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Art et Culture Publié le vendredi 1 octobre 2010 | Notre Heure

Interview / Stézo ( rappeur ivoirien vivant en France) : ‘’ Aujourd’hui, le diable s’est emparé de la musique rap…’’

Aujourd’hui, le temps a passé. Le mouvement hip-hop a pris du plomb dans l’aile. Parce que les deux principaux animateurs ont quitté le pays pour aller voir ailleurs. Mais aussi et surtout le mouvement n’a pu résister à la furia du zouglou. Porté disparu depuis huit ans, Stézo est rentré samedi dernier au bercail pour un très bref séjour. L’homme a changé. Voire mûri. La sagesse, celle de Dieu, est passée par là. Même s’il embouche encore le flow et le beat du hip-hop, c’est à la gloire du Très-Haut qu’il le fait. Il est désormais prophète du Christ. Découvrons-le.

• Où est-ce que tu te cachais ?

- Je suis en France depuis huit ans. Puisque je suis parti en 1999. Voilà ce que je peux dire humainement parlant. Mais spirituellement parlant, je peux dire que j’étais dans le désert.

• Et au plan de ta carrière ?
- Au plan de ma carrière musicale, il faut dire que je n’ai pas arrêté de travailler. J’ai, par exemple, bouclé un album il y a quelque temps puis j’ai décidé qu’il ne sortirait pas.

• Et pourquoi ?
- C’est en ce moment que ma conversion est arrivée. Mais surtout cet album ne reflétait plus ma nouvelle vision et ne comportait pas ce que Dieu demande. J’ai donc bloqué la sortie. Et j’ai retravaillé pour ce nouvel album qui va sortir. En clair, ça a été pour moi huit années de réflexion pour pouvoir aller plus loin et être plus performant.

• Comment travailles-tu ? Toujours avec la flotte impériale ?
- La flotte impériale s’est dispersée. Il y en a qui sont en Europe, aux Etats-Unis. Je travaille maintenant avec un nouveau groupe dont je tais pour le moment le nom. Je produis aussi des rappeurs français.

• Stézo est maintenant un homme de Dieu ?
- C’est quand je suis allé en France que Dieu s’est présenté à moi. Oui, Dieu s’est présenté à moi. Parce que moi, je n’ai pas été évangélisé. C’est Dieu lui-même qui s’est présenté et qui m’a parlé. Il m’a fait comprendre les difficultés que j’avais quand j’étais adolescent. Et les dons spirituels que j’avais puisque quand j’étais encore ici, je ne savais pas à quoi ça servait. Mes parents étaient catholiques et dans l’Eglise catholique on ne connaît pas ces choses-là. Je suis arrivé en France et Dieu s’est présenté et il a permis de comprendre maintenant pourquoi justement dans mon comportement il y avait des choses qui coïncidaient avec les choses bibliques et de Dieu. Je n’ai pas changé, c’est que seulement Dieu a réorienté ma vie et il réalise maintenant ce que je devrais être. C’est-à-dire un serviteur de Dieu.

• Comment Dieu s’est il révélé à toi ?
- Bon, je vais résumer. C’est que j’ai perdu tout mon sang et il a été remplacé par Dieu, sans intervention médicale. Et le jour où je mourais presque, c’est là que Dieu est apparu dans la chambre où j’étais. Il m’a appelé par mon prénom et m’a dit : «Tu es issu d’une famille chrétienne. Et cela fait combien de temps que tu n’as pas prié ?» Ce qui fait que je suis encore en vie, c’est que je lui ai fait une promesse.

• Laquelle ?
- Celle de l’adorer et de le louer toute ma vie. Ainsi, pour revenir à mon témoignage, il a changé mon sang. C’est un médecin qui me l’a révélé. Il m’a dit que le sang que j’ai, c’est comme si c’était le sang de quelqu’un d’autre. C’est un miracle et c’est Dieu qui l’a fait.

• De quoi tu souffrais ?
- Personne ne savait. Moi-même je ne savais pas. D’ailleurs personne ne pouvait savoir parce que ce n’était pas naturel. Je suis arrivé en France en bonne santé et c’est quelques mois après que c’est arrivé. A mon analyse, c’était une délivrance, une manière pour Dieu de me détacher de certaines choses.

• Alors, tu es maintenant un serviteur de Dieu…
- Oui, j’ai un appel de prophète. Quand j’étais encore ici, il est vrai que tout ce que je disais se réalisait et j’étais calme. En fait, je voyais des choses que les autres ne voyaient pas. Je vivais des choses et plusieurs fois j’ai été attaqué physiquement par des esprits qui étaient dans le monde spirituel. Là, j’étais encore en Côte d’Ivoire, ici. Je ne connaissais pas encore Dieu. Dieu est venu juste pour confirmer ce que je suis et me permettre de comprendre pourquoi toutes ces choses me sont arrivées. Oui, je suis prophète dans une église à Paris.

• Revenons à l’époque de la floraison du rap. Quels souvenirs tu en as ?
- Le souvenir que je garde, c’est qu’on a élevé le hip-hop à un certain niveau. Ça s’est arrêté justement parce qu’il y avait un problème de leadership. Nous nous sommes arrêtés justement à un moment où on aurait pu, par notre créativité, donner ses notes de noblesse à cet art en introduisant la culture africaine dans le hip-hop qui, à la base, est une culture black mais qui a été transformé aux Etats-Unis. C’est à ce niveau-là que le hip-hop ivoirien s’est bloqué. Je garde un bon souvenir de cette époque. Almighty et moi avons été les seuls rappeurs qui ont permis au rap ivoirien d’exploser jusqu’au-delà des frontières africaines. A part Positiv Black Soul, nous avons été les seuls rappeurs africains à le faire. Aujourd’hui, je sais que la flamme du hip-hop s’est éteinte. Almighty et moi en France, Angelo aux Etats-Unis, je pense qu’il existait des structures pour maintenir la flamme. Ça ne s’est pas fait, c’est qu’il y a problème.

• C’est donc une lutte de leadership qui t’opposait à Almigthy ?
- Non. A l’époque, moi, je représentais une tranche de la jeunesse. Je suis né à Cocody. Et lui, le ghetto, parce que né aux 220 logements. C’étaient donc deux écoles différentes. De la même manière que Biggie Small et 2 PAC (paix à leurs âmes), avaient organisé leur opposition de manière marketing, nos managers l’avaient fait aussi. Maintenant le problème qui s’est posé c’est que dans toute chose, il y a du fanatisme. Donc il s’est trouvé des personnes qui ont pris ça de la manière qu’il ne fallait pas. Les parents de Almighty et les miens sont des amis. Lui et moi nous sommes ensemble à Paris. Je pense que ce qu’on devrait faire à cette époque-là, on l’a fait.

• Juste une opposition de façade, un marketing… ?
- Notre opposition était une promotion marketing. Sinon je pense qu’il y aurait eu des morts. Parce que ça avait atteint un niveau sérieux. Ce n’est pas qu’on voulait opposer des jeunes. Les américains appellent ça le beef. Le rap est très complexe. Il a été créé pour revendiquer la cause des peuples qui soufrent. Le rap est tellement complexe que pour l’éclore et le faire sortir, il y a des stratégies qui vont avec. Ça a toujours été ainsi partout où il a fallu imposer le rap. C’est ça les beefs qui sont en fait des clashs, des oppositions entre des MC. Juste pour faire décoller le mouvement.

• Quel regard portes-tu aujourd’hui sur cette musique ?
- Aujourd’hui, le diable s’est emparé du rap, si tu n’as pas des filles en string, de la luxure, de l’argent dans un clip vidéo, c’est comme si tu ne fais pas du rap. Aujourd’hui, malheureusement les jeunes ivoiriens sont en train de suivre ça. Parce que certainement les gens se disent que tant qu’il n’y a pas de filles nues, y a pas de rap.

• Un mot sur le nouvel album que tu sors.
- Il a pour titre “Ma Mission”. Quand Dieu t’appelle. Il te donne une mission. La mienne, c’est celle de m’occuper de ceux qui pleurent, qui souffrent et des pauvres. Ma mission, c’est de leur apporter la bonne nouvelle. Parce que la bible dit : «Dieu m’a oint pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres.»

(Africahit)
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