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Économie Publié le mardi 24 août 2010 | Nord-Sud

Exploitation du manganèse à Bondoukou (suite et fin) : Pourquoi les travailleurs et les populations grognent

Dans le bras de fer qui les oppose au gouvernement et à l’opérateur impliqué dans l’exploitation du manganèse à Bondoukou, les populations ne manquent pas d’arguments pour justifier leur colère. Les employés, eux, crient famine.

Selon le professeur Babacaud Koffi Dongo, un fils de la région, les conditions de travail des employés de Taurian sur les différents sites miniers sont «déplorables». Malgré la présence d’impressionnantes machines, les employés travaillent manuellement. «Il faut remplir à la main des paniers de pierres de manganèse brisées à l’aide d’un marteau pour la somme de cinq cents francs», explique-t-il. Réduits à la pauvreté, les paysans qui ont vu leurs plantations détruites par cette opération de recherche minière, sont les principaux volontaires de ce pénible travail manuel. Même pour les plus courageux, il est difficile de se faire beaucoup d’argent. «J’arrive juste à assurer la pitance quotidienne familiale», affirme un travailleur au torse nu. A ces griefs, s’ajoute la dangereuse traversée de la ville de Bondoukou par les énormes camions de Taurian. Avant l’entrée en vigueur de l’arrêté ministériel qui suspend les travaux de Taurian, chaque jour, des dizaines de camions aux couleurs variées (orange, jaune ou bleu), chargés de manganèse quittent les villages de Séréoudé, Bidio, Pougouvagne, Magame, Similimi, contournent le marché central et traversent la ville de Bondoukou avant de prendre la direction du port d’Abidjan. Sur la voie qui relie la mairie au lycée, le spectacle est effrayant. De nombreuses vendeuses installent imprudemment leurs articles le long du trottoir, rétrécissant du coup la chaussée. Au milieu de cette marée humaine, les camions de Taurian tentent de se frayer un passage. Au-delà de ces revendications précitées, les populations réclament la création d’une usine de ferromanganèse à Bondoukou. A ce sujet, dès le démarrage des travaux de prospection, le directeur général de Taurian, Ansu Bajla, a tenu à leur donner satisfaction. «Pour installer une usine de ferromanganèse, il faut deux choses : le minerai de manganèse et de l’électricité. A Bondoukou, nous disposons des deux. Nous avons déjà établi une étude de faisabilité dans ce sens. Cette étude a été estimé à vingt millions de dollars soit environ quarante milliards de Fcfa, la création d’une usine de ferromanganèse. J’avoue que cela est notre volonté. Cette usine va nous permettre d’éviter des pertes considérables liées au transport. Et nous y travaillons. En Afrique, c’est seulement en Afrique du Sud qu’existe une usine de ferromanganèse», avait affirmé le directeur général de Taurian. A en croire M. Ansu, le gisement de manganèse de Bondoukou est important. Ce qui l’amène à dire que «Taurian est présent dans le département de Bondoukou pour au moins dix ans». Cependant, l’instabilité du courant électrique dans la ville semble compromettre sérieusement ce projet. Sur ce point, M. Ansu Bajla rassure : «je pense que l’installation d’une usine de ferromanganèse à Bondoukou amènera le gouvernement à stabiliser le courant dans la région du Zanzan».

Selon le n°2 de la société, Anand Bajla, Taurian compte, à ce jour, 66 employés ivoiriens et 200 travailleurs journaliers dans une région où la majorité des populations est sans emploi.
Pour ce qui est de l’indemnisation des populations, le ministre Augustin Komoé reconnaît que «le barème d’indemnisation du ministère de l’agriculture et celui du code minier ne sont pas à l’avantage des populations». C’est donc à juste raison qu’il a promis de faire réviser ce code. D’ici là, il exhorte les populations à négocier avec les exploitants de manganèse.

Jean Michel Ouattara à Bondoukou
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