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Art et Culture Publié le samedi 2 octobre 2010 | Le Mandat

Dossier/ Us et coutumes/ Les masques africains : Entre mort et protection

Représentation naturaliste ou stylisée, sous forme de géants, de nain ou d’animal, les masques africains représentent les puissances de l'au-delà. Ce sont souvent des esprits ancestraux, c'est-à-dire des esprits des morts, de génies naturels et de démons liés à des maladies. Importants pour le peuple africain qui lui voue un culte. Ces masques sont-ils toujours sans danger pour les populations ?

Les masques africains sont des figures faites de bois sculpté. Ils servent d’institution religieuse et sociale dans certains peuples et font généralement leur apparition dans les phases de transition. La nuit, lors du renouvellement de l'an, à l'occasion de l'action de grâces, pendant les initiations, les funérailles et les commémorations des morts. Ce sont surtout les Ancêtres qui profitent de ces occasions pour évoquer et intercéder pour les fautes commises au cours de la période écoulée. Il faut signaler que celui qui porte le masque n'est pas seulement un acteur représentant la puissance spirituelle. Lors des rituels, il s'identifie à elle jusqu'à en être possédé et à devenir pleinement l'esprit auquel il prête son corps.

Les caractéristiques d’un masque
Il y a dans les masques, deux caractères essentiels qui aident à la compréhension de leurs fonctions respectives. Les masques comme institution associés aux rites et à la pratique de la danse. Nous pouvons distinguer deux types de masques : les masques sacrés et les masques profanes.

Les masques sacrés
Les masques sacrés représentent les ancêtres de tous les masques. Ils représentent une divinité, une force et détiennent les pouvoirs religieux. Ils exercent une action propitiatoire à l' égard des puissances bénéfiques (génies, dieux secondaires) qui sont des intermédiaires entre les hommes et une déité diffuse dans l’univers. Ils expriment la majesté, la sagesse, le mystère des forces surnaturelles qui les animent. Ils sont chargés de montrer l’invisible et peuvent aussi éloigner les puissances du mal, tout en protégeant les hommes des forces maléfiques. Ils interviennent également dans des cérémonies particulières ; tels les rites de passage, purification, sacrifice, initiation, conjuration...
Bons et justes, ces masques jouent un rôle essentiel dans le rétablissement de l’ordre social. Ils représentent en outre des ancêtres et Dieu. Ils punissent ceux qui apportent le désordre et l’insécurité. Juges suprêmes, ils détiennent les pouvoirs juridiques et règlent les litiges, les problèmes de familles, de clans et de tribus. Soulignons que ces masques ne sortent que pour des événements importants. Et ce, publiquement ou dans une enceinte privée voire sacrée. Ils sont généralement vêtus d’une grande jupe de raphia faite de palmier séché. Leur énorme coiffe est faite de plumes, de peaux de bêtes ou de tissu recouvert de cauris. Leurs ornements composés de chasse- mouche, bâton, grelots aux pieds servent à marquer le rythme. Le jour de sa sortie, il y a une grande mobilisation de la population. Enfin, chacun passera au terme de la cérémonie, devant le masque sacré pour recevoir le kaolin purificateur.

Les masques profanes
Cette catégorie de masques est représentée par un ensemble de petits masques très nombreux qui se produisent au moment des fêtes de réjouissance. Ce sont des masques de divertissement. Ils représentent les ancêtres du clan de la famille, destinés à attirer l'âme de l’ancêtre et à capitaliser sa puissance vitale. Immortels, ils sont dépositaires du patrimoine culturel. Mémoire du peuple, il leur appartient de raconter l’histoire. Ils forment ainsi une société hiérarchisée. Il est bon de souligner que c’est le masque sacré qui est au sommet, est entouré par une cour d’autres masques. Il s’agit entre autres du masque guerrier : chargé de la conquête et de la défense du territoire, il accompagne le masque sacré lorsqu' il s’agit de rendre la justice en cas de préjudice. Lors des fêtes, il est chargé de surveiller les comportements de tout un chacun pour détecter les mauvais éléments. Le masque griot, lui est le compagnon fidèle du masque sacré. Il est un chanteur solitaire, il loue les louanges du masque sacré. Il est aussi le masque espion, il écoute, observe et rapporte au masque sacré tout en l’influençant à être plus clément. Historien, généalogiste, le masque chanteur, le’’ Blégla’’ originaire de l’Ouest chante les louanges des hommes. Quant au ‘’Débéglaha’’, il est un masque danseur, il anime toutes les fêtes. Il est indispensable pour les réjouissances tout comme les funérailles. Le masque danseur est un des premiers masques apparus. Il est doté d’une forte vitalité. On peut le voir très souvent accompagné du masque chanteur. Le masque mendiant est à la fois en bas et en haut de la hiérarchie. Il est en quête de spécialité. En attendant d’être initié dans l’art de la danse, du chant, de la guerre, il distrait le monde par ses plaisanteries et ses mimes. Il va de case en case mendier des aliments. Soulignons que le ‘’Goli’’ qui fait partie des masques de réjouissances est un masque danseur sacré. Il est dansé chez les Baoulé et au centre-ouest chez les Wan, c’est-à-dire les Gouros de Kounanhiri qui en sont les précurseurs. L’histoire retient que les Wan qui font partie du groupe ethnique Gouro, étaient les premiers habitants de Bouaké. Ils sont les créateurs du ‘’Goli’’ ; l’une de leurs plus anciennes danses. En dansant, le ‘’Goli’’ imite le dragon et montre la manifestation d’un esprit qui l’habite provisoirement. Tout comme le ‘’Goli’’, le ‘’Zaouli’’ est un masque de réjouissances. Très rythmique, il suit les cadences du tam-tam. Le porteur de masque: le porteur de masque est initié. Son identité doit toujours rester secrète. Sa personnalité s’efface complètement. Il n’est qu’un support humain par lequel le masque devient accessible aux hommes.

Pourquoi faut-il avoir peur des masques ?
La communication avec les êtres spirituels et le contact direct avec les masques sont parmi les privilèges des hommes qui, dans de nombreuses sociétés, se réunissent secrètement et mettent les masques à l'abri des non-initiés. Tout comme les statuettes, les masques africains peuvent s’effondrer à tout instant et causer la mort. Il est interdit aux femmes et aux enfants, sous peine de mort de connaître l'identité des danseurs portant le masque. Aussi, même si à leur corps défendant, il advient qu’ils découvrent l’identité de ces masques, ils sont exposés à une sanction qui peut aller jusqu’à la mort. « Ma sœur est décédée trois jours après qu’elle ait vu un masque interdit aux femmes. Elle se lavait à la belle étoile et n’a pas entendu le griot dire aux femmes de se cacher. », explique une jeune dame, originaire d’un village de Sakassou. M. T. Lambert, fonctionnaire dans un petit village de l’Ouest lui, avoue avoir été victime d’un début de folie. « Alors que je revenais d’une virée nocturne, j’ai rencontré un masque sacré. Quelques jours après, je suis tombé gravement malade. Ce mal a pris l’allure d’une folie. Après plusieurs consultations, l’origine de mon mal a été découverte par mes parents. Avec des sacrifices et des rituels j’ai pu retrouver la santé. C’est pourquoi il est demandé aux victimes de toujours porter à la connaissance des sages du village, chaque fois que ce cas se présentait, pour être libéré du joug de ces esprits. » A la question de savoir pourquoi les victimes refusent le plus souvent d’informer ces sages, dès l’apparition de ces masques, You Blaise s’est voulu clair, « Le rituel, pour être délivré est beaucoup pénible. Il arrive souvent que les sacrifices à faire soient également coûteux. Quoiqu’il en soit, ces mesures peuvent se révéler inefficaces si le masque est nourri d’une intention de nuire. »La non participation des femmes à ces rituels s’explique par de nombreux mythes qui évoquent un temps où le secret des masques était aux mains des femmes, avant qu'il ne leur soit enlevé par les hommes. Certainement, du fait de leur indiscrétion. Tout compte fait, des masques, par leur caractère sacré sont interdits sur les antennes de télévision. A fortiori au musée des Civilisations où nous sommes passés. Le Ministère du Tourisme est également très regardant sur cet aspect de la chose pour la protection des populations. Les masques vus sur les antennes de la télévision sont généralement exempt de leur caractère sacré. Mais par mesure de sécurité, il est recommandé beaucoup de prudence aux populations. Car, sait-on jamais !

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