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Société Publié le samedi 4 septembre 2010 | Le Patriote

Contribution, Dialogue avec Soundjata, le Refondateur

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ;

Salut à vous, Soundjata, l’enfant de la femme buffle ;

Le digne époux de l’arrière petite-fille de Siamofing Bamba, le visiteur des lieux saints ;
Le dompteur de la sirène des lagunes ;
A vous, le protecteur de la veuve et de l’orphelin ;

A vous, l’ami des savants, le défenseur de la foi et de la liberté ;

Je vous salue, Soundjata, vous grâce à qui, la forêt et la savane ne se tourneront pas le dos.
La Charte de Kurukan Fugan dont vous êtes l’initiateur et le garant, dispose en son énoncé n°2, que « les nyamakalas (hommes de métiers) doivent de dire la vérité aux chefs, d’être leurs conseillers et de défendre par le verbe, les règles établies et l’ordre sur l’ensemble du royaume ».

Siriman Kouyaté, juriste émérite Guinéen et traditionniste de renom, dont la science fait autorité et par ailleurs rédacteur des textes réunis par l’ensemble des traditionnistes du Mandé au cours du Colloque international organisé par le CELTHO (Centre d’Etudes Linguistiques, Historiques et de tradition orale) définit comme suit, les Nyamakalas :

∑ Etymologiquement, le terme Nyamakala signifie « qui défie tous les interdits ». Il est composé de « nyama » ou « force occulte maléfique » et de « kala » ou défiance, immunité, antidote. A ce titre, le Nyamakala est considéré comme le citoyen pouvant défier tous les interdits.

l Nobles, ils se subdivisent en quatre (4) grands clans : les Fina ou Finè, paroliers spécialisés dans la médiation ; les Numu ou forgerons, maîtres du fer et du feu ; les Garanké, maîtres du tissage, qui intègrent à leur groupe les tisserands et les cordonniers ; et enfin les Djélis ou griots.
Oh Mari Djata, l’enfant de la femme buffle!

Permettez-moi, de ne retenir aujourd’hui, parmi les Nyamakala, qu’un seul groupe, celui des Djélis, clan qui a toujours été la prunelle de vos nobles yeux. (ih Kogan, dira le Koyaka).

En effet, vous le Cibouè (source de vie du Mandé), vous avez édicté ceci : « les Djélis sont les dépositaires des traditions, des archives ; ils sont les maîtres de la parole, les conseillers des rois, les artistes et les musiciens (…) ».

Et vous avez complété cette disposition constitutionnelle n°2 par l’énoncé n°13 en ces termes : « n’offensez jamais les hommes de talent »(les Nyamas).

Selon vous, le garant de la liberté, ces hommes de talent sont les médiateurs attitrés et aucune offense ne doit leur être faite dans l’exercice de leurs fonctions, car c’est grâce à eux que les conflits et les guerres épargneront notre empire.

Oh ! Mari-Djata, le défenseur des libertés !

Afin d’éviter tout abus de la part de certains Nyamakala, vous avez réglementé leurs professions, particulièrement celle des Djélis, ces maîtres de la parole, ces diseurs de vérité.

A cet effet, lorsque vous et les doctes de notre science (l’histoire) nous transmettiez notre « ouird » (savoir), vous nous enseigniez que la tradition orale, détenue et authentifiée par les Djélis reposait sur deux grands piliers :

l La méthodologie portant sur la collecte, la critique, l’expression ou le verbe (écriture), la maîtrise du rythme (musique) afin de rendre agréable « l’écoute de ces savoirs), etc.

l La déontologie, notamment l’éthique, la morale et l’usage qui sous-tendent la « science de la parole ».

Comme dans toute acquisition de savoir, l’initiation était ponctuée de cycles dont le passage était validé par des maîtres. Selon Djibril Tamsir Niane, la tradition orale est « une véritable construction, une réflexion sur le passé ; elle constitue un texte, un enseignement selon une pédagogie dans le cadre d’une école pour des spécialistes de la parole». Il s’agit d’une véritable communauté savante.
Oh ! Mari-Djata, héros de la liberté !

« Dire Bien et surtout Dire Vrai », telle est la devise des maîtres de la parole.

Cette devise a été durant votre long et héroïque combat pour la liberté, une exigence morale et politique. Vous avez été le défenseur des « Djélis » modernes que sont les journalistes et particulièrement la presse libre.

Je me souviens encore avec émotion de :

l Votre appel pour empêcher, en 1992, l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi sur la presse sous Kaya Maghan (Houphouët Boigny), au motif qu’elle était « attentatoire à la liberté de la presse » ; j’ai applaudi alors les dresseurs de barricades;

l La mise en place par vos soins ou avec votre soutien, du Conseil National de la Presse (CNP), du Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP), etc.

Oh ! Mari-Djata, défenseur des libertés !

Les « néo-sosso » ont terni votre noble mission, en inventant deux grands délits en votre nom :
1- Le délit de « non Dire Bien en votre faveur »

Concernant ce délit, c’est avec surprise et consternation que j’ai découvert sur internet que depuis le début de la guerre civile en Côte d'Ivoire, les atteintes à la liberté de la presse se sont multipliées. Ainsi, il est écrit que :

l Le siège du quotidien Le Patriote a été mis à feu à deux reprises ;

l Le siège de la radio Nostalgie a été incendié ;

l Les Jeunes patriotes ont à plusieurs reprises déchiré des publications jugées hostiles au pouvoir et cassé des kiosques qui vendaient des publications considérées comme soutenant l'opposition ou les rebelles, dont Le Patriote, Le Libéral, 24 heures, Le Jour plus et Le Nouveau Réveil. Les livreurs de certains de ces journaux ont été plusieurs fois agressés ;

l Le siège de Canal Satellite Horizons a été attaqué ;

l Depuis la mise en place du gouvernement de réconciliation nationale, des règlements de compte se sont produits à la RTI (Radio télévision ivoirienne). Certains hauts fonctionnaires et journalistes ont été licenciés.

l Certains journalistes ont été menacés ou ont subi des manœuvres d’intimidation à cause de leurs sympathies politiques supposées. Il s’agit notamment de : Dénis Kah Zion du Nouveau Réveil, de Fofana Mambé de Soir Info ; de Denis Koné de 24 heures et de Koné Seydou du Patriote ;

l le 24 août 2005, le chef d’Etat-major des FANCI Philippe Mangou a convoqué la presse écrite et a menacé les rédactions de fermeture si elles ne collaboraient pas.

2- Le délit de « Dire Vrai en votre défaveur ».

Relativement au second délit (Dire Vrai en votre défaveur), on raconte ce qui suit:
l Les émissions des radios étrangères RFI, Africa Numéro 1 et BBC ont été interrompues à deux reprises ;

l Le journaliste Dembélé Vazoumana du quotidien Tassouman , a été enlevé et séquestré pendant des jours ; des miliciens l'ont torturé en tirant à bout portant sur ses jambes ;

l Tagro Danielle du Courrier d’Abidjan a été agressée par un ministre, pendant qu’elle prenait des photos de l’attaque du cabinet de ce membre du gouvernement par les étudiants ;

l Au cours d’une cérémonie officielle à Yamoussoukro, Diallo Ibrahim, photographe et Charles Sanga, journaliste du Patriote et Franck Konaté de 24 heures, ont été agressés par des éléments de la Garde présidentielle ;

l Amadou Dagnogo, correspondant de L'Inter, est porté disparu depuis le 28 août 2004 pour avoir rendu compte des dissensions dans les rangs des ex-rebelles ;

l Le correspondant de Radio France Internationale en Côte d’Ivoire, Jean Hélène a été assassiné ;

l Guy-André Kieffer a été porté disparu dans des conditions qui n'ont toujours pas été élucidées ;


l Les Jeunes patriotes ont également pris le contrôle de la RTI du 18 au 20 janvier 2006, Pierre Brou Amessan présentant le journal télévisé et diffusant des appels à l’insurrection;
l le 28 novembre 2006, le conseil de direction de la RTI a été dissous lorsque celle-ci a relayé les critiques du Premier ministre Charles Konan Banny envers le président de la République, et celle-ci est surveillée par un peloton de gendarmerie.

Oh Mandé-mansa, vous qui avez inscrit dans la constitution de votre empire que « la vie de l’homme et la liberté sont consubstantielles à l’existence humaine », en votre nom, les « néo-sosso » ont saigné le cœur des diseurs de vérité et souillé la mémoire de vos ancêtres par le sang des « hommes de talent ».

Oh ! Mandé-mansa, Agissez pour les libertés, ordonnez à votre justice que la lumière soit faite sur toutes ces violations des droits des « hommes de talent », vous, leur défenseur infatigable.

Oh ! Mandé-mansa, si vous n’accédez pas à cette requête de liberté et de justice, les « néo-sosso » crieront victoire et nous, vos concitoyens, serons obligés de retenir dans votre bilan, ces violations inacceptables de la charte de Kurukan Fugan

Salut à vous Mandé-mansa

Salut à vous, le protecteur de la veuve et de l’orphelin.
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