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Société Publié le vendredi 3 septembre 2010 | Nord-Sud

Gagnoa et Divo : Les petits commerçants se frottent les mains

Grande mosquée de Gagnoa, il est 17 heures. Au bord de la rue qui passe devant ce haut-lieu de culte, une dame balaie un réduit espace. Elle le débarrasse des ordures rapidement, puis s’éclipse. Quand Abiba (c’est son prénom) réapparaît quelques minutes après, c’est pour y installer ses marchandises sur deux tables de dimensions inégales. La première, plus grande, est recouverte d’un plastique noir sur lequel elle pose une glacière, une grande cuvette et des bouteilles en plastique contenant des jus de fruits. Sur la plus petite table qui n’a pas de nappe, sont disposés des pamplemousses. Une fillette approche. Elle veut un litre de jus de gingembre. Faute de monnaie, Abiba que ses proches appelent «jolie» confie son commerce à sa cliente d’une dizaine d’années pour aller chercher une solution auprès du boutiquier d’à côté. Quelques instants plus tard, près d’elle vient s’installer une jeune fille sortie d’une maison environnante. Elle dépose une cuvette pleine d’eau en sachets qu’elle divise en deux. Elle déverse une partie dans la glacière qu’elle a apportée, puis elle transporte l’autre quantité jusqu’à l’intérieur de la mosquée. Où elle dépose sa charge à un endroit bien visible et accessible par tous. A son retour, nous lui demandons le sens de ses gestes. «Les sachets d’eau réservés à la vente se trouvent dans ma glacière. L’autre quantité est réservée aux musulmans, en aumône ; c’est pourquoi je l’ai déposée à la mosquée», explique-t-elle. L’heure de la rupture du jeûne approche. Petit-à-petit, un monde de petits commerçants se masse à l’autre bout de la rue. A l’intersection de la voie, une vendeuse d’«aloco» (banane mure frite) plonge des morceaux de bananes en dé ou en tranches dans de l’huile chaude. Sur une table sans nappe, elle a déposé, dans un large plateau, l’aloco et des poissons déjà grillés ou rissolés.

Les mosquées prises d’assaut

Ces poissons sont regroupés en tas, en fonction de leurs tailles et de leurs prix. La même personne dispose d’une autre table couverte d’un vieux morceau de pagne sur laquelle elle tasse des arachides fraîches, grillées et préparées. Une large palette d’offres qui permet au client de faire son choix selon son goût. L’on y voit aussi des oranges taillées avec style. Un client se présente, une soupière à la main. Il est venu réserver de l’aloco et du poisson pour la rupture du jeûne. Une autre vendeuse qui a installé quelques tables plus loin, propose également divers jus en sachets : orange, citron, gingembre, bissap…Il y en a aussi en bouteilles de 100F, 200F... «Les gens aiment se désaltérer avec le «gnamakou» (jus de gingembre) après la rupture. Ca marche bien pendant cette période de carême!», soutient la vendeuse qui se prénomme Sali. Contrairement à elle, Mariam, la vendeuse d’aloco occupe cette place juste en face de la mosquée depuis longtemps. A la mosquée du quartier Château, il y a aussi du beau monde. Parmi les commerçants installés là, Samaké Kadidiatou, une dame, propose des œufs, des oranges, des bananes douces et de la salade. Assise sur un banc derrière son étal, elle a réservé un autre banc aux clients. Son étal leur servant également de table à manger. Sur ce banc, deux jeunes filles, vêtues de noir de la tête aux pieds, dégustent un plat de salade bien assaisonné ; elles devisent joyeusement. Kadidiatou continue de satisfaire les autres clients attroupés devant elle. Ce sont pour la plupart de jeunes garçons qui se plaignent de la lenteur du service. Seule, elle occupe une partie de son temps à servir aussi les clients qui demandent des oranges, des œufs, etc. Son bébé au dos se met, par moments, à pousser des cris d’énervement. Ce qui l’oblige à marquer quelquefois une pause pour calmer le petit. Les commandes de salade abondent. Kadidiatou essaye de tenir le rythme en choisissant vite quelques feuilles de salade qu’elle découpe, les met dans une assiette et apprécie la quantité en fonction du prix à payer. Soit elle en rajoute ou réduit les feuilles. Un couteau bien aiguisé dans la main droite, elle découpe rapidement les condiments puis assaisonne pour flatter le goût. Quelquefois, on la voit rentrer à l’intérieur de la mosquée puis en ressortir avec des assiettes vides, d’où dégoulinent encore quelques gouttes de vinaigre et d’huile. Elle les plonge dans une eau savonneuse, les rince avant de les poser sur la pile d’assiettes sur la table. L’engouement des clients pour la salade lui permet de «gagner gros». A Divo, nous avons trouvé un attroupement de commerçants devant la mosquée du grand marché. Les fruits constituent la majorité de l’offre. Il s’agit de mandarines, d’oranges, de papayes, de bananes douces… Certaines vendeuses ont installé leurs marchandises sur des étagères. D’autres n’ont pas eu ce «luxe» ; elles les posent par terre. Des fillettes de 12 à 15 ans, pour la plupart, se promènent le long de la clôture de la mosquée avec leurs produits sur la tête. Après quelques va-et-vient, elles prennent place à un carrefour, où elles posent à même le sol leurs assiettes contenant des jus qu’elles vendent. Elles accourent à chaque fois qu’un client s’approche. S’en suit une bousculade dans laquelle chacune propose ses produits en ventant ses qualités. Une opération de charme qui se termine en faveur de l’une d’entre elles. Les autres regagnent leurs places attendant le futur client. Toutes espèrent avoir plus de chance avec lui.

Alain Kpapo à Gagnoa
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