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Politique Publié le dimanche 5 décembre 2010 | AFP

Deux présidents, et puis la guerre? L`angoisse monte à Abidjan

"Un pays avec deux présidents, c'est la porte
ouverte à la guerre!" Comme Paulin, laveur de voitures dans le quartier
populaire de Yopougon, beaucoup à Abidjan s'angoissent devant la nouvelle
crise qui déchire la Côte d'Ivoire.
"Je n'ai jamais vu ça", soupire Paulin Bahi en passant nonchalamment une
éponge savonneuse sur la carrosserie d'une voiture. "Où va mon pays?"
La Côte d'Ivoire est en pleine tourmente depuis que les deux rivaux de la
présidentielle du 28 novembre, le sortant Laurent Gbagbo et l'opposant
Alassane Ouattara, se sont proclamés tous deux présidents.
La capitale économique est toutefois calme en ce dimanche, au lendemain des
protestations de jeunes pro-Ouattara qui ont incendié des dizaines de pneus
dans les quartiers pour crier leur rage.
Mais le nouvel imbroglio politique est dans toutes les conversations.
Les Ivoiriens espéraient pourtant que le scrutin enterrerait une décennie
de crise, marquée depuis le putsch raté de 2002 par une quasi-guerre civile et
la partition du pays entre un nord contrôlé par l'ex-rébellion des Forces
nouvelles (FN), pro-Ouattara, et un sud loyaliste, acquis à M. Gbagbo.
Cadre dans le secteur du transport, Emmanuel Boiki Kouakou redoute lui
aussi le pire.
"Il ne faudrait pas que les deux hommes mettent en évidence leur orgueil
pour nous entraîner dans une guerre fratricide, à l'issue de laquelle nous ne
pourrons pas nous en sortir", lâche-t-il.
Assis avec des amis devant chez lui, il prend "un peu d'air" alors que les
Abidjanais vivent actuellement au rythme du couvre-feu nocturne. Même de jour,
ils préfèrent souvent rester à la maison en ces temps incertains.
"Dix ans de crise politico-militaire, cela fait dix ans de souffrance.
C'est trop pour le peuple ivoirien!", martèle-t-il.
"On va vers l'implosion, la guerre civile. Cette situation nous conduit à
l'abattoir", s'alarme Raymond Kokou, garagiste.
"On veut la paix dans ce pays. On ne veut pas rester en retard",
implore-t-il, la tête plongée dans le moteur d'une voiture.
De Yopougon (ouest), fief de M. Gbagbo, à Treichville (sud) en passant par
Abobo (nord), bastion de son rival, la communauté internationale et notamment
l'ex-puissance coloniale française, qui appuient l'opposant, sont la cible des
critiques.
La France "tergiverse trop, qu'elle vienne installer Ouattara et on n'en
parlera plus!", interpelle Moussa en prenant une tasse de thé à Abobo.
De l'autre bord, Laurent N'Toumé, cadre de banque, est catégorique: "la
Côte d'Ivoire est victime des convoitises occidentales, notamment françaises,
pour son pétrole dans le Golfe de Guinée et ses minerais".
"Ce temps est révolu où on nous dicte nos lois depuis Washington, Paris ou
Bruxelles et où on désigne qui doit nous gouverner", tonne-t-il.
Jocelyne peste aussi contre cette "ingérence insupportable" et vise le
président français.
"Dites à Sarkozy qu'il ne peut nous imposer Ouattara. Comme tous les pays
du monde, la Côte d'Ivoire a ses règles", tempête-t-elle. Pour cette
restauratrice, "il faut que Ouattara reconnaisse sa défaite".
Dans son salon de coiffure, Blaise espère d'abord que la crise ne durera
pas jusqu'aux fêtes de fin d'année, le meilleur moment pour les affaires.
Mais pour lui une chose est sûre: "notre projet de célébrer en fin d'année,
dans la joie et l'allégresse, une nouvelle Côte d'Ivoire en paix pour
longtemps est tombé à l'eau. Je n'en reviens pas".
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