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Politique Publié le mercredi 15 septembre 2010 | Nord-Sud

Nanan Dua Kobenan 2, chef de la province de Foumassa (Bondoukou) : “ La décision de la reine-mère des Abron est irrévocable’’

Une profonde crise de succession secoue, depuis plusieurs années, le royaume Abron. L’autorité de nanan Kobenan Adingra Adjoumane est toujours contestée par certains chefs coutumiers. Pour le chef de la province Foumassa, Nanan Dua Kobenan 2, le débat autour du roi des Abron ne se pose plus.

Comment êtes-vous arrivé en Côte d’Ivoire ?

Les Abron ont fui la guerre au Ghana pour trouver refuge à l’Est de la Côte d’Ivoire. Venus du village d’Akouaou (Ghana), ils étaient dirigés par Nanan Tan Datté. Pendant leur cavale, en chemin, près de la ville de Kumassi (Ghana), ils ont rencontré la tribu Foumassa, nos parents qui sont Ashantis dirigés par Nanan Dua Kobenan. Ensemble, les deux dirigeants Abron et Foumassa ont décidé d’effectuer ensemble leur migration jusqu’à l’Est de la Côte d’Ivoire. Sur place, ils ont décidé de mettre en place une organisation commune. Ainsi les chefs Pinango, Angobia et Akidom, tous trois, fils de Nanan Tan Datté ont été nommés chefs de province. Le chef Angobia a été éduqué par le chef Foumassa. Ce qui fait du chef Foumassa, le père du chef Angobia. C’est la raison pour laquelle j’ai procédé récemment à l’intronisation du nouveau chef Angobia, nanan Koffi Kouman Basile. A l’arrivée de nos ancêtres, il n’existait ni Abron, ni Ashanti sur ce territoire. Nanan Tan Datté et Nanan Dua Kobenan ont été les premiers Abron et Ashanti à fouler le sol de l’Est de la Côte d’Ivoire.


Quel est le rôle du chef Foumassa dans la désignation du roi des Abron ?

Le royaume Abron est subdivisé en deux parties. Le clan Zanzan et le clan Yakassé. Ainsi Tabagne et Hérébo appartiennent au clan Zanzan. Tangamourou et Amanvi sont du clan Yakassé. Lorsque le trône doit être porté par un héritier, membre du clan Yakassé, le chef Foumassa que je suis, le chef Angobia et la reine-mère procèdent ensemble à l’intronisation du roi. Et quand le trône doit revenir au clan Zanzan, les chefs Pinango, Akidom et la reine-mère se chargent de régler la succession. L’actuel roi des Abron a donc été installé sur son trône par le chef Foumassa, le chef Angobia et sur recommandation de la reine-mère. Dans la succession du roi des Abron, la décision de la reine-mère est irrévocable. Elle intervient dans les deux clans. La reine-mère désigne le clan, le village et l’héritier du trône.


Cette procédure a-t-elle été respectée dans le cas de nanan Kobenan Adingra Adjoumane ?

Pour ce qui est du roi actuel, le chef Foumassa c'est-à-dire moi, le chef Angobia et la reine-mère avons procédé à son intronisation. A la mort du précédent roi, nanan Koffi Yéboua, nous nous sommes tous réunis afin de demander à la reine-mère de désigner le nouveau roi. Elle a alors indiqué que la succession revenait au clan Yakassé, dans le village d’Amanvi. La reine-mère a même désigné nanan Kobenan Adingra Adjoumane pour succéder au roi défunt. Ainsi donc, nous étions heureux d’avoir un nouveau roi. Nous avons établi alors les documents administratifs et y avons apposé nos empreintes. Nous avons exigé au nouveau roi huit cent mille francs qui ont servi à organiser des cérémonies de réjouissance. Nanan Kobenan Adingra Adjoumane a été présenté à Henri Konan Bédié, chef de l’Etat ivoirien en cette année-là. L’Etat a même offert une voiture au nouveau roi.


Pourquoi son autorité a-t-elle été contestée par certains chefs coutumiers ?

Nous étions allés présenter le nouveau roi au président Bédié lorsque les enfants du défunt roi ont dérobé les attributs du trône portés par leur défunt père pour les vendre à un million cent cinq mille francs à M. K. Appiah, un opérateur économique de Bondoukou qui les a, ensuite, remis, à Appiah 1er, un prétendant au trône. Celui-ci, jusque-là, refuse de les rendre. Il se dit prêt à y laisser sa vie s’il le faut.


Est-ce à dire que l’intronisation du roi Kobenan Adingra Adjoumane a été faite sans les attributs du trône ?

Nous présentons le nouveau roi au chef de l’Etat avant de procéder à son installation. C’est à notre retour que nous avons constaté que les attributs du trône ont été volés. Mais étant donné que tous les intervenants à la succession du roi des Abron dans le clan Yakassé ont choisi unanimement nanan Kobenan Adingra Adjoumane, nous nous remettons à cette décision. La décision de la reine-mère des Abron est irrévocable. Les attributs du trône des Abron ne servent pas à Appiah 1er qui les possède illégalement. Celui qui est chargé d’introniser et d’installer le roi des Abron refuse de lui faire porter les attributs volés. A ce jour, on retient que nanan Kobenan Adingra Adjoumane est le roi des Abron. Son autorité s’étend jusqu’à certaines villes du Ghana.


De quoi vivent le roi, les chefs de province et les reines-mères du royaume Abron, aujourd’hui ?

Avant l’indépendance, accéder à la royauté était un heureux événement. On avait droit à une grande plantation entièrement cultivée par les sujets du roi. De la nourriture venait même du Ghana pour le roi. Tout cela n’existe plus aujourd’hui. Les populations refusent de travailler pour leur roi. Aujourd’hui, des rois meurent endettés. Alors qu’auparavant, en mourant, le roi laisse toute une fortune. Aujourd’hui, lorsque le roi reçoit un étranger, il l’entretient à ses propres frais. Souvent, il nous arrive de vouloir renoncer au trône. Mais c’est un bien ancestral qu’il faut préserver à tout prix. Alors, on s’y accroche.


Est-ce que les cadres Abron vous viennent en aide de temps en temps?

Il arrive que certains cadres, attachés à leur culture, nous viennent en aide. Individuellement, il arrive qu’il nous remette un billet de dix mille francs, peut-être plus. Récemment, le commissaire régional de l’Alliance ivoirienne pour la République et la démocratie (Aird), Bini Kouakou Badou a, au nom du président de son parti, Kahé Eric entièrement réhabilité ma maison. Ce sont des actions que j’encourage. A notre tour, nous apportons tout notre soutien à ces jeunes qui méritent d’être appuyés.


Interview réalisée par Jean Michel Ouattara à Bondoukou
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