L’Ecole se meurt progressivement par la faible attention que l’on accorde aux problèmes structurels. Faut-il toujours attendre que les jeunes de la FESCI manifestent bruyamment pour que l’on prête une oreille attentive au drame du génocide intellectuel auquel chaque ivoirien contribue par son silence ou son écoute distraite des problèmes de l’école ivoirienne ? L’Université de Bouaké est aujourd’hui le symbole du mépris inconscient que la société ivoirienne a pour l’éducation, surtout l’éducation des enfants de ceux qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants en Europe, en Amérique ou en Asie. Comment hypothéquons-nous l’avenir en asphyxiant les institutions ? Ce qui se passe en ce moment à l’Université de Bouaké est suffisamment illustratif du mépris de la société ivoirienne pour les Universités ivoiriennes qui se transforment progressivement en coquilles éducatives des enfants de pauvres, puisque ceux qui peuvent faire autrement n’y scolarisent plus leurs progénitures.
L’Université de Bouaké-la-Neuve est en ce moment victime d’une asphyxie budgétaire que même la situation économique de la Côte d’Ivoire ne justifie pas.
Cette Institution déjà sinistrée et délocalisée à Abidjan du fait de la crise militaro-politique qui secoue la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 peinait déjà à survivre. Logiquement, on s’attendrait à ce que, cette institution éparpillée sur plusieurs sites à Abidjan avec plus de 18 000 étudiants et sur plusieurs villes (Abidjan, Bouaké, Korhogo) bénéficie d’un régime budgétaire particulier. Paradoxalement, elle a connu en mars 2010 une réduction drastique de son budget : tous les crédits affectés au titre II (investissement) lui ont été retirés en plus des ponctions profondes opérées sur le titre 1 (fonctionnement), notamment la formation professionnelle (heures complémentaires, vacations, encadrements de thèses de doctorat). Veut-on encore d’une Université de Bouaké ou lui tient-on rigueur parce qu’elle porte le nom d’une ville restée malgré elle désormais négativement marquée dans la mémoire des Ivoiriens ?
Comme si cela ne suffisait pas, alors que les autorités de l’Université espéraient reléguer au passé l’exercice budgétaire cauchemardesque qui avait empêché toute l’année 2010 l’Université de se doter du minimum requis pour une formation de qualité, une main invisible est venue retirer à cette institution les crédits contenus dans le projet de budget 2011.
La conférence budgétaire n’ayant pas remis en cause l’enveloppe budgétaire présentée par le projet de budget introduit par l’Université, les autorités universitaires s’étonnent d’un réveil après coup des faiseurs de budget demandant, au lendemain de la conférence budgétaire, une réduction franchement asphyxiante du budget. Cela cache-t-il autre chose que la rigueur budgétaire ?
Aujourd’hui, cette Institution avec son budget sous coupe réglée et en totale discordance avec les besoins minima pour le fonctionnement d’une institution académique, ne peut plus se doter de matériels pédagogiques. Tant pis pour les enfants de pauvres. Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les instances de cette université, après plusieurs réunions, avaient prévenu depuis le mois d’août 2010 que les sommes dues aux enseignants au titre des années académiques 2008 et 2009 (heures complémentaires, vacations, soutenances de Thèses de Doctorat) ne pourront être payées si le budget considérablement amaigri restait en l’état.
Aussi, avec les nouveaux bacheliers de 2010 qui génèrent nécessairement des coûts additionnels en heures complémentaires, sera-t-il impossible de payer les enseignements du 1er cycle pour l’Année universitaire 2010-2011. Eh bien, étudiants orientés à l’Université de Bouaké, attendez-vous comme vos prédécesseurs dans certaines facultés à deux ans de retard sur votre scolarité pour les mêmes causes. De toutes les façons, telles que les choses évoluent, si le schéma des rigoristes du budget est respecté, les nouveaux bacheliers candidats à une inscription à l’Université de Bouaké au titre de l’Année universitaire 2010-2011 ne pourront pas y être accueillis. Conséquence logique des restrictions signalées. Pourtant la Présidence de cette Institution avait déjà lancé plusieurs signaux alarmants sur cette question. Cette restriction va jusqu’à interdire l’achat de microphones pour les Amphithéâtres et de matériel pédagogique pour les grands groupes (amphi de mille personnes). L’Université menace donc de suspendre les cours magistraux au 1er cycle et même en Licence où les effectifs excèdent trois cents. Ce qui paraît logique. La crise sociopolitique justifie-t-elle que l’éducation de nos jeunes frères et de nos enfants soient sacrifiée à ce point ?
On peut également imaginer qu’avec cette asphyxie budgétaire, le plan (triennal) de retour à Bouaké se trouve compromis. Or, le retour de cette université sur son site naturel devrait être un indice fort de retour de la paix et de la confiance.
Les indiscrétions parlent d’un risque de tension entre les autorités du Ministère de l’économie et des finances, responsables de cette répartition frustrante. La FESCI semble vouloir prendre ses responsabilités face à cette situation. Mais a-t-on besoin d’un bras de fer pour qu’une société comprenne que le droit à l’éducation de qualité est un droit basique et fondamental de tout humain ? le compte rendu fait de la situation semble avoir frustré ces jeunes qui veulent se faire entendre, avec le soutien des enseignants-chercheurs, le personnel administratif et technique. Les différents syndicats dont la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) ont décidé, dans une synergie qui promet d’être exemplaire, d’utiliser tous les moyens légaux pour affronter cette volonté manifeste de nuire à l’institution, de tuer l’Université de Bouaké-la-Neuve en l’asphyxiant par le budget.
Rappelons que les locaux de cette Université à Bouaké (367 km au nord d’Abidjan, zone sous contrôle de l’ex rébellion) sont totalement en ruine. Le campus 2 qui abritait l’UFR Communication milieu et société (CMS) est totalement détruit. Le campus1 dispose de quelques salles où les 3000 étudiants restés sur place suivent les cours dans des conditions pénibles.
Cette réduction du budget est un étrange paradoxe, surtout que cette Institution fait honneur à la Côte d’Ivoire et à toute l’Afrique. Il n’est pas inutile de le notifier. Cette institution renferme des enseignants de renom. Un indice de performance et non des moindres : La première Chaire UNESCO de Bioéthique du monde francophone a été décrochée par le Professeur Lazare M. POAME, Président de la dite université. Cette chaire a été installée officiellement le 26 juillet 2010 à l`Université de Bouaké-la-Neuve à son siège des Deux plateaux 7ème Tranche, sous le haut patronage du Président de la République SEM Laurent Gbagbo, en présence des membres du gouvernement et des hautes autorités de l’UNESCO et du CAMES.
L`Université de Bouaké-la-Neuve a également réussi à relever d’autres défis :
Le premier Professeur titulaire en grammaire française des Universités africaines est le Professeur Kouassi Kouamé Germain de l`Université de Bouaké-la-Neuve. Il a été promu Professeur Titulaire de Grammaire et de Linguistique françaises à la dernière session du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l`Enseignement Supérieur) qui s`est déroulée du 12 au 19 juillet 2010 à Saint-Louis au Sénégal. Le taux de réussite à cette session du CAMES pour les Professeurs titulaires a été de 100%.
Du fait de la qualité des enseignements donnés, les étudiants de cette Université sont toujours parmi les meilleurs à tous les concours de la fonction publique, tout comme au niveau des recrutements dans les entreprises.
Alors, l’on s’interroge. Pourquoi une telle institution, cette Université qui réalise tant de prouesses est- elle récompensée par une mort programmée, par une asphyxie budgétaire? Et qui y a d’ailleurs intérêt ?
Deux grandes rencontres pouvant se transformer en source de tension, sont annoncées pour cette semaine par les autorités universitaires : une assemblée générale réunissant tous les syndicats de l’enseignement supérieur et un Conseil d’Université avec pour seul ordre du jour : « la bataille budgétaire » : la survie ou la mort.
Les jours à venir seront décisifs. Evitons le pire en cette période particulièrement sensible pour la Côte d’Ivoire. La paix passe également par la justice (re)distributive des ressources même rares pour des secteurs sensibles comme l’éducation. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est de l’avenir qu’il s’agit.
L`attaché de presse
L’Université de Bouaké-la-Neuve est en ce moment victime d’une asphyxie budgétaire que même la situation économique de la Côte d’Ivoire ne justifie pas.
Cette Institution déjà sinistrée et délocalisée à Abidjan du fait de la crise militaro-politique qui secoue la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 peinait déjà à survivre. Logiquement, on s’attendrait à ce que, cette institution éparpillée sur plusieurs sites à Abidjan avec plus de 18 000 étudiants et sur plusieurs villes (Abidjan, Bouaké, Korhogo) bénéficie d’un régime budgétaire particulier. Paradoxalement, elle a connu en mars 2010 une réduction drastique de son budget : tous les crédits affectés au titre II (investissement) lui ont été retirés en plus des ponctions profondes opérées sur le titre 1 (fonctionnement), notamment la formation professionnelle (heures complémentaires, vacations, encadrements de thèses de doctorat). Veut-on encore d’une Université de Bouaké ou lui tient-on rigueur parce qu’elle porte le nom d’une ville restée malgré elle désormais négativement marquée dans la mémoire des Ivoiriens ?
Comme si cela ne suffisait pas, alors que les autorités de l’Université espéraient reléguer au passé l’exercice budgétaire cauchemardesque qui avait empêché toute l’année 2010 l’Université de se doter du minimum requis pour une formation de qualité, une main invisible est venue retirer à cette institution les crédits contenus dans le projet de budget 2011.
La conférence budgétaire n’ayant pas remis en cause l’enveloppe budgétaire présentée par le projet de budget introduit par l’Université, les autorités universitaires s’étonnent d’un réveil après coup des faiseurs de budget demandant, au lendemain de la conférence budgétaire, une réduction franchement asphyxiante du budget. Cela cache-t-il autre chose que la rigueur budgétaire ?
Aujourd’hui, cette Institution avec son budget sous coupe réglée et en totale discordance avec les besoins minima pour le fonctionnement d’une institution académique, ne peut plus se doter de matériels pédagogiques. Tant pis pour les enfants de pauvres. Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les instances de cette université, après plusieurs réunions, avaient prévenu depuis le mois d’août 2010 que les sommes dues aux enseignants au titre des années académiques 2008 et 2009 (heures complémentaires, vacations, soutenances de Thèses de Doctorat) ne pourront être payées si le budget considérablement amaigri restait en l’état.
Aussi, avec les nouveaux bacheliers de 2010 qui génèrent nécessairement des coûts additionnels en heures complémentaires, sera-t-il impossible de payer les enseignements du 1er cycle pour l’Année universitaire 2010-2011. Eh bien, étudiants orientés à l’Université de Bouaké, attendez-vous comme vos prédécesseurs dans certaines facultés à deux ans de retard sur votre scolarité pour les mêmes causes. De toutes les façons, telles que les choses évoluent, si le schéma des rigoristes du budget est respecté, les nouveaux bacheliers candidats à une inscription à l’Université de Bouaké au titre de l’Année universitaire 2010-2011 ne pourront pas y être accueillis. Conséquence logique des restrictions signalées. Pourtant la Présidence de cette Institution avait déjà lancé plusieurs signaux alarmants sur cette question. Cette restriction va jusqu’à interdire l’achat de microphones pour les Amphithéâtres et de matériel pédagogique pour les grands groupes (amphi de mille personnes). L’Université menace donc de suspendre les cours magistraux au 1er cycle et même en Licence où les effectifs excèdent trois cents. Ce qui paraît logique. La crise sociopolitique justifie-t-elle que l’éducation de nos jeunes frères et de nos enfants soient sacrifiée à ce point ?
On peut également imaginer qu’avec cette asphyxie budgétaire, le plan (triennal) de retour à Bouaké se trouve compromis. Or, le retour de cette université sur son site naturel devrait être un indice fort de retour de la paix et de la confiance.
Les indiscrétions parlent d’un risque de tension entre les autorités du Ministère de l’économie et des finances, responsables de cette répartition frustrante. La FESCI semble vouloir prendre ses responsabilités face à cette situation. Mais a-t-on besoin d’un bras de fer pour qu’une société comprenne que le droit à l’éducation de qualité est un droit basique et fondamental de tout humain ? le compte rendu fait de la situation semble avoir frustré ces jeunes qui veulent se faire entendre, avec le soutien des enseignants-chercheurs, le personnel administratif et technique. Les différents syndicats dont la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) ont décidé, dans une synergie qui promet d’être exemplaire, d’utiliser tous les moyens légaux pour affronter cette volonté manifeste de nuire à l’institution, de tuer l’Université de Bouaké-la-Neuve en l’asphyxiant par le budget.
Rappelons que les locaux de cette Université à Bouaké (367 km au nord d’Abidjan, zone sous contrôle de l’ex rébellion) sont totalement en ruine. Le campus 2 qui abritait l’UFR Communication milieu et société (CMS) est totalement détruit. Le campus1 dispose de quelques salles où les 3000 étudiants restés sur place suivent les cours dans des conditions pénibles.
Cette réduction du budget est un étrange paradoxe, surtout que cette Institution fait honneur à la Côte d’Ivoire et à toute l’Afrique. Il n’est pas inutile de le notifier. Cette institution renferme des enseignants de renom. Un indice de performance et non des moindres : La première Chaire UNESCO de Bioéthique du monde francophone a été décrochée par le Professeur Lazare M. POAME, Président de la dite université. Cette chaire a été installée officiellement le 26 juillet 2010 à l`Université de Bouaké-la-Neuve à son siège des Deux plateaux 7ème Tranche, sous le haut patronage du Président de la République SEM Laurent Gbagbo, en présence des membres du gouvernement et des hautes autorités de l’UNESCO et du CAMES.
L`Université de Bouaké-la-Neuve a également réussi à relever d’autres défis :
Le premier Professeur titulaire en grammaire française des Universités africaines est le Professeur Kouassi Kouamé Germain de l`Université de Bouaké-la-Neuve. Il a été promu Professeur Titulaire de Grammaire et de Linguistique françaises à la dernière session du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l`Enseignement Supérieur) qui s`est déroulée du 12 au 19 juillet 2010 à Saint-Louis au Sénégal. Le taux de réussite à cette session du CAMES pour les Professeurs titulaires a été de 100%.
Du fait de la qualité des enseignements donnés, les étudiants de cette Université sont toujours parmi les meilleurs à tous les concours de la fonction publique, tout comme au niveau des recrutements dans les entreprises.
Alors, l’on s’interroge. Pourquoi une telle institution, cette Université qui réalise tant de prouesses est- elle récompensée par une mort programmée, par une asphyxie budgétaire? Et qui y a d’ailleurs intérêt ?
Deux grandes rencontres pouvant se transformer en source de tension, sont annoncées pour cette semaine par les autorités universitaires : une assemblée générale réunissant tous les syndicats de l’enseignement supérieur et un Conseil d’Université avec pour seul ordre du jour : « la bataille budgétaire » : la survie ou la mort.
Les jours à venir seront décisifs. Evitons le pire en cette période particulièrement sensible pour la Côte d’Ivoire. La paix passe également par la justice (re)distributive des ressources même rares pour des secteurs sensibles comme l’éducation. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est de l’avenir qu’il s’agit.
L`attaché de presse