de mes activités personnelles, mais je n’ai pas manqué de m’enquérir de la situation. J’ai été le premier à annoncer au responsable de Sania, la décision prise par la cour de justice de l’Uemoa. Et puis, je ne peux pas avoir autant de pouvoir de travailler contre mon pays. Cela n’a aucun sens. D’ailleurs j’ai dit au nouveau ministre de l’Intégration, toute ma disponibilité si tant était qu’il pensait que je pouvais l’aider. Cette affaire est une question véritablement économique qui relève de la compétence des experts en la matière. Aussi, ces questions ne se résolvent-elles pas sous la table, mais sur la table vu que bon nombre de nos parents paysans vivent de cela.
Réalisée par Euphrate D et JB. Kouakou