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Art et Culture Publié le lundi 27 septembre 2010 | Nord-Sud

Jean Noël Boyou (lauréat Clap Ivoire 2010) : “Le cinéma a un bel avenir en Côte d’Ivoire”

La 10e édition de Clap Ivoire, concours ouvert aux jeunes réalisateurs ouest-africains a vu le sacre de Jean-Noël Boyou (Côte d’Ivoire). Encore sous le feu des projecteurs, l’adepte du 7e art s’est confié à votre quotidien. Il parle du film, du concours et de ses projets actuels.


Qui êtes-vous et quand avez-vous débuté le métier de cinéaste ?
Je suis Jean Noël Boyou, réalisateur du film documentaire ‘’Lobikher’’. J’ai commencé le cinéma en tant que caméraman dans une maison de production, Nettv. Ensuite, je me suis intéressé au métier de réalisateur. Je n’ai pas suivi de formation pour exercer ce métier. Je me suis formé sur le tas. Auprès des personnes comme M. Bro Luc, formateur au métier de l’audiovisuel. Comme j’avais déjà fait mes premiers pas dans le secteur, je me suis rendu compte que je pouvais réaliser un film et participer à un concours de découverte de jeunes réalisateurs. Je voulais laisser des traces de ce que j’ai appris depuis.

De quoi parle le film ?
‘’Lobikher’’ signifie femmes lobi en langue lobi. A travers cette réalisation, nous montrons des femmes qui travaillent activement pour l’épanouissement socio-économique de leur société. Elles sont à la base de la production de denrées tels que le ‘’soumbara’’ (épice provenant du Nord de la Côte d’Ivoire), le beurre de karité et le tchapolo (boisson à base de sorgho ou mil). Notre objectif était de montrer la bravoure et le courage de ces femmes. Le choix de cet angle a joué en notre faveur. Et, le jury l’a confessé.

De quels moyens techniques disposiez-vous pour le tournage de ce film-documentaire ?
Nous avons été aidés par la maison de production Nettv. C’est elle qui nous a fourni le matériel. Nous remercions les responsables de cette structure car, il est difficile de se lancer dans la production de films sous nos tropiques sans financement et moyens techniques. Aussi, vu les conditions dans lesquelles nous avons fait notre apprentissage, il était évident qu’on y arrive.

Aviez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ?
Le tournage s’est bien passé. Les prises de vue ont eu lieu à Flaquedougou, à 70 km de Bondoukou. Nous y sommes allés avec la présidente de l’association des femmes lobi. Notre arrivée avait été annoncée des jours avant. Toutes les femmes se sont mises à notre disposition. Elles nous ont adoptés et aidés dans le tournage. Elles ont joué bon jeu.

Comment vous sentiez-vous avant la proclamation des résultats ?
Franchement, nous ne nous attendions pas à recevoir le premier prix. Il s’agissait pour nous de présenter notre production qui est la première du genre. A partir des remarques, voir nos lacunes et améliorer les productions à venir. Nous ne pouvons que remercier le seigneur. C’est grâce à lui que nous avons eu ce succès.

Pensiez-vous que Clap Ivoire était la tribune appropriée ?
En tant que plate-forme pour jeunes réalisateurs de l’espace Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa), ce concours est le plus indiqué. Il nous permet de nous faire connaître, d’apprendre auprès des devanciers. Clap Ivoire est aussi un lieu de rencontre de jeunes passionnés du 7e art. Notre réelle motivation est venue de la possibilité que nous avons de bénéficier d’une bourse d’étude pour nous former en Europe au métier du cinéma. Un prix financé à hauteur de deux millions Fcfa est commis à cela.

N’existe-t-il pas de structures de formation à ce métier en Côte d’Ivoire ?
C’est le hic en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Les structures existantes sont peu dotées en matériels. Cette profession n’étant pas académique, mais pratique ; sans matériels, la formation est incomplète. D’où, l’appel que je lance aux autorités de ce pays. Il faut créer en Côte d’Ivoire une école de cinéma digne de ce nom.

Quel est, aujourd’hui, votre nouveau défi ?
J’ai toujours écrit des scénarios et je continue d’en rédiger. Mon but est de faire ressortir certaines réalités de la société ivoirienne pour attirer l’attention des gens là-dessus. Mais, aussi chercher des solutions auprès des autorités et sensibiliser la population.

Un exemple ?
Je travaille actuellement sur l’exploitation des lagunes ivoiriennes. J’ai découvert l’existence de pêcheurs de nuit. Des personnes qui attendent la tombée de la nuit pour s’adonner à cette activité. Les questions que je soulève sont : pourquoi le font-ils ? Comment arrivent-ils à l’effectuer ? Aussi, voudrais-je permettre de connaître cette activité et, si possible, amener des personnes à la développer.

Comment voyez-vous l’avenir du cinéma ivoirien ?
Il y a un bel avenir pour le 7e art en Côte d’Ivoire, surtout, financièrement. Ce que nos devanciers ont fait, est salutaire. Nous devons travailler davantage et avec sérieux. Mais, il faut toujours apprendre. Dans le domaine, on ne finit jamais de le faire. C’est pourquoi, il faut éviter le découragement. Nous devons être imaginatifs. Avec un peu de moyens, nous pouvons effectuer des tournages de films-documentaires. Si nous arrivons à produire de petits films, l’exploitation de ces derniers peut nous permettre d’acquérir du gros matériel.


Entretien réalisé par Sanou A (Stagiaire)
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