Cette œuvre colle à l’actualité politique en Côte d’Ivoire, où les assoiffés de pouvoir, pour atteindre leurs objectifs, s’adonnent à une véritable chasse à l’homme. Le sang des innocents n’a pas arrêté de couler depuis que des personnes de mauvaise foi ont perpétré dans ce pays, le Coup d’Etat en 1999. Ce putsch a ouvert une nouvelle page de l’histoire en Côte d’Ivoire. Car depuis lors, le sang n’a pas cessé de couler. Le dimanche 28 novembre, les Ivoiriens iront choisir celui qui mettra fin à toutes ces atrocités dont on ignore le véritable parrain. Ce qui est marrant, c’est que tous les écrivains africains ont dénoncé les tares sociales qui sont en train de se réaliser. Ahmadou Kourouma n’avait de cesse à dénoncer les horreurs qui frappent et asservissent toujours la condition humaine dans le monde. Dans cet ouvrage, il évoque la sorcellerie, la guerre tribale, les enfants soldats, la situation dans les pays pendant la guerre et la guerre tribale de l’Afrique de l’Ouest. Avec une foi indicible pour la paix et le respect de tout un chacun, sa voix a dépassé les frontières de l’Afrique et est devenue, par ses témoignages sans concession contre les tyrannies, le poil à gratter des dictateurs de toutes latitudes. Dans ce dessein, le message universel de paix d’Ahmadou Kourouma, un des grands auteurs de la littérature contemporaine, prend naturellement sa place dans son continent, l’Afrique, où des enfants, des femmes et des hommes sont torturés par les horreurs de la guerre. Avec « Allah n’est pas obligé » (ndlr édition de septembre 2000), l’écrivain s’attaque à un mal qui n’a pas de limite dans ces horreurs guerrières, l’enrôlement d’enfants soldats à la solde des seigneurs de guerre, des buveurs du sang d’une Afrique fragiliser. C’est ainsi que Birahima, un enfant de douze ans, a pour ambition d’être engagé auprès de ces criminels dans le but d’avoir le privilège de porter une arme. Accompagné d’un marabout escroc, anciennement marchand ruiné et pensant faire de bonnes affaires dans un pays meurtri, il rejoint le Libéria, son pays de “cocagne” ! Très vite, il est engagé dans une milice, sans comprendre la géopolitique guerrière. Mais Birahima s’en moque, il porte l’attirail du parfait soldat… Son rêve se réalise enfin ! Devenant à son tour un animal sans foi ni loi, le pillage, les violences sans limites sont les lots de son quotidien. Ahmadou Kourouma avec « Allah n’est pas obligé », plonge ses lecteurs dans l’horreur tout en laissant un léger rayon de soleil feutré pour un espoir bien mince.
Adèle Kouadio
Adèle Kouadio
