Il y a une odeur de pains chauds dans l’air. Devant l’avancée du «pain du chef », la Fédération interprofessionnelle des patrons boulangers et pâtissiers de Côte d’Ivoire (Fipbci) se dit scandalisée. Son président Adama Coulibaly, dénonçant une concurrence déloyale, ne comprend pas que le pain puisse être vendu à 80 FCFA au lieu de 100 FCFA ou 125 FCFA. «Nous ne pratiquons pas de la concurrence déloyale. La Sofap est une industrie et non une boulangerie ordinaire. Nous ne faisons pas de la production artisanale. Nous nous sommes adressés au Cepici et nous avons rempli toutes les formalités vis-à-vis de l’Etat. Nous avons un agrément en bonne et due forme. Nous ne travaillons pas dans la clandestinité. Nous avons reçu trois fois la visite du ministère du Commerce», répond Apollinaire Abiyou, invitant les autres boulangers à ne pas avoir peur de l’avancée technologique. «Nous avons été alertés et nos équipes se sont rendues sur le terrain pour travailler. Nous sommes toujours actifs pour trouver une solution à ce problème», affirme pour sa part le ministre du Commerce Calice Yapo, ajoutant que la situation du pain sera réglée. Mais pour les associations de consommateurs, il s’agit d’une fausse querelle. Selon Marius Comoé, président de la Fédération des associations de consommations actifs de Côte d’Ivoire (Faca-ci), la Sofap est sur la voie de la modernisation. «Nous sommes désormais rassurés de savoir que les consommateurs auront à manger du pain de bonne qualité respectant le poids fixé par la loi en la matière. Fini le temps où l’on fabriquait du pain avec des travailleurs au torse nu dégoulinant de sueur et du pain dans lequel l’on trouve au final des corps étrangers comme des cheveux, des grains de sable, des lames», ironise-t-il. Ce qui enrage les boulangers traditionnels. Qui jouent aussi sur la corde sensible de la violence. Plusieurs associations estudiantines ont été sollicitées notamment à Port-Bouet pour faire barrage «au pain du chef ». En attendant, la Fédération des boulangers- pâtissiers a lancé le «boycott de la farine Malika qui approvisionne la nouvelle usine ». Au cours d’une assemblée, tenue mardi, au foyer des jeunes de Koumassi, ils promettent même de passer à la vitesse supérieur au cas où.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko