Au lendemain du 1er tour de l’élection présidentielle qui a donné l’occasion à de nombreux candidats de faire des propositions en matière de santé, nous avons recueilli les impressions de M. Donatien Robé, Ivoirien résidant à Paris et président d'une Ong qui milite en faveur de la mise en oeuvre de l'Assurance maladie universelle (AMU).
En tant qu'Ivoirien, quel commentaire faites-vous du 1er tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire?
Cette élection a montré que les Ivoiriens en avaient marre de cette crise et de ce gouvernement hétéroclite. Ils sont allés massivement voter avec l’objectif de clarifier les choses. Aussi, nous qui faisons la promotion de l’Assurance Maladie Universelle (AMU), avons été satisfaits de ce que tous les candidats aient rivalisé d’idées pour proposer des formules pour le financement de la santé des Ivoiriens. Même ceux qui hier combattaient l’AMU, se sont rendu compte que les Ivoiriens sont attachés à ce projet. Ils ont donc proposé des projets similaires. D’aucuns ont parlé d’assurance maladie sectorielle, de gratuité de soins de base, de gratuité de l’accouchement ; d’autres ont parlé de gratuité des soins d’urgence, d’assurance maladie de proximité, etc. En tout cas, l’AMU qui est la préférence des Ivoiriens, les a tous inspirés. Les Ivoiriens doivent donc rester vigilants car il y a des propositions trompeuses.
Lesquelles vous paraissent trompeuses?
Je parlerais de celle de M. Alassane Ouattara, puisque c’est lui qui est au 2e tour avec M. Laurent Gbagbo, inspirateur de l’AMU. M. Alassane Ouattara veut instaurer une couverture santé afin que les soins de base et les médicaments essentiels soient gratuits, sans indiquer toutefois qui paiera pour cette gratuité. Et puis, il faudrait qu’on explique aux Ivoiriens la notion de ''médicaments essentiels'' car cette notion est à la fois vague et relative. Il est évident que pour n’importe quel malade, le traitement lié à sa pathologie est essentiel à ses yeux, mais peut ne pas l’être pour celui qui régule le système. Les Ivoiriens doivent donc se méfier des notions marketing en période de campagne électorale. Je voudrais aussi relever une chose importante : lors de son passage à l’émission ''Face aux électeurs'', M Alassane Ouattara a surpris les téléspectateurs en disant qu’il ne connait pas ‘’l’initiative de Bamako’’. Le comble est que ce sont les journalistes qui lui expliquaient le principe de cette convention. M. Alassane Ouattara qui a mis en avant dans cette élection présidentielle sa droiture, son honnêteté, sa crédibilité, a dit à la face de la nation ivoirienne une contrevérité flagrante. En disant cela, il met tout son projet de société en doute.
Qu 'est-ce qui vous fait dire cela ?
Ecoutez,''l’initiative de Bamako'' est en réalité une des conséquences des programmes d’ajustement structurel (PAS). Elle contraint les pays africains à réduire leurs dépenses de santé par la suppression de la gratuité des soins qui existait depuis les indépendances et la réduction de l’investissement public dans la santé. Ceci pour réduire le train de vie de nos Etats. Ainsi est née la politique de ''recouvrement des coûts'' dans la santé qui fait que désormais, quand vous allez à l’hôpital, vous payez avant d’être soigné. M. Alassane Ouattara en sait donc quelque chose, lui qui était au moment de la signature de cette convention en 1987, le directeur Afrique du FMI, initiateur des PAS. Et puis, M. Ouattara ne peut pas ignorer l’initiative de Bamako pour la simple raison qu’avant d'appliquer une convention, on prend la peine de la connaître. Or, lorsqu’il a été nommé 1er ministre en Côte d'Ivoire, M. Alassane Ouattara a lancé la mise en œuvre de la politique de ''recouvrement des coûts'' en expérimentant la suppression de la gratuité des soins à partir de 1991 et en réduisant le personnel de santé. Vous comprenez donc qu'il connaît bel et bien ‘’l’initiative de Bamako’’. Dire ainsi qu’il ne connaît pas cette convention prouve encore une fois que son projet en matière de santé n’est pas sincère. Je comprends que cela le gêne en cette période électorale, parce que les PAS de façon générale et le ''recouvrement des coûts'' spécifiquement, sont aujourd'hui dénoncés en raison de leur sévérité. La santé des Ivoiriens a été sacrifiée par ces programmes. Mais Alassane Ouattara doit assumer ce qu'il a fait. D'ailleurs, une fois élu, il est possible qu’il fasse le contraire de ce qu'il propose. Les Ivoiriens doivent en être inquiets. C’est certainement pour cela que le journaliste modérateur Thomas Bahinchi lui a demandé de prendre l’engagement qu’il ne demandera pas aux Ivoiriens de serrer encore la ceinture comme en 1990, en raison de la crise que nous avons connue. Pour ma part, je dirais aux Ivoiriens qu’ils ont l’AMU qui est un projet pertinent, bien ficelé. Ils ont à choisir entre le doute et la certitude.
Réalisé via internet par
Franck SOUHONE
code photo: Robé
Légende: Donatien Robé pense que le programme d'assurance maladie du candidat du Rdr est une pâle copie de l'AMU
En tant qu'Ivoirien, quel commentaire faites-vous du 1er tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire?
Cette élection a montré que les Ivoiriens en avaient marre de cette crise et de ce gouvernement hétéroclite. Ils sont allés massivement voter avec l’objectif de clarifier les choses. Aussi, nous qui faisons la promotion de l’Assurance Maladie Universelle (AMU), avons été satisfaits de ce que tous les candidats aient rivalisé d’idées pour proposer des formules pour le financement de la santé des Ivoiriens. Même ceux qui hier combattaient l’AMU, se sont rendu compte que les Ivoiriens sont attachés à ce projet. Ils ont donc proposé des projets similaires. D’aucuns ont parlé d’assurance maladie sectorielle, de gratuité de soins de base, de gratuité de l’accouchement ; d’autres ont parlé de gratuité des soins d’urgence, d’assurance maladie de proximité, etc. En tout cas, l’AMU qui est la préférence des Ivoiriens, les a tous inspirés. Les Ivoiriens doivent donc rester vigilants car il y a des propositions trompeuses.
Lesquelles vous paraissent trompeuses?
Je parlerais de celle de M. Alassane Ouattara, puisque c’est lui qui est au 2e tour avec M. Laurent Gbagbo, inspirateur de l’AMU. M. Alassane Ouattara veut instaurer une couverture santé afin que les soins de base et les médicaments essentiels soient gratuits, sans indiquer toutefois qui paiera pour cette gratuité. Et puis, il faudrait qu’on explique aux Ivoiriens la notion de ''médicaments essentiels'' car cette notion est à la fois vague et relative. Il est évident que pour n’importe quel malade, le traitement lié à sa pathologie est essentiel à ses yeux, mais peut ne pas l’être pour celui qui régule le système. Les Ivoiriens doivent donc se méfier des notions marketing en période de campagne électorale. Je voudrais aussi relever une chose importante : lors de son passage à l’émission ''Face aux électeurs'', M Alassane Ouattara a surpris les téléspectateurs en disant qu’il ne connait pas ‘’l’initiative de Bamako’’. Le comble est que ce sont les journalistes qui lui expliquaient le principe de cette convention. M. Alassane Ouattara qui a mis en avant dans cette élection présidentielle sa droiture, son honnêteté, sa crédibilité, a dit à la face de la nation ivoirienne une contrevérité flagrante. En disant cela, il met tout son projet de société en doute.
Qu 'est-ce qui vous fait dire cela ?
Ecoutez,''l’initiative de Bamako'' est en réalité une des conséquences des programmes d’ajustement structurel (PAS). Elle contraint les pays africains à réduire leurs dépenses de santé par la suppression de la gratuité des soins qui existait depuis les indépendances et la réduction de l’investissement public dans la santé. Ceci pour réduire le train de vie de nos Etats. Ainsi est née la politique de ''recouvrement des coûts'' dans la santé qui fait que désormais, quand vous allez à l’hôpital, vous payez avant d’être soigné. M. Alassane Ouattara en sait donc quelque chose, lui qui était au moment de la signature de cette convention en 1987, le directeur Afrique du FMI, initiateur des PAS. Et puis, M. Ouattara ne peut pas ignorer l’initiative de Bamako pour la simple raison qu’avant d'appliquer une convention, on prend la peine de la connaître. Or, lorsqu’il a été nommé 1er ministre en Côte d'Ivoire, M. Alassane Ouattara a lancé la mise en œuvre de la politique de ''recouvrement des coûts'' en expérimentant la suppression de la gratuité des soins à partir de 1991 et en réduisant le personnel de santé. Vous comprenez donc qu'il connaît bel et bien ‘’l’initiative de Bamako’’. Dire ainsi qu’il ne connaît pas cette convention prouve encore une fois que son projet en matière de santé n’est pas sincère. Je comprends que cela le gêne en cette période électorale, parce que les PAS de façon générale et le ''recouvrement des coûts'' spécifiquement, sont aujourd'hui dénoncés en raison de leur sévérité. La santé des Ivoiriens a été sacrifiée par ces programmes. Mais Alassane Ouattara doit assumer ce qu'il a fait. D'ailleurs, une fois élu, il est possible qu’il fasse le contraire de ce qu'il propose. Les Ivoiriens doivent en être inquiets. C’est certainement pour cela que le journaliste modérateur Thomas Bahinchi lui a demandé de prendre l’engagement qu’il ne demandera pas aux Ivoiriens de serrer encore la ceinture comme en 1990, en raison de la crise que nous avons connue. Pour ma part, je dirais aux Ivoiriens qu’ils ont l’AMU qui est un projet pertinent, bien ficelé. Ils ont à choisir entre le doute et la certitude.
Réalisé via internet par
Franck SOUHONE
code photo: Robé
Légende: Donatien Robé pense que le programme d'assurance maladie du candidat du Rdr est une pâle copie de l'AMU
