Et de trois pour Serge Bilé. Après ‘‘Et si Dieu n’aimait pas les noirs : enquête sur le racisme au Vatican’’ et ‘’Au secours le prof est noir’’, le journaliste écrivain revient avec ‘‘ Blanchissez-moi tous ces nègres’’
« Eda né zê/ Zêzê bâ/ Edéba da né zê/ Zêzê bâ/ Edéba dayoua né zê/ Zêzê bâ/ Da sa na zalico/ Diprosone ». Traduction : « Ta maman n’est pas claire/ Or, toi, tu es claire/ Ton grand-père n’est pas clair/ Or, toi, tu es claire/ Les parents de ton papa ne sont pas clairs/ Or, toi, tu es claire/ D’où viens-tu avec ce teint clair ?/ Diprosone ? » Serge Bilé, l’écrivain-journaliste ivoiro-antillais revient avec son nouvel essai au titre évocateur de « Blanchissez-moi tous ces nègres ».Paru le 25 Mars 2010 à Abidjan, dans sa version poche, chez Kofiba Editions, l’ouvrage sera dédicacé le mercredi 29 septembre prochain, à la Librairie de France au Plateau.
Un essai riche en contenu
«Blanchissez-moi tous ces nègres » est un essai sociologique qui plonge le lecteur au cœur d’une pratique devenue presque banale : la dépigmentation. L’auteur exhume la responsabilité des gouvernants et celle des adeptes de la décoloration. Entre autres, les intellectuels, les sociétés de fabrication de ces crèmes et des publicitaires dans l’expansion du fléau. Avec des témoignages et des mots poignants, Serge Bilé analyse, dans ce livre les origines sociales et historiques de la dépigmentation pratiquée, notamment, par de nombreuses compatriotes. Pour l’auteur, l’origine remonte à « l’héritage de l’esclavage et de la colonisation. » En effet, au début du XXe siècle, la peau de couleur noire était considérée comme une anomalie. Avec le progrès de la science à cette époque, des expériences ont été faites pour blanchir la peau des Noirs. A ce propos, Serge Bilé cite le cas d’un « vieux docteur » américain qui exposait ses patients à des rayons X, « jusqu’à la limite permise par la force du sujet.» Autre raison, l’esclavage et la colonisation ont forgé les préjugés des Blancs sur les Noirs et fait naître, un sentiment d’infériorité qu’ils tentent de juguler en se dépigmentant frénétiquement. Il y a une curieuse coïncidence, selon l’auteur, avec « la théorie psychanalytique de l’identification d’une victime à son agresseur ». Mais c’est surtout après la découverte des propriétés blanchissantes de l’hydroquinone (un produit initialement utilisé pour révéler les photographies) que le phénomène va prendre de l’ampleur. Les femmes et les hommes qui cèdent à cette pratique sont persuadés que la décoloration les valorise. Tout un cocktail de haine de soi, d’inacceptation de soi véhiculée par les stéréotypes publicitaires dans les pièges desquels des Ivoiriennes, des Maliennes et des Guinéennes tombent. Elles sont prêtes à dépenser des fortunes et à s’exposer aux dangers, aux maladies, notamment le cancer de la peau. Le texte montre également que si certaines amatrices de la dépigmentation connaissent les effets désastreux des produits qu’elles utilisent, la grande majorité les découvre. Et c’est bien trop tard car, sur la question, nos gouvernants restent frileux à l’idée de mettre en place des actions de sensibilisation. Difficile donc de comprendre les raisons d’un tel silence autour d’un si grave problème de santé publique. « Blanchissez-moi tous ces nègres » souligne toutes ces ambiguïtés et aide à avoir une vision globale du phénomène. Serge Bilé donne donc des recettes afin de défaire les constructions mentales qui poussent les Noirs à se blanchir la peau. Avec cet ouvrage, le journaliste semble dire qu’il y a suffisamment de beauté en chacun de nous pour qu’il ne soit pas nécessaire de changer de couleur de peau. Un ouvrage riche en contenu qu’il conviendrait de lire attentivement.
Opportune Bath
« Eda né zê/ Zêzê bâ/ Edéba da né zê/ Zêzê bâ/ Edéba dayoua né zê/ Zêzê bâ/ Da sa na zalico/ Diprosone ». Traduction : « Ta maman n’est pas claire/ Or, toi, tu es claire/ Ton grand-père n’est pas clair/ Or, toi, tu es claire/ Les parents de ton papa ne sont pas clairs/ Or, toi, tu es claire/ D’où viens-tu avec ce teint clair ?/ Diprosone ? » Serge Bilé, l’écrivain-journaliste ivoiro-antillais revient avec son nouvel essai au titre évocateur de « Blanchissez-moi tous ces nègres ».Paru le 25 Mars 2010 à Abidjan, dans sa version poche, chez Kofiba Editions, l’ouvrage sera dédicacé le mercredi 29 septembre prochain, à la Librairie de France au Plateau.
Un essai riche en contenu
«Blanchissez-moi tous ces nègres » est un essai sociologique qui plonge le lecteur au cœur d’une pratique devenue presque banale : la dépigmentation. L’auteur exhume la responsabilité des gouvernants et celle des adeptes de la décoloration. Entre autres, les intellectuels, les sociétés de fabrication de ces crèmes et des publicitaires dans l’expansion du fléau. Avec des témoignages et des mots poignants, Serge Bilé analyse, dans ce livre les origines sociales et historiques de la dépigmentation pratiquée, notamment, par de nombreuses compatriotes. Pour l’auteur, l’origine remonte à « l’héritage de l’esclavage et de la colonisation. » En effet, au début du XXe siècle, la peau de couleur noire était considérée comme une anomalie. Avec le progrès de la science à cette époque, des expériences ont été faites pour blanchir la peau des Noirs. A ce propos, Serge Bilé cite le cas d’un « vieux docteur » américain qui exposait ses patients à des rayons X, « jusqu’à la limite permise par la force du sujet.» Autre raison, l’esclavage et la colonisation ont forgé les préjugés des Blancs sur les Noirs et fait naître, un sentiment d’infériorité qu’ils tentent de juguler en se dépigmentant frénétiquement. Il y a une curieuse coïncidence, selon l’auteur, avec « la théorie psychanalytique de l’identification d’une victime à son agresseur ». Mais c’est surtout après la découverte des propriétés blanchissantes de l’hydroquinone (un produit initialement utilisé pour révéler les photographies) que le phénomène va prendre de l’ampleur. Les femmes et les hommes qui cèdent à cette pratique sont persuadés que la décoloration les valorise. Tout un cocktail de haine de soi, d’inacceptation de soi véhiculée par les stéréotypes publicitaires dans les pièges desquels des Ivoiriennes, des Maliennes et des Guinéennes tombent. Elles sont prêtes à dépenser des fortunes et à s’exposer aux dangers, aux maladies, notamment le cancer de la peau. Le texte montre également que si certaines amatrices de la dépigmentation connaissent les effets désastreux des produits qu’elles utilisent, la grande majorité les découvre. Et c’est bien trop tard car, sur la question, nos gouvernants restent frileux à l’idée de mettre en place des actions de sensibilisation. Difficile donc de comprendre les raisons d’un tel silence autour d’un si grave problème de santé publique. « Blanchissez-moi tous ces nègres » souligne toutes ces ambiguïtés et aide à avoir une vision globale du phénomène. Serge Bilé donne donc des recettes afin de défaire les constructions mentales qui poussent les Noirs à se blanchir la peau. Avec cet ouvrage, le journaliste semble dire qu’il y a suffisamment de beauté en chacun de nous pour qu’il ne soit pas nécessaire de changer de couleur de peau. Un ouvrage riche en contenu qu’il conviendrait de lire attentivement.
Opportune Bath