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Politique Publié le lundi 8 novembre 2010 | Nord-Sud

160.000 fonctionnaires, 13.000 salariés privés : Comment trouver du travail aux jeunes ?

Les chiffres de l’emploi au niveau de l’administration publique sont en nette croissance. Quant au secteur privé, ils se réduisent d’années en années. Un mauvais signal pour la relance économique.

Selon le ministre Emile Guiriéoulou, la Fonction publique compte, à ce jour, 160.000 fonctionnaires et agents de l’Etat. C’est une croissance quasi-exponentielle d’autant qu’en 2000, cet effectif était de 98.000 contre 104.000 en 2002. La masse salariale n’a cessé de gonfler également au fil des années, passant d’environ 400 milliards à 814 milliards de Fcfa en 2010. Quant au secteur privé, il s’est comprimé. Les statistiques de la Chambre de commerce et d’industrie montrent qu’à l’indépendance, il y avait 180.000 salariés dans le secteur privé contre 300.000 en 1970. En 1980, ce chiffre est passé à 450. 000 salariés avant de tomber à 400.000 en 1990. Mais en 2000, il est reparti en hausse avec 576. 000 salariés. Soit près de 200.000 nouveaux emplois. Mais à cause de la crise, cette tendance s’est littéralement inversée. En 2002, le nombre de salariés a chuté à 26.000, avant de dégringoler à 13.000 aujourd’hui. En réalité, sur la période de 2002 à 2005, le secteur privé a vendangé à peu près 100.000 emplois. Un recul lié aux évènements tragiques de novembre 2004. Les destructions d’entreprises et la perte de dynamisme des PME et PMI ont considérablement affecté la croissance. Un rapport du Fonds monétaire international (FMI) révèle que le taux de croissance est ressorti nul de 2000 à 2007, contre 6,6% de 1994 à 1999. Quoi qu’il en soit, le bilan partiel établi par le Conseil national du patronat ivoirien (CNPI) a établi que les actes de pillages ont entraîné la fermeture de 106 entreprises pour cause de détérioration de leur outil de production. Au total, 150 entreprises ont été sinistrées et 70 ont dû mettre la clé sous le paillasson avec 36.000 emplois perdus en novembre 2004. Sur 147 filiales de grandes entreprises françaises recensées, 135 fonctionnaient au ralenti, favorisant ainsi la hausse du chômage et de la pauvreté. Au forum du dialogue économique, le président de la Chambre de commerce et d’industrie Jean-Louis Billon dénonçait un coup d’Etat économique permanent dont les entreprises sont les principales victimes. «Si la guerre ivoirienne est essentiellement politique, nous sommes unanimement convaincus que l’otage principal, après la population, est l’économie en général et le secteur privé en particulier», observe-t-il. Selon le patronat, les fermetures ont provoqué près de 200 millions de pertes sèches de cotisation par mois au niveau de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Le taux de pauvreté est passé de 38% en 2002 à 50% en 2005 puis à 62 % en 2010, selon le Programme des Nations Unies pour le développement. Ce n’est pas tout. En 2008, le Conseil des investisseurs français en Afrique (Cian) a dénoncé, lui aussi dans un rapport, un harcèlement fiscal. Selon Jean-Louis Billon, la disparition d’emplois est due en partie, à l’environnement politique délétère avec son corollaire de conditions défavorables à l’investissement. Ce qui rebute les investisseurs privés et étrangers. Aujourd’hui, il n’y a pas de grands projets d’infrastructures encore moins de projets structurants à même d’employer massivement les Ivoiriens. Pourtant le système éducatif déverse annuellement sur le marché, plus de 30.000 demandeurs d’emplois. En 2007, les agences des Nations-Unies (Onudi, Bit, Pnud) et le Réseau pour l’emploi des jeunes (Yen) ont mis en place un programme quinquennal pour l’emploi. D‘un coût de 11 milliards Fcfa, ce programme devrait permettre d’accroître les opportunités d’emplois offertes aux jeunes par la promotion de l’auto-emploi et l’amélioration de l’employabilité des jeunes dans les branches du secteur privé ayant besoin de main d’œuvre.

Lanciné Bakayoko
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