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Société Publié le mercredi 8 septembre 2010 | Star Mag Plus

Les ‘’Gos du Djassa’’ : Ce qu’elles font au Black Market

Leurs relations avec les hommes

De plus en plus, l’on constate la présence grandissante des femmes au sein des métiers reconnus par l’opinion publique comme la ‘’chasse gardée’’ des hommes. Parmi ces endroits qui sont dits réservés aux hommes, se trouve le ‘’Black Market’’ d’Adjamé. Spot-lights sur ces Femmes qui se ‘’cherchent’’ parmi les hommes...

Le “Black Market’’ d’Adjamé est un marché qui n’est plus à présenter. Tant sa réputation est grande au sein de la population ivoirienne, plus précisément au sein de celle vivant dans la capitale économique, Abidjan. C’est un véritable Bazar Géant. On y trouve un peu de tout, à bon marché, selon différents systèmes mis en place. Des téléphones-portables aux vêtements, en passant par les appareils électro-ménagers, des articles importés ou ‘’recelés’’ s’y retrouvent, pour le bonheur des visiteurs. Au départ, haut lieu de trafic de stupéfiants et de blanchiment d’argent, le ‘’Marché Noir’’ était un Espace qui donnait des sueurs froides à bien de personnes, tant il était réputé pour être un milieu de magouilles et autres malversations, dirigé par des gangsters. Tous ces aspects effrayants, exprimaient la particularité de ce marché, contrairement aux autres grands marchés connus, tels le marché Gouro à Adjamé, le marché Belleville de Treichville et le marché de Marcory...Dans ce sombre tableau, on trouve des personnes de tout les niveaux : analphabètes, chômeurs, déscolarisés...de tous les horizons mais surtout des femmes, ce qui parait à première vue, intriguant. Qu’est ce qu’elles y font ? Comment s’en sortent-elles dans ce milieu gouverné par les hommes ? Afin d’apporter la réponses à ces questions, nous nous sommes rendus au Black Market d’Adjamé, histoire d’entrer dans l’univers de ces filles.


Que peuvent bien chercher des filles dans un endroit si Masculin ?

Sur les lieux, nous y avons rencontré trois types de vendeurs : les premiers sont les propriétaires de magasins, les seconds sont ‘’assis derrière’’ une table ou des caisses de fortunes, proposant des articles. Enfin, les derniers travaillent généralement pour le compte des premiers cités, en longeant les trottoirs pour aborder les éventuels clients, leurs articles en mains. Parmi ces ‘’Blackistes’’, comme on les appelle, nous avons fait la rencontre de Fofana Aminata, Etudiante en Droit, connue plus sous le prénom Yasmine. ‘’Elle est considérée comme “internationale au Black Market d’Adjamé’’, nous confîe Michel alias ‘’Gavé’’. Avec Yasmine, il y a Alima Koumaré, titulaire d’un BTS en Finances-Comptabilité. Compte tenu de la situation socio-politique de la Côte d’Ivoire qui a engendré des problèmes d’emplois, ils sont nombreux, ces jeunes diplômés laissés pour compte, qui, fatigués de subir les affres de la galère, ont décidé de se ‘’débrouiller’’ comme ils peuvent en choisissant de devenir vendeurs au ‘’Black Market’’. Et ce n’est pas Alima qui nous dira le contraire. “Comme je ne trouvais pas de boulot, je suis venue me débrouiller au ‘’Black’’ mais je considère cela comme un passe-temps en attendant des jours meilleurs’’ révèle-t-elle. Le ‘’Black Market’’ est donc, de ce fait, assimilé à une petite entreprise pourvoyeuse d’emplois où l’on peut même acquérir une certaine expérience professionnelle. C’est ce que semble nous expliquer Yasmine qui côtoie le marché depuis 6 ans. “C’est un tremplin, un passage obligé pour atteindre certains objectifs de ma vie. Ne voyez pas seulement le côté petit business parce que, pour moi, quand tu réussi à tenir ici, c’est que tu peux tout faire’’. Deuxièmement, dans le domaine du Marketing, puisqu’il semble que cette dernière n’est pas arrivée au marché par hasard. En effet, au départ, Alima était cliente de ce marché. Au fil du temps, elle a constaté que son entourage voulait toujours racheter avec elle, chaussures ou portables qu’elle ramenait du Black Market. Vue la demande de plus en plus croissante, elle a fait une sorte ‘’d’étude de marché’’ et s’est rendue compte du fait qu’elle pouvait se lancer dans le commerce. “Ici, c’est un Grand Centre commercial où il n’y a rien de dangereux comme le pensent certaines personnes’’. En Afrique, l’on se fie beaucoup à l’apparence et la présence de ces jeunes dames dans un milieu taxé de dangereux n’est pas fait pour les rassurer. De nombreuses personnes sont sceptiques, quant à la bonne moralité de ces dernières, même si certains clients préfèrent ‘’tomber’’ sur ces filles-là, du fait de leur féminité qui est assimilable à une certaine honnêteté. “Quand le client arrive, il nous met tous dans le même lot. C’est lorsque je commence à m’exprimer qu’il voit qu’il n’a pas affaire à quelqu’un qui essaie de le duper. Tout dépend de la manière de parler parce qu’on peut être ici et s’exprimer correctement, ne pas parler le Nouchi’’ explique Yasmine. Du fait du grand nombre de visiteurs au quotidien, qui n’ont pas peur du Black, on peut quand même dire que c’est un marché par excellence qui permet aux jeunes de trouver un peu de ‘’quiétude’’ financière. “Vu que j’étais nouvelle, au début, ce n’était pas facile de m’en sortir financièrement mais, maintenant, les choses vont beaucoup mieux. Les garçons et moi sommes à peu près sur la même longueur d’ondes’’ confie Alima. Quant à Yasmine, elle s’amuse même à se faire appeler ‘’Opérateur Economique’’. L’intégration, au sens Panafricain, dans ce marché, est très visible, dans la mesure ou on y trouve des Ivoiriens, des Ghanéens, des Maliens, des Nigériens, des Burkinabés, des Béninois etc...Mais l’intégration des ‘’Gos du Djassa’’ a été semée d’embûches, véritable parcours du combattant, en raison de leur féminité. Il leur a donc fallu faire face à plusieurs obstacles dont l’égoïsme et l’hypocrisie. “En toute chose, le début est difficile. Tu viens dans un milieu où il existe certaines réalités. Tu dois doublement te battre pour te faire une place, surtout quand tu es une fille. Je n’ai donc pas intégré facilement ce milieu parce qu’il est très difficile. Au début, je me suis confiée à des gens avec qui j’étais, et avec qui j’ai tout partagé sauf le sexe. Mais malheureusement, ces derniers m’ont planté par la suite, le couteau dans le dos. C’est au fil des années que j’ai passées ici, que je me suis rendue compte, lors de certaines causeries, que j’ai été victime de coups bas qui, heureusement, m’ont rendue forte. Il faut donc avoir une ‘’carapace’’ et s’armer moralement avant de venir ici’’, déclare Yasmine. Cela dévoile clairement les soucis pour leur intégration, leur quotidien et nous amène à imaginer dès lors, la relation qu’entretiennent ces filles-là et les garçons qui fréquentent ensemble ce marché. La majorité des ‘’Blackistes’’ est consciente que chacun évolue dans un milieu très ‘’brouillon’’, donc ils font attention à leurs marches. Et Yasmine le sait ‘’Il existe seulement des rapports professionnels entre elle et les garçons du ‘’coin’’. ‘’Il n’y a pas d’amitié au Black, il n’y a que des intérêts. La seule chose qui nous lie, c’est la vente de nos marchandises’’ explique t-elle. Comme pour dire que la population a raison de redouter ce lieu puisqu’il existe au niveau même des vendeurs, un climat de méfiance. Dans notre enquête, nous avons voulu connaître la position des hommes du Black-Market vis à vis de celles que certains d’entre eux considèrent comme de véritables concurrentes. Et nous avons su que bon nombre d’entre eux apprécient quand même leur présence. C’est l’opinion que partage avec nous Niangoran Biaze. ‘’J’approuve ce qu’elles font parce qu’elles ont l’esprit d’initiative. A défaut de ‘’lancer le foulard’’, elles préfèrent venir au marché pour se débrouiller comme nous. Même si des fois, elles sont plus avantagées parce que dans le milieu, les clients font plus confiance à ces quelques rares femmes. Donc elles ont plus de chance de convaincre que nous’’. Cet avis est partagé par Cissé dit Lacoste, voisin immédiat de Alima: ‘’Je loue leur courage. Alima, malgré son niveau d’études élevé, vient se ‘’défendre’’ avec nous. Ici, c’est un marché où il y a des filles qui n’imaginent même pas passer un jour. Elles ont peur d’y venir parce que ‘’notre nom est gâté’’. Il y a des personnes qui disent qu’ici on vole, on agresse...ces filles-là m’ont trouvé, ici mais aujourd’hui on ‘’fait des affaires’’ ensemble, de la même manière’’. Ces ‘’Gos cracra du Djassa’’ sont de belles femmes mais qui ont adopté un style de garçon et cela s’explique par le fait que ‘’C’est le métier qui le demande parce qu’on ne peut pas porter des jupes ou nouer des pagnes pour venir ici. Ce n’est pas possible’’ nous dit Alima. Mais retenons qu’elles n’ont point opté pour la facilité parce qu’elles bataillent dur pour avoir leurs clients.

Vanessa Kouadio (stg)
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