Dans cette édition des causeries de vendredi, le député Martin Sokouri Bohui revient sur les tares d`Alassane Dramane Ouattara et sur le contentieux électoral qui a pris fin hier. Notre Voie : Monsieur le député, il semble que vous seriez le nouveau «bourreau» de votre propre parti le FPI. En ce sens qu`en réaction à votre causerie du vendredi dernier, le Patriote a écrit que vos attaques contre Alassane Dramane Ouattara feraient sa «promotion». Martin Sokouri Bohui : Vous savez, le RDR a toujours fait la promotion de la médiocrité. Le RDR a choisi un candidat qui a envoyé la guerre dans ce pays, c`est le RDR qui a fait la promotion de cette guerre et qui l`entretient ; c`est le RDR qui se fait le chantre de la défense des fraudeurs sur la liste électorale provisoire ; le RDR ternit les valeurs et fait la promotion des non valeurs. A titre d`exemple, seul le RDR traîne le président Gbagbo dans la boue. Et pourtant cet homme a montré qu`il est un homme exceptionnel reconnu comme tel dans toute l`Afrique et même dans le monde entier avant et pendant la crise que traverse le pays. Et si donc un tel parti insinue que je suis le bourreau du FPI, je dois me réjouir, parce qu`il faut comprendre le contraire de ce que dit ce parti. Sinon comment comprendre que le RDR puisse insulter quelqu`un qui est le bourreau du FPI et qui fait la promotion de son mentor ? Ce parti devrait plutôt me féliciter et même m`offrir un mouton pour fêter ensemble le travail incommensurable qu`il pense que je fais pour lui. En réalité le RDR est sérieusement ébranlé par nos propos empreints de vérité. Vous savez que tous ceux qui opèrent dans le noir et dans le faux ont toujours peur de la vérité. Cette vérité que nous ne cesserons d`assener tant que le RDR restera dans sa logique de violence et du faux. Parce que ce parti et ses responsables pensent qu`ils doivent continuer d`agir comme ils le font et prendre notre pays en otage avec la violence sans qu`en face il y ait quelqu`un pour les dénoncer. Et bien nous, nous les dénoncerons et les traquerons jusque dans leur dernier retranchement sans état d`âme parce qu`il s`agit de notre pays. Et personne ne doit venir d`ailleurs pour nous imposer ses lois. Depuis le coup d`Etat de 1999, ce parti a pris la Côte d`Ivoire en otage en érigeant la violence en mode d`accession au pouvoir. Ça ne va pas continuer ainsi. Il faut bien que cela prenne fin un jour. Et tant que le RDR agira ainsi, il nous trouvera sur sa route pour le dénoncer. Parce que nous ne voulons pas de violence dans notre pays. Car il ne faut jamais perdre de vue que la violence appelle toujours la violence. Le jour où ce parti comprendra cela et s`inscrira dans une logique de paix, nous serons les premiers à embrasser ses dirigeants. N.V. : Mais il y a longtemps que vous dénoncez l`attitude du RDR. Mais il semble sourd à vos interpellations. M.S.B. : Très bientôt, le RDR comprendra. Et cela n`est plus loin. Suivez mon regard. Quand cet homme venu d`ailleurs va être proprement humilié à l`élection présidentielle, le RDR reviendra sur terre. Parce que figurez-vous, ce parti est pour le moment sourd à toutes nos interpellations parce qu`il pense pouvoir imposer Alassane Dramane Ouattara, car c`est de lui qu`il s`agit, aux Ivoiriens par la violence. Mais ce n`est vraiment qu`une illusion. Et les Ivoiriens qui vont plébisciter le président Gbagbo vont définitivement mettre fin à cette illusion le 31 octobre. N.V. : Mais le RDR estime que vous ne vous intéressez qu`à Ouattara au lieu de dire ce que le président Gbagbo peut faire pour les Ivoiriens. M.S.B. : Je suis tombé des nus quand j`ai lu ce passage. J`observe que le RDR ne sait pas ce que c`est qu`une stratégie électorale. Tellement ce parti est omnibulé par la violence et le faux. Une campagne électorale est basée sur une organisation bien ficelée. Et dans cette organisation chacun à unrôle bien défini. Moi en tant que secrétaire national chargé des élections et directeur national de campagne adjoint, mon rôle est de dénoncer les tares de nos adversaires. Quand je dis par exemple que Ouattara n`est pas d`ici, ce n`est pas moi qui lui ai demandé d`accepter une bource américaine en tant que citoyen burkinabè ; ce n`est pas moi non plus qui lui ai demandé d`être nommé directeur Afrique du FMI en tant que burkinabè ; ce n`est pas moi qui lui ai demandé d`être vice-gouverneur de la BCEAO au titre du Burkina-Faso et d`être décoré à ce même titre en sa qualité de citoyen voltaïque ici même en Côte d`Ivoire le 22 décembre 1982 par le ministre Abdoulaye Koné en charge à l’époque du département de l`Economie et des Finances. Ce sont des faits avérés et moi je ne fais que les rappeler pour que les Ivoiriens connaissent mieux celui qui prétend les gouverner. Je n`aurais jamais eu besoin de rappeler tous ces faits si Ouattara ne les niait pas. Ce n`est donc pas le fait qu`il ait été tout ça qui me pose problème. C`est le fait qu`il nie avec arrogance l`avoir été et sa propension à faire du faux qui me causent problème. Tout le monde a été intrigué, à titre d`exemple, de voir Alassane Ouattara, au forum de réconciliation, brandir un passeport tout neuf appartenant à son grand-père et qui donc est censé être un vieux document. Tellement Il voulait justifier qu`il est Ivoirien qu`il a brandi un document datant d`une époque où les passeports n`existaient pas en Côte d`Ivoire. Ce n`est pas moi non plus qui lui ai demandé de dire “je frapperai ce régime moribond et il tombera” s`agissant du coup d`Etat contre Bédié. Tout comme ce n`est pas moi qui lui ai demandé de dire “Je rendrai ce pays ingouvernable » ou « je mélangerai ce pays” ou encore “je n`attendrai pas 2005 pour rebondir”, tout cela avant le coup d`Etat avorté du 19 septembre 2002 qui s`est transformé en rébellion. Mon rôle est donc de dire aux Ivoiriens que cet homme qui veut être notre président est un faussaire. Chez nous, dans nos pratiques culturelles, quand on veut être candidat pour se faire élire «Bagnon», c`est-à-dire le bel homme du village, il faut être un homme équilibré moralement et physiquement. Il faut être de bonne moralité et avoir la tête bien assise sur les épaules, le tronc en équilibre, les pieds et les mollets proportionnels au tronc. Mais en plus de tous ces canons de beauté il ne faut pas avoir de cicatrice même sur les fesses. L`élection présidentielle, c`est comme le choix de notre «Bagnon». Mais Alassane Ouattara veut être notre «Bagnon» alors qu`il traîne des cicatrices partout, même sur le front. C`est-à-dire la partie du corps la plus sensible et la plus visible. Mon rôle c`est de dire aux Ivoiriens, attention ce monsieur qui veut être notre «Bagnon», a des cicatrices. Je suis donc dans mon rôle. D`autres expliquent le programme du président Gbagbo sur le terrain. Mieux, le président Gbagbo lui-même sera très bientôt dans l`arène pour dire aux Ivoiriens ce qu`il entend faire pour eux pour les cinq années à venir. Ce que je viens de dire est le b.a.-ba d`une campagne. Et je suis heureux que le RDR me réponde sur mes idées même s`il m`insulte gratuitement. Cela n`est pas grave. Ce qui est grave, c`est que le RDR ait pris les armes pour que son mentor soit candidat. N.V. : Hier c`était la fin du contentieux judiciaire qui a connu des fortunes diverses. Qu`est-ce qu`on peut retenir de ce contentieux ? M.S.B. : Ce que je retiens de ce contentieux, c`est que le RDR a orchestré des blocages pour que des fraudeurs soient maintenus sur la liste électorale. Ce parti dont les militants sont à 80% présidents des CEI locales a montré par-là qu`il n`est pas pour la transparence des élections. Après ce que nous avons vu, nous nous posons la question de savoir si ces présidents des CEI locales seront capables de proclamer les résultats qui sortiront des urnes. Parce que même avec des fraudeurs, tous les scénarios montrent que le président Gbagbo sera élu au premier tour. Notre lutte est une question de principe. Une élection présidentielle ne concerne que les nationaux dans tous les pays au monde. Mais ce n`est pas parce que Ouattara peut gagner les élections avec ces fraudeurs. En tout état de cause, par leur agissement, Ouattara et son parti ont définitivement convaincu ceux qui en doutaient encore qu`ils ne travaillent pas pour les Ivoiriens. Et ceux-ci vont le sanctionner sévèrement le 31 octobre en plébiscitant le président Gbagbo. Dans tous les cas, les fraudeurs ne voteront pas. Entretien réalisé Par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
Politique Publié le vendredi 27 août 2010 | Notre Voie
Sokouri Bohui à propos des blocages du RDR sur le contentieux - “Dans tous les cas, les fraudeurs ne voteront pas”
© Notre Voie Par Nathan KonéCinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : la cérémonie de clôture
Jeudi 5 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Photo: Martin Sokouri Bohui, Directeur de campagne adjoint du candidat Gbagbo