Les députés de la Commission des affaires générales et institutionnelles et tous les groupes parlementaires confondus se disent préoccupés par le bien-être de l’enfant, particulièrement la question portant sur la traite et le travail des enfants. Ils ont montré cette unanimité parfaite hier, au cours de la présentation du projet de loi portant interdiction de la traite et des pires formes de travail des enfants par le ministre de la Fonction publique et de l’Emploi, Emile Guiriéoulou. Sur 36 membres de la Commission, dont 22 présents, tous ont accordé leur bénédiction à ce projet de loi. Lequel a pour objet de « définir, de prévenir, de réprimer la traite et le travail dangereux des enfants et de prendre en charge les victimes. Les dispositions de la présente loi visent tous les enfants, quels que soient leur race, leur nationalité, leur sexe et leur religion, résidant ou séjournant sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire ». C’est en 2002 que le débat sur le travail des enfants dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire est apparu sur la scène internationale. Le ministre Emile Guiriéoulou a affirmé, dans l’exposé des motifs, que « les résultats de certaines investigations ont confirmé l’existence de cette réalité, dans plusieurs secteurs d’activités notamment l’agriculture, les mines et l’informel urbain ». Au niveau international, un protocole dénommé Harkin-Engel a même été signé en septembre 2001 entre le sénateur Tom Harkin et le représentant Elliot Engel et les représentants de l’industrie mondiale du chocolat afin de mettre un terme aux pires formes de travail des enfants dans le secteur. Mieux, la Côte d’Ivoire a engagé plusieurs actions de lutte. Il s’agit de la signature, le 1er septembre 2000, d’un protocole sur la traite des enfants avec le Mali ; la signature, le 27 juillet 2005, avec huit autres pays de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Guinée, Libéria, Niger, Mali, Nigeria, Togo) de l’Accord multilatéral de coopération en matière de lutte contre la traite des enfants en Afrique de l’Ouest. De plus, un plan national a été mis en place, avec, comme point essentiel, « le renforcement du cadre juridique et réglementaire ». Le présent projet de loi s’inscrit, selon le ministre, dans le cadre de la mise en œuvre du premier axe stratégique de ce plan. Il comprend 42 articles repartis en 5 chapitres. Parlant de travaux dangereux, la loi précise qu’il ne s’agit pas « d’un coup de main donné à la maison ou à la ferme ou les menus travaux pendant les vacances ou après l’école », mais « de travaux susceptibles de nuire à sa santé physique ou mentale ou à la moralité des enfants ; ou encore, l’esclavage, la traite, la servitude pour dette, etc ».
Marcelline Gneproust
Marcelline Gneproust