Depuis plus de cinquante ans, les pays d’Afrique de l’Ouest, à l’instar de la plupart des autres nations du continent se sont inscrits à l’école du développement pour, dit-on, assurer une amélioration du bien-être de leurs populations.
Aujourd’hui, au moment où tous les pays devenus indépendants dans les années 1960 font la comptabilité de leurs politiques de développement, la question de son financement demeure entière.
L’importance de la question du financement du développement
Le développement se définit comme l`ensemble des changements qualitatifs positifs (techniques, démographiques, sociaux, sanitaires...) que peut connaître une zone géographique (un pays ou une région), et la majorité des spécialistes de la question s’accordent à dire que la croissance économique (augmentation durable de la production ou du revenu) en est une condition sine qua non.
De ce point de vue, la question du financement des investissements, notamment en infrastructures, prend tout son sens. C’est la raison pour laquelle, les organisations internationales comme la Banque mondiale s’évertuent à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de programmes d’investissements censés avoir un impact positif sur le processus de développement.
L’essoufflement des sources traditionnelles de financement du développement
Toutefois, force est de constater que les sources traditionnelles de financement du développement semblent avoir montré leurs limites les unes après les autres.
Tout d’abord, on se souvient des vastes programmes d’investissement mis en œuvre grâce aux revenus tirés de l`exportation de matières premières dont les prix internationaux se sont montrés très favorables au cours des deux premières décennies des indépendances. En Côte d’Ivoire, par exemple, les constructions de routes, d’hôpitaux modernes, de villes nouvelles telles que Yamoussoukro, sont le reflet de l’utilisation de cette source de financement du développement.
Mais le début des années 1980 a vite fait de sonner le glas de cette manne dont les ressorts échappent cruellement aux pays bénéficiaires. A la faveur de la crise économique des décennies 1980-1990, les cours des matières premières exportées par la plupart des pays africains connaissent des chutes drastiques, amenuisant ainsi les capacités d’investissement de ces pays. Cet épisode a montré, à ceux qui veulent bien se laisser enseigner, que les exportations de produits de base ne constituent pas une source stable de devises sur laquelle un pays pourrait asseoir son processus de développement.
C’est alors l’ouverture de la période des Plans d’Ajustement Structurels (PAS), caractérisés par une batterie de mesures se résumant à restreindre les dépenses des Etats sous programme avec le FMI et la Banque mondiale, comme pour leur apprendre à faire bien avec les maigres moyens qu’ils ont. C’est aussi l’époque où l’aide au développement prend une place prépondérante parmi les préoccupations de la communauté internationale. Ne soyons pas naïfs, c’est vrai que cette aide publique au développement, celle émanant des pays riches, n’a pas eu qu’une motivation de solidarité. Les intérêts géostratégiques et parfois purement économiques ont souvent été à l’impulsion de cette source de financement du développement. Mais quoi qu’il en soit, celle-ci s’est progressivement amenuisée et, le regain d’intérêt qui lui a été raccordé au cours des cinq dernières années, a bien été contrarié par la crise financière de 2008 qui a occasionné le repli des principaux pays bailleurs sur eux-mêmes.
Plus récemment, il est de plus en plus question de saisir l’opportunité de l’essor des transferts des migrants vers les pays en développement pour, à travers des politiques incitatives idoines, les orienter vers le financement de projets de développement. Selon le rapport Global Development Finance 2005 de la Banque mondiale, en 2004, les transferts des émigrés reçus dans les États membres de l`UEMOA se sont chiffrés à 1,144 milliards de dollars US, soit 588,3 milliards FCFA, ce qui correspond à environ 2,7 % du PIB de l`Union. Toutefois, le même rapport note que les fonds rapatriés sont généralement destinés à la satisfaction des besoins de consommation des familles des émigrés, au financement d`aides scolaires ou d’achat immobilier... C’est dire que, pour l’instant, cette source de financement n’a pas vraiment vocation à créer du développement, du moins pas au sens des politiques d`envergure nationale.
Que faut-il faire ?
Devant les limites des sources de financement traditionnelles, deux voies de sorties complémentaires s’offrent aux pays en quête de développement.
Une meilleure gestion des ressources limitées
Bien évidemment, il faudra tirer le meilleur parti des ressources internes limitées dont disposent les pays en développement. Cela ne peut se faire qu’à travers une gestion transparente des deniers publics assortie d’une obligation de rendre des comptes aux populations qui sont les véritables clients des dirigeants africains.
Pour ce faire, un accent particulier devrait être mis sur la lutte contre la corruption tant dans les administrations publiques que dans le secteur privé.
La nécessité d’imaginer des solutions nouvelles
Mais on se doute bien que la gestion parcimonieuse, même la plus efficace possible des deniers publics, ne suffira pas à impulser le développement, loin s’en faut ! C’est pourquoi je préconise l’imagination de sources alternatives de financement.
En disant cela, je pense précisément à la possibilité de lever des ressources dans des activités qui longtemps ont été considérées comme « parallèles » aux questions de développement. Je veux parler du sport par exemple.
Juste pour vous donner une idée des ordres de grandeurs dans ce domaine, on peut noter que la Coupe du Monde de football 2010 a rapporté à la FIFA la coquette somme d’environ 3 milliards de dollars US (c’est-à-dire près de 1.500 milliards de FCFA). Rien que pour la saison 2009-2010, le Barça (un des meilleurs clubs au monde en ce moment), a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 290 milliards de FCFA, et un bénéfice de plus de 7 milliards (après avoir versé des salaires mirobolants à ses stars).
Là où je veux en venir, c’est qu’à l’échelle mondiale, des efforts pourraient être faits dans le sens d’une utilisation plus morale des sommes faramineuses qui se transigent dans le sport au gré de la passion de plusieurs millions de supporters. Pour ce faire, je propose que soit créé un fonds international de solidarité pour le développement, qui recevrait par exemple 5% des recettes des compétitions mondiales organisées dans les sports majeurs tels que le football. Cela pourrait constituer une bonne alternative aux limites des sources traditionnelles de financement du développement. Car pour moi, le développement des pays pauvres représente, pour ceux-ci comme pour les pays riches, un enjeu tellement important que tous les secteurs générateurs de richesse, quels qu`ils soient, devraient être mis à contribution.
Aujourd’hui, au moment où tous les pays devenus indépendants dans les années 1960 font la comptabilité de leurs politiques de développement, la question de son financement demeure entière.
L’importance de la question du financement du développement
Le développement se définit comme l`ensemble des changements qualitatifs positifs (techniques, démographiques, sociaux, sanitaires...) que peut connaître une zone géographique (un pays ou une région), et la majorité des spécialistes de la question s’accordent à dire que la croissance économique (augmentation durable de la production ou du revenu) en est une condition sine qua non.
De ce point de vue, la question du financement des investissements, notamment en infrastructures, prend tout son sens. C’est la raison pour laquelle, les organisations internationales comme la Banque mondiale s’évertuent à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de programmes d’investissements censés avoir un impact positif sur le processus de développement.
L’essoufflement des sources traditionnelles de financement du développement
Toutefois, force est de constater que les sources traditionnelles de financement du développement semblent avoir montré leurs limites les unes après les autres.
Tout d’abord, on se souvient des vastes programmes d’investissement mis en œuvre grâce aux revenus tirés de l`exportation de matières premières dont les prix internationaux se sont montrés très favorables au cours des deux premières décennies des indépendances. En Côte d’Ivoire, par exemple, les constructions de routes, d’hôpitaux modernes, de villes nouvelles telles que Yamoussoukro, sont le reflet de l’utilisation de cette source de financement du développement.
Mais le début des années 1980 a vite fait de sonner le glas de cette manne dont les ressorts échappent cruellement aux pays bénéficiaires. A la faveur de la crise économique des décennies 1980-1990, les cours des matières premières exportées par la plupart des pays africains connaissent des chutes drastiques, amenuisant ainsi les capacités d’investissement de ces pays. Cet épisode a montré, à ceux qui veulent bien se laisser enseigner, que les exportations de produits de base ne constituent pas une source stable de devises sur laquelle un pays pourrait asseoir son processus de développement.
C’est alors l’ouverture de la période des Plans d’Ajustement Structurels (PAS), caractérisés par une batterie de mesures se résumant à restreindre les dépenses des Etats sous programme avec le FMI et la Banque mondiale, comme pour leur apprendre à faire bien avec les maigres moyens qu’ils ont. C’est aussi l’époque où l’aide au développement prend une place prépondérante parmi les préoccupations de la communauté internationale. Ne soyons pas naïfs, c’est vrai que cette aide publique au développement, celle émanant des pays riches, n’a pas eu qu’une motivation de solidarité. Les intérêts géostratégiques et parfois purement économiques ont souvent été à l’impulsion de cette source de financement du développement. Mais quoi qu’il en soit, celle-ci s’est progressivement amenuisée et, le regain d’intérêt qui lui a été raccordé au cours des cinq dernières années, a bien été contrarié par la crise financière de 2008 qui a occasionné le repli des principaux pays bailleurs sur eux-mêmes.
Plus récemment, il est de plus en plus question de saisir l’opportunité de l’essor des transferts des migrants vers les pays en développement pour, à travers des politiques incitatives idoines, les orienter vers le financement de projets de développement. Selon le rapport Global Development Finance 2005 de la Banque mondiale, en 2004, les transferts des émigrés reçus dans les États membres de l`UEMOA se sont chiffrés à 1,144 milliards de dollars US, soit 588,3 milliards FCFA, ce qui correspond à environ 2,7 % du PIB de l`Union. Toutefois, le même rapport note que les fonds rapatriés sont généralement destinés à la satisfaction des besoins de consommation des familles des émigrés, au financement d`aides scolaires ou d’achat immobilier... C’est dire que, pour l’instant, cette source de financement n’a pas vraiment vocation à créer du développement, du moins pas au sens des politiques d`envergure nationale.
Que faut-il faire ?
Devant les limites des sources de financement traditionnelles, deux voies de sorties complémentaires s’offrent aux pays en quête de développement.
Une meilleure gestion des ressources limitées
Bien évidemment, il faudra tirer le meilleur parti des ressources internes limitées dont disposent les pays en développement. Cela ne peut se faire qu’à travers une gestion transparente des deniers publics assortie d’une obligation de rendre des comptes aux populations qui sont les véritables clients des dirigeants africains.
Pour ce faire, un accent particulier devrait être mis sur la lutte contre la corruption tant dans les administrations publiques que dans le secteur privé.
La nécessité d’imaginer des solutions nouvelles
Mais on se doute bien que la gestion parcimonieuse, même la plus efficace possible des deniers publics, ne suffira pas à impulser le développement, loin s’en faut ! C’est pourquoi je préconise l’imagination de sources alternatives de financement.
En disant cela, je pense précisément à la possibilité de lever des ressources dans des activités qui longtemps ont été considérées comme « parallèles » aux questions de développement. Je veux parler du sport par exemple.
Juste pour vous donner une idée des ordres de grandeurs dans ce domaine, on peut noter que la Coupe du Monde de football 2010 a rapporté à la FIFA la coquette somme d’environ 3 milliards de dollars US (c’est-à-dire près de 1.500 milliards de FCFA). Rien que pour la saison 2009-2010, le Barça (un des meilleurs clubs au monde en ce moment), a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 290 milliards de FCFA, et un bénéfice de plus de 7 milliards (après avoir versé des salaires mirobolants à ses stars).
Là où je veux en venir, c’est qu’à l’échelle mondiale, des efforts pourraient être faits dans le sens d’une utilisation plus morale des sommes faramineuses qui se transigent dans le sport au gré de la passion de plusieurs millions de supporters. Pour ce faire, je propose que soit créé un fonds international de solidarité pour le développement, qui recevrait par exemple 5% des recettes des compétitions mondiales organisées dans les sports majeurs tels que le football. Cela pourrait constituer une bonne alternative aux limites des sources traditionnelles de financement du développement. Car pour moi, le développement des pays pauvres représente, pour ceux-ci comme pour les pays riches, un enjeu tellement important que tous les secteurs générateurs de richesse, quels qu`ils soient, devraient être mis à contribution.