x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le samedi 2 octobre 2010 | Le Patriote

Lemassou Fofana

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ;
Salut à vous, Soundjata, l’enfant de la femme buffle ;
Salut à vous, Le digne époux de l’arrière petite fille de Siamofing Bamba, le visiteur des lieux saints ;
Salut à vous, Mari Djata, Le dompteur de la sirène des lagunes ;
Salut à vous, l’homme grâce à qui, la forêt et la savane ne se tourneront pas le dos ;
Salut à vous, le protecteur de la veuve et de l’orphelin ;
A vous, l’ami des savants, le défenseur de la foi et de la liberté, l’ami des ulémas.

Cher maître,
A la veille de votre rentrée académique, au campus de Cocody, je m’interrogeais sur votre bilan dans le milieu éducatif, en dix ans d’exercice de pouvoir. En homme de science, vous avez reconnu implicitement que vous n’avez rien fait pour les « ulémas de la République », ni pour leurs talibés. C’est ainsi que pour vous faire pardonner, sous inspiration de mon jeune frère Demba Traoré, que j’appelle affectueusement (mon dôgô de valeur), vous avez offert aux étudiants une salle multimédia. Merci pour ce geste, mais vous le savez bien, il reste encore à élaborer un véritable plan Marshall pour l’école publique dans notre pays.
J’avoue avoir été déçu, quant à votre silence relativement à cette problématique importante de notre développement.

Oh Mari-Djata, est-ce à dire que vous n’avez pas de projet pour l’école publique, hormis la suppression de la tenue scolaire, car j’ai attendu en vain votre programme sur l’école publique ?

Oh ! L’enfant de la femme buffle, depuis votre rentrée académique, j’ai décidé de suivre votre campagne, et lors de votre passage dans le Zanzan, vous avez dit : « le 31 octobre, les Ivoiriens ont le choix entre l’empoisonneur et le guérisseur, entre le poison et le médicament ».

Cher maître, m’inspirant de votre enseignement de méthodologie, j’ai consulté le dictionnaire afin de cerner le concept de poison.
De ces lectures, j’ai appris que la notion de poison renvoie à plusieurs sens.
Le poison, c’est d’abord une substance toxique qui peut provoquer la détérioration ou la perturbation des fonctions vitales ou la mort d’un corps.
Le poison, c’est également un fait ou un élément perturbateur, néfaste ou pernicieux pour un corps physique ou social.
Le poison, c’est enfin une personne capricieuse ou acariâtre ; c’est ainsi que les éducateurs qualifient certains enfants de « poison » en raison de leurs caprices qui perturbent la cohésion de la classe.

Par ailleurs, au sens figuré, le poison est une maxime pernicieuse, un écrit ou un discours qui corrompt le cœur et l’esprit. A cet égard, l’on parle de productions littéraires pernicieuses.

Vous avez également soutenu, cher maître, que la plupart des principaux candidats à l’élection présidentielle du 31 octobre 2010 (Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara) ont eu en main la gestion de ce pays. Vous comprendrez, cher maître, que je ne ferai pas leur bilan à leur place. Mais, en faisant une lecture rétrospective des différents scandales qui ont émaillé vos 10 années de régime, sans vous accuser d’être un empoisonneur, crime de lèse-majesté que je n’oserai point, j’ai pu noter pêle-mêle, quelques « poisons » introduits dans le corps social de la Côte d’Ivoire par vos principaux collaborateurs ou sous votre régime.

Cher maître,
Au cours de vos nombreux périples entre 1990 et 2000, dans la Côte d’Ivoire profonde, vous avez demandé aux paysans de vous faire confiance en ces termes : « donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende ». Par cette formule, vous leur montriez que vous avez un programme destiné à la promotion du monde paysan. Selon vous, les paysans devraient être les premiers bénéficiaires du fruit de leur labeur. Mais, cher maître, lorsque vous avez pris le pouvoir, c’est avec consternation et indignation que plus de 600 milliards de nos francs, ont été, selon certains, détournés dans les filières agricoles.

Le scandale le plus tragique pour vos amis paysans concerne la filière café-cacao. En effet, selon une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale en septembre 2005, sur environ 125 milliards de francs CFA prélevés sur le dos des planteurs, entre 2002 et 2004, seuls environ 40 milliards de francs CFA ont été régulièrement dépensés au bénéfice de la filière. Une partie de l’argent détournée a servi, selon plusieurs sources, à l’achat d’armes au temps fort de la crise militaro-politique.
La détention illégale (parce que sans procès) depuis plus de deux ans de certains gestionnaires de cette filière peut inciter le citoyen ordinaire que je suis, à croire qu’il s’agit d’un écran de fumée. Par cet acte, cher maître, vous avez empoisonné le monde paysan en le perturbant par les scandales à répétition.

Cher maître, certaines mauvaises langues soutiennent que vos collaborateurs sont à la base d’une véritable arnaque portant sur une usine « fantôme » de 100 milliards à Fulton aux Etats-Unis. L’usine en question, introuvable sur le territoire Américain a coûté la somme de 100 milliards de francs CFA au contribuable ivoirien. En termes clairs, de petits malins, au sein du FPI, avaient subtilisé cette manne dans les caisses de l’Etat de Côte d’Ivoire, pour se la partager. Une étude faite par les bailleurs de fonds a révélé que 242 millions de francs CFA étaient débloqués chaque mois pour payer les travailleurs de cette usine inexistante.
Quelle poison pour le Trésor Ivoirien !

Cher maître,
On soutient également que certains de vos attachés et conseillers militaires se sont illustrés sur le marché international de l’armement comme de véritable mafieux, en raison de leur propension à réclamer des commissions sur les achats d’armes, pendant la crise, entre 2002 et 2006. A cet effet, ils ont mis en place un système pour soutirer des ressources importantes de l’Etat de Côte d’Ivoire afin d’acheter sur le marché international, des armes datant de l’ère Soviétique et nous ne sommes point surpris qu’avec de tels vestiges de l’histoire dignes de musées de l’armée, nos soldats aient été incapables de récupérer le moindre mètre carré occupé par la rébellion.
En agissant ainsi, ils ont humilié notre armée et perturbé le fonctionnement de cette grande institution de la République. Il s’agit là encore d’un véritable poison.


Oh ! Mari-Djata,
Certains de vos collaborateurs ont élaboré et mis en œuvre un système de blanchiment de faux billets. C’était en octobre 2007. Les Ivoiriens assistaient à la découverte de faux billets de dollars non loin du domicile d’un de vos proches. Sur cet autre scandale, les Ivoiriens ne cessent de se demander pourquoi vous vous êtes précipité au domicile de votre ami de longue date pour « constater les faits ». On pourrait dire, fort de l’impunité dont il a bénéficié, plusieurs Ivoiriens se réclamant de vous ont mis en place des sociétés de placement d’argent en toute illégalité sur l’ensemble du territoire national.

Comme si tous ces poisons, au sens figuré, n’étaient pas suffisamment toxiques pour les Ivoiriens, vos collaborateurs ont alors décidé d’utiliser les grands moyens en empoisonnant matériellement les Ivoiriens avec les déchets toxiques déversés nuitamment dans les principales zones habitées du district d’Abidjan et même à l’intérieur du pays, en août 2006.
Vous vous souviendrez, sans doute, cher maître, des tonnes de déchets toxiques déversés par le Probo Koala ou « Probo Kloaba », selon les Ivoiriens, qui se sont soldés par plus d’une dizaine de morts. Devant l’émoi suscité pat un tel crime, vous avez accepté une commission d’enquête dont vous avez rejeté avec mépris, les résultats qui situaient sans ambigüité la responsabilité de vos principaux collaborateurs, et mieux, vous avez rétabli les mis en cause dans leurs fonctions alors qu’ils faisaient l’objet d’une suspension administrative.
Pire, cher maître, vous vous êtes rendu coupable, aux yeux des citoyens lambda d’un « deal » d’un montant de 100 milliards de francs CFA avec la société Trafigura, auteur de l’empoisonnement et de la souillure de notre pays.

Ces négociations ont été conduites, en personne, par l’un de vos principaux conseillers. Il est inimaginable pour le citoyen que je suis qu’une telle initiative d’un conseiller fut-il spécial ne bénéficie pas de votre caution.
En agissant ainsi, cher maître, vous avez cautionné moralement et politiquement un crime qui sera difficile à l’histoire d’oublier.
Les historiens soutiendront que sous votre régime, la côte d’Ivoire était devenue la poubelle de l’humanité.


Oh ! Mari Djata,
Et pourtant dans l’énoncé n°31 de la charte de Kurukan Fugan dont vous êtes le garant, il est écrit : « il y a cinq façon d’acquérir la propriété : l’achat, la donation, l’échange (le commerce), le travail et la succession. Toute autre forme (d’acquisition) sans témoignage probant est équivoque ».
Les faits non exhaustifs que nous venons de présenter constituent à nos yeux, des faits d’enrichissement équivoque, donc capable de perturber le fonctionnement de notre société.
Si les Ivoiriens, le 31 octobre 2010, doivent choisir entre l’empoisonneur et le guérisseur, je crains fort que vous n’ayez que vos yeux pour pleurer au soir de cette date car je suis convaincu, au regard des faits, qu’il leur sera difficile de vous classer parmi les guérisseurs.
Vous avez transformé la poche de moralité en une poche d’immoralité.
Salut à vous, Mandé Mansa, l’ami des savants !
Lemassou FOFANA al-Muqaffa
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ