Juin 2008, dans le cadre de l’application des accords politique de Ouagadougou qui préconisaient la démobilisation des ex-combattants issus des rangs des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), le chef de guerre de Séguéla, le commandant Koné Zackaria, s’est rebellé contre cette opération. Cette «insubordination», selon les termes du chef d’accusation retenu par ses supérieurs hiérarchiques contre lui, a valu à l’ex-homme fort de la zone 5 de Séguéla, le courroux des responsables de l’ex-rébellion et son exil forcé au pays du facilitateur Blaise Compaoré. Sa succession par Issiaka Ouattara dit «Wattao», chef d’état-major adjoint des FAFN, n’a pas été des plus paisibles. Des affrontements entre les éléments de la compagnie « anaconda » et les éléments pro-Zackaria, ont même failli mettre à mal la stabilité des Forces nouvelles. Deux ans après cette triste péripétie, le chef du groupement d’instruction (GI) de Séguéla avoue qu`aujourd’hui, ses rapports avec son prédécesseur sont au beau-fixe. « Zackaria est un frère à moi et après tout, c’est un être humain. C’est vrai qu’il a commis une erreur, mais l’erreur est pardonnable. Chez moi, il n’y a plus de problème entre nous. Quand je vais à Ouaga, on se voit. Donc entre lui et moi, il n’y a pas de problème », a révélé le commandant Wattao, au cours de la finale du tournoi de maracana qui a porté son nom dans le quartier d’Odiennekourani à Bouaké. C’était le vendredi 10 septembre dernier, jour de la fête du Ramadan. Pour l’adjoint du général Soumaila Bakayoko, son frère d’armes «a commis une erreur» parce que l’accord politique de Ouagadoudou qui répondait aux attentes ayant motivé la prise des armes le 19 septembre 2002, a donné tort aux plus sceptiques. «Aujourd’hui, tous ceux qui ne croyaient pas à l’accord politique de Ouagadougou ont honte. Contrairement aux autres accords, avec l’accord politique de Ouagadougou, nous avons véritablement avancé dans le processus de paix. Et aujourd’hui, on peut circuler librement du Nord au Sud. Et bientôt, ce sera la distribution des cartes d’identité. Pour cela, nous disons merci à Dieu. Quant à ceux qui pensaient que l’accord politique de Ouagadougou a échoué, il faut les laisser avec leur conscience parce qu’ils se plaisent dans cette situation de guerre, c’est dans la guerre qu’ils vivent. Nous, on a envie de sortir de cette situation et la population aussi parce qu’elle a trop souffert de cette crise», a-t-il salué les progrès enregistrés par les accords signés en terre Burkinabè. Toujours pour apporter sa pierre à la consolidation de cette paix, le commandant Wattao ne manque pas à chacune de ses sorties, d’implorer le pardon des populations. «Le pardon, ce n’est pas l’arme des faibles, c’est l’arme des forts. Je demande pardon aussi parce que nul n’est parfait sur cette terre. Nous avons tous fait du mal sans nous rendre compte. Nos éléments ont dû faire aussi du mal. Donc ... je pense que c’est le meilleur moment pour moi de demander pardon à la population et à tous ceux à qui j’ai fait du mal sans m’en rendre compte», s’est repenti le chef du groupement d’instruction de Séguéla, avant de saluer la signature du décret par le président de la République, validant la liste électorale. «Je suis donc heureux de voir que le président de la République vient de signer le décret. On sent qu’il est prêt à aller à la paix. A nous de véhiculer cette communication pour apaiser le cœur des Ivoiriens», a-t-il ajouté. Wattao est revenu sur les critiques qu`il a faites lors de la célébration fastueuse du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire telle que voulue par le parti au pouvoir. Pour lui, il s’agissait d’attirer l’attention du président de la République sur ce qui paraissait important, à ses yeux, pour la sortie de crise. « Mon but, c’était d’attirer l’attention du président de la République sur ce qu’on vit. Parce que vous savez que le président a des conseillers qui ne vont jamais le conduire sur le bon chemin. Et lui-même, il m’a rejoint, car il a répondu que pour le cinquantenaire, il ne voulait pas faire quelque chose de grand. Il y a le cinquantenaire, mais il faut aussi savoir qu’il y a des choses urgentes à régler. Et je pense que le président m’a rejoint dans ma déclaration. Ce n’était pas mauvais ce que j’ai dit et j’assume mes propos. Parce qu’on a des problèmes et il faut régler ces problèmes d’abord avant d’aller faire quelque chose de grand », a conclu le patron de la compagnie «anaconda», qui a par ailleurs affiché son optimisme quant à la tenue des élections le 31 octobre prochain.
Francis N’Goran à Bouaké
Francis N’Goran à Bouaké