x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 25 août 2010 | Le Nouveau Réveil

Daniel Kossomina Ouattara, Coordonnateur du Pnrrc : “Nous avons des difficultés…”

© Le Nouveau Réveil Par DR
Appui aux communautés : Le Coordonnateur National du PNRRC, Daniel Kossomina Ouattara remet un lot de matériels et de médicaments à l`hôpital de Diawala
Vendredi 30 avril 2010. Diawala.
Le processus de démobilisation avec son pan de réinsertion et de réhabilitation communautaire est entré dans une phase active depuis quelque temps. Le coordonnateur national du Pnrrc, Daniel Kossimina Ouattara, qui nous a reçus hier dans les locaux de la structure qu`il dirige aux 2 Plateaux, dresse, dans l`interview qui suit, les difficultés qu`il rencontre dans l`exercice de sa mission.

Quel point pouvez-vous faire du processus de réinsertion et de réhabilitation communautaire ?
Nous avons aujourd`hui une population cible qui doit être rassurée, dans la mesure où il faut comprendre que le processus est hiérarchisé. Il a fallu faire le profilage de tous ceux qui sont détenteurs d`armes. Une opération importante qui est faite par deux acteurs principaux que sont le Centre de commandement intégré et le Pnrrc. C`est sur la base de ce profilage que nous déterminons les ex combattants, leur éligibilité et leur profil. Vous savez bien que le processus de sortie de crise préconise que dès l`instant où les accords ont consacré l`existence des deux armées, dans la partie dite forces armées des Forces nouvelles, il est dit qu`une partie doit intégrer les forces armées nationales. Il y a donc une condition d`éligibilité pour avoir accès à cette armée nouvelle. Ce travail de répartition se fait déjà à partir du profilage et c`est ce que nous appelons Van (volontaire pour l`armée nouvelle). Sur la base des effectifs profilés, nous avons une partie qui est volontaire à l`armée nouvelle. Les autres, il y a une partie qui est volontaire à la démobilisation. Il y a une autre partie qui, bien que volontaire, ne peut avoir accès à l`armée nouvelle parce que ne remplissant pas les critères. Et qui est reversé dans le lot des démobilisés. Et c`est cette partie-là qui est désarmée et qui est remise au Pnrrc. Et nous en faisons une gestion pour toutes les structures chargées de la réinsertion en Côte d`Ivoire.

Combien sont-ils au total ?
Nous avons profilé 32.777, les volontaires à l`armée nouvelle sont au nombre de 5.000, plus 4.000 qui vont servir comme agents de sécurité. 600 sont à la police. 13.420 sont démobilisés. 10.244 restent à démobiliser. Et 6.031 sont réinsérés. Donc nous avons 25.000 personnes qui sont concernées par la démobilisation et la réinsertion.

Dans la droite ligne de vos actions, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Pour mieux apprécier les difficultés, il faut comprendre que le programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire réalise le profilage sur les listes. C`est sur la base de ce reprofilage que les forces organisent une étape du DDR, c`est-à-dire regroupement, l`encasernement et le désarmement. C`est nous qui avons les listes. Quand vous êtes reprofilé, à la démobilisation, vous avez une carte (semblable à la nouvelle carte d`identité) infalsifiable. C`est quand vous êtes démobilisé que vous avez cette carte qui donne accès à tous les avantages de la réinsertion. C`est la deuxième étape. Au niveau de la démobilisation, le grand travail se fait au niveau du Pnrrc. Nous avons la confirmation des projets de vie qui est un ensemble d`informations que nous avons sur l`individu. A quel contingent il appartenait, quelle unité, qui il est à l`état civil, est-il étranger ou ivoirien, a-t-il des infirmités, … autant d`informations sensibles que nous ne pouvons donner à n`importe qui. Raison pour laquelle quand on parle de base de données, c`est seul le Pnrrc qui l`a. Sur les cartes que nous remettons aux démobilisés, nous avons les données bio numériques et alphanumériques. Cela nous permet d`exploiter les informations pour mieux orienter l`individu. Prenons l`exemple de quelqu`un qui était apprenti Gbaka à la gare d`Adjamé et qui, après le processus de démobilisation et de réinsertion, veut être biologiste. Cela peut lui venir en tête. Donc il nous appartient de l`orienter. A la démobilisation, il y a la visite médicale qui nous permet d`orienter l`individu en fonction des indisponibilités et des incapacités. Quelqu`un qui était cultivateur, qui a une bronchite, ne peut pas vouloir être ménuisier. Donc nous l`orientons. Ici au Pnrrc, il s`agit de travailler à la sécurité de la Côte d`Ivoire de demain, celle d`après les élections. Si vous orientez mal les démobilisés, demain cela vous rattrape. Nous devons gouverner dans une conjoncture apaisée. C`est pour cela que nous nous attelons à peaufiner tous les renseignements susceptibles de permettre la conduite des opérations de réinsertion sans équivoque. Ceci dit, la principale difficulté que nous rencontrons pour arriver à notre mission, est d`ordre financier. L`Etat, avec son bon vouloir, ne peut donner que ce qu`il peut. Naturellement, il y a des priorités à faire. La Côte d`Ivoire est dans l`initiative Ppte, il y a des engagements et nous pensons que pour faire face à ces engagements, il y a des priorités qui sont des axes majeurs dès l`instant que c`est pour faciliter les chances d`une économie ou axes sur la pérennité du développement. Or tous ces jeunes que vous voyez sont des acteurs performants de développement s`ils sont bien encadrés, s`il y a un renforcement des capacités et s`ils sont bien insérés. Nous n`avons pas les finances dont nous avons besoin pour faire cette opération. La communauté internationale a accepté de contribuer à l`effort de sortie de crise. Elle a ses conditionnalités. Mais il faut faire preuve de compréhension et de flexibilité pour utiliser cet argent sur les principes de bonne gouvernance. Autant les autorités ivoiriennes doivent faire des efforts, autant les bailleurs de fonds doivent respecter leurs engagements parce qu`entre une promesse et l`acte, quand les délais sont trop longs, je ne sais pas si c`est cela la bonne gouvernance. Nous sommes en sortie de crise. Quand des financements sont attendus pour la sortie de crise, il ne faut pas attendre après la sortie de crise pour faire les décaissements. Donc pour faire avancer les choses, il faudrait que nous puissions nous asseoir et harmonier les choses, discuter pour aplanir les angles et faire avancer les choses.

A vous entendre, des nuages planent encore sur le processus.
On ne peut pas faire la réinsertion avant les élections, ça c`est clair. Par contre, la démobilisation, nous sommes en train de la finir. La réinsertion sera l`affaire du gouvernement qui sera issu des prochaines élections. Il faut sortir de la crise pour créer une conjoncture favorable au retour des investisseurs et des opérateurs de la réinsertion. Voilà pourquoi, nous appelons de nos vœux les Ivoiriens à s`inscrire dans une dynamique pour que l`élection tant attendue ait lieu. Et cela est une préoccupation pour nous qui travaillons auprès de ces cibles. Nous vivons leur quotidien. Les autres difficultés, c`est qu`il faut un minimum de coordination entre les différents acteurs de la réinsertion et de la démobilisation. Nous avons les Nations Unies qui contribuent à la réinsertion. Nous avons le Pnud, le service civique, la Gtz, la coopération Française, l`Union européenne. Nous pensons qu`avec la planification du Pnrrc, il nous faut établir un tableau de projection d`éléments par secteur d`activité pour que tous ceux qui travaillent dans la réinsertion puissent prendre des cibles. Le Papc, sur financement de la Banque mondiale, a signé une convention avec des structures dont le Pnrrc d`un montant de 3 milliards depuis décembre 2009 avec un décaissement de 600 millions. Et nous sommes très avancés dans les préparatifs pour réinsérer déjà 1300 personnes. Ce qui est très important. Nous croyons que si tout le monde se met dans cette dynamique, nous aurons réussi à apaiser les craintes de nos cibles. Faire en sorte que sur le terrain, la conjoncture socio politique soit telle que toutes les activités se mènent sans problème. Nous ne voulons pas arriver à une période électorale avec des mécontentements.

Qu`est-ce qui est prévu pour les milices du Sud ?
Selon le plan conjoint des opérations, il faut identifier deux types d`opérations. Ce qui concerne le Ddr en Côte d`Ivoire. Lorsqu`on parle de Ddr (démobilisation, désarmement), réinsertion, ce sont les forces qui sont entrées en conflit. C`est-à-dire les forces de défense et de sécurité et les Forces armées des Forces nouvelles. Il y a ensuite le Ddm qui est le désarmement, le démantèlement des milices. C`est l`ensemble de la population qui s`est familiarisée avec la violence et les armes. Ce sont les groupes d`auto défense et les milices. Pour ceux-là, les signataires de l`accord de Ouagadougou ont décidé qu`ils soient désarmés mais aussi démantelés. Si vous apparteniez à un groupe Alpha-force, dès l`instant que vous êtes démantelé, vous n`appartenez plus à ce mouvement et ce mouvement n`existe plus. Cette activité, nous l`avons menée avec le Centre de commandement intégré qui nous envoie les listes, mouvements et la liste nominative des membres. Nous les profilons, le Cci les désarme. Donc quand il s`agit du Ddm, ce sont les groupes d`auto défense et les milices.

Quand doivent se faire leur désarmement et leur démantèlement ?
Cela a commencé depuis 2004. Avec le Ddr, ce sont des forces qui sont constituées en état-major. Donc il est plus facile de communiquer avec ces forces-là en passant par les états-majors. Or pour le Ddm, chaque petit groupe a son propre chef. Et chez nous, leur seul interlocuteur, c`est le Centre de commandement intégré (Cci). Tant que le Cci ne les a pas démantelés, nous ne les inscrivons pas dans le processus de réinsertion. Tant qu`ils n`ont pas une carte de démantelé, ils n`ont pas droit au projet. Donc depuis 2004, ils ont bénéficié d`un certain nombre de projets. En 2005, sous la coordination du général Ouassenan, une opération de Ddm s`est déroulée à Guiglo où il y a eu octroi de filet de sécurité qui n`a d`ailleurs pas marché faute de suivi. Aujourd`hui, on parle de 500.000 démobilisés. Pour ma part, c`est une disposition qui gène. Nous avons aujourd`hui des difficultés d`ordre financier au niveau de la Côte d`Ivoire. Tout le monde veut aller aux élections. 500.000fr multipliés par combien de personnes qu`il faut démobiliser ? Imaginez-vous combien cela fait. Figurez-vous, si vous débutez quelque part, tout le monde va s`y mettre. C`est pour cela que je dis que l`expérience de l`ouest est un échec. Autant ne pas commencer.

Vous appuyez ainsi donc le ministre de la Défense ?
Je ne l`appuye pas. Je suis technicien et je suis là depuis 2003. Lors des premières rencontres à Yamoussoukro en 2004, l`idée avait été avancée par la Banque mondiale. Et les Forces nouvelles s`étaient opposées en disant "nous n`avons pas pris les armes pour de l`argent mais pour avoir des cartes d`identité. Nous voulons des cartes d`identité et on s`en va". Parce que 500.000F, c`est de l`argent mais ça se dépense en quelques minutes et c`est fini. Je pense qu`a cette époque-là, l`idée était bien comprise. Beaucoup de contingences entre temps se sont impliquées au point qu`aujourd`hui, cela refait surface et même contenu dans l`accord complémentaire de Ouaga que je n`ose pas critiquer. Mais je pense que nous autorités, nous nous devons de les aider sur le terrain. Elles prennent des décisions, nous nous devons de les aider pour ne pas qu`il y ait des problèmes sur le terrain. Vous suivez l`actualité. Cette question de solde de 500.000f, les gens en parlent mais sans le savoir. Pour ma part, je ne conseille pas cela. Nous avons besoin de travailler pour des projets qui sont prévisibles. 60% de la population cible du Pnrrc sont dans le Nord et d`origine agricole. Les défis de la Côte d`Ivoire aujourd`hui sont d`ordre alimentaire. Pourquoi ne pas orienter certains financements dans ce secteur-là pour permettre à ces ex-combattants d`utiliser l`énergie qu`ils ont utilisée pour la crise, à la terre, à l`élevage ? Pourquoi nous ne faisons pas cela ? C`est une question de volonté politique. C`est un plaidoyer que je lance. Que nos autorités, dans leurs priorités diverses, accordent une importance à cette question. Nous pensons que cela peut contribuer à l`équilibre de la politique de développement de ce pays. Il ne faudrait pas que nous pensions à notre existence d`aujourd`hui. Penser à demain, c`est penser à une Côte d`Ivoire prospère. Vous les hommes de médias, vous avez un rôle important. C`est de pouvoir rendre dynamique et ordinaire ce qui peut permettre à l`Ivoirien simple de comprendre le processus. Tout le monde en parle mais ne sait pas. Ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui ont élaboré leur processus et c`est eux qui le connaissent. Ça a pris du temps mais la confiance est là. C`est le plus important.

Dites, M. le coordinateur, s`il n`y a pas de risque que ces personnes qui ont été démobilisées retournent au maniement des armes ?
Les démobilisés, dans l`attente et dans l`impatience de la prise en charge ou dans l`attente que leurs projets ne démarrent pas, peuvent retourner à leurs activités du passé. Au niveau des réinsérés, le projet ne peut pas marcher à 100%, il y a toujours quelques-uns qui, pour des raisons qui leur sont propres, tombent dans la facilité. Il y a un faible pourcentage qui retombe dans la facilité. Mais il faut faire une précision. Lorsque vous êtes démobilisé, et même réinséré, lorsque vous êtes pris avec une arme ou une tenue militaire, vous êtes pris comme un vulgaire bandit. Et dans ce cas, force est à la loi. C`est pour cela que nous considérons que nous sommes encore en période de sensibilisation. Parce que passées les élections, c`est un désarmement par la force comme dirait l`autre. Aujourd`hui, nous avons des jeunes qui sont abattus par la police, la gendarmerie qui détenaient des armes de guerre. Ils braquent dans les domiciles avec des armes de guerre. C`est des choses qui vont s`améliorer et le gouvernement s`attèlle à assurer la sécurité des biens et des personnes. Nous, techniquement, nous faisons en sorte que ces efforts du gouvernement soient couronnés de succès. Nous profitons pour dire à nos ex-combattants, miliciens et démobilisés, de faire en sorte de conserver leur vie et de travailler dans une atmosphère d`espoir. L`avenir leur appartient. Il faut travailler. C`est comme cela que nous voulons faire la promotion de la cohésion sociale, de la reconstruction nationale.
Interview réalisée par Paul Koffi et Jean Prisca



PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ