Yao Paul N’Dré, Président du Conseil constitutionnel et l’ancien ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, ont menti aux Ivoiriens. Les deux personnalités du FPI s’étaient précipités à la télévision, prétextant des rapports des administrateurs de l’Etat, ils ont soutenu que le scrutin du 28 novembre dernier n’a pas été libre dans les zones du Nord du pays. Empêchements de vote, bourrage d’urnes, convoyages d’urnes et de PV par le FAFN, vote sous la menace des armes. Tels auraient été selon les deux pontes du FPI, le décor au cours de la journée du 28 novembre. Ces documents que nous publions sont des rapports établis par les préfets des régions de Bouaké, Korhogo et Séguéla, établis à la demande de l’ancien ministre de l’Intérieur. Flagrant délit de manipulation. Selon les trois Préfets, soutenus par leurs sous-préfets, le vote s’est déroulé dans des conditions globalement satisfaisantes. Et donc, rien ne justifie qu’on remette en cause la sincérité du scrutin dans ces localités.
Le Préfet de Bouaké Konin Aka
“Le vote s’est déroulé normalement dans la commune de Bouaké”
Objet : Rapport circonstancié relatif au déroulement des élections présidentielles du 2e tour
Faisant suite à mon rapport d’étape relatif au déroulement du scrutin du 2e tour de l’élection présidentielle, tenu à Bouaké, le dimanche 28 novembre 2010, j’ai l’honneur d faire ci-joint, le rapport circonstancié relatif auxdites élections.
Il convient de rappeler que le département de Bouaké compté 796 bureaux de vote pour 207951 inscrits. Le taux de participation a été estimé à 78, 11%.
Dès 8h30minutes, mes collaborateurs et moi avons fait le tour de certains bureaux de vote de la commune de Bouaké- Diabo et Bouaké-Brobo.
Dans le même temps, les sous-préfets ont été instruits en vue de s’assurer du bon démarrage du vote dans leurs circonscriptions respectives. Un rapport partiel vous a d’ailleurs été adressé à ce sujet dès le dimanche 28 novembre à 15h30 minutes.
Dans l’ensemble, les bureaux de vote ont ouvert à temps et le scrutin se déroulait normalement.
En revanche, il m’a été donné de constater des perturbations dans quelques lieux de vote.
En effet, dans les lieux de vote sis au lycée Nanan Yamousso, à l’EPP Dar Es Salam2, quelques perturbations ont été constatées.
C’est ainsi qu’au lycée Nanan Yamoussou, un délégué LMP détenteur de listing dits parallèles, a été pris à partie par les populations à l’entrée de l’établissement. Afin de le sauver de ses poursuivants, j’ai fait appel aux forces du CCI conduits par le commissaire Tahi et au Commandant Cherif. Grâce à leurs interventions respectives, le calme est revenu et le vote a continué normalement.
Le même type d’incident se serait produit au collège St Jacques, situé également au quartier Dar Es Salam avant mon arrivé sur les lieux où nous avons constaté que le vote se déroulait normalement.
Par ailleurs, au groupe scolaire Dar Es Salam 2, les représentants du candidat LMP étaient absents au moment de mon passage dans les quatre (04) bureaux de vote. En guise d’explication, il m’a été indiqué que les dits représentants avaient quitté les lieux, suite au refus des présidents de bureaux de vote de les laisser utiliser les listings parallèles.
Il convient également de signaler, que le pillage du siège du FPI sis au quartier Gonfreville dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 novembre 2010.
J’y ai constaté que des documents et des affiches et du candidat LMP ont été soit emportés soit détruits.
Le permanent FPI des lieux, affirme avoir été dépossédé d’une somme d’argent ainsi que des vivres et non vivres.
Les éléments du CCI et des FAFN avaient déjà fait leurs constats d’usage et promis d’ouvrir une enquête.
Suite à ces évènements, et à la demande du DGAT, j’ai rencontré à mon cabinet une délégation du LMP composé de messieurs Gnamba Esmel, Amani et un certain Alexis.
Ceux-ci m’ont laissé entendre que certains des leurs auraient été interpellés par les FAFN et seraient détenus au 3ème bataillon. Le commissaire Tahi du CCI a été instruit à l’effet de vérifier ces allégations et faire libérer les intéressés dans les meilleurs délais et de m’en rendre compte. Ce qui fut fait.
Par ailleurs, monsieur Ehgène Djué, natif de la région, que j’ai rencontré vers 16 heures, m’a informé de la décision prise par le FPI de retirer ses représentants dans les bureaux de vote au motif que ceux-ci n’étaient pas en sécurité.
Quelques instants plus tard, monsieur le directeur de Cabinet du ministre de l’intérieur m’a instruit au téléphone de vérifier la véracité de l’information.
Accompagné d’un de mes collaborateurs, j’ai fait le tour d’une dizaine de BV dans lesquels la présence des représentants des deux candidats a été faite à la secrétaire de monsieur le directeur de Cabinet, en l’absence de celui-ci.
Le même constat a été fait au niveau de la commission locale du quartier Belle-ville, qui était au travail en présence de tous ses membres y compris les représentants des deux candidats aux environs de 19heures.
Le lendemain 29 novembre 2010, au siège de la coordination régionale de la CEI au quartier Air France et en présence du porte parole de la CEI, par ailleurs coordonnateur régional de la Vallée du Bandama, les membres de la coordination ont prit part aux travaux de consolidation des résultats.
En tout état de cause, hormis le saccage du siège du FPI sis à Gonfreville, et des incidents signalés plus haut, le scrutin dans les autres lieux de vote de la commune s’est déroulé normalement.
Dans les trois sous-préfectures (Bouaké, Brobo, Djebonoua) aucun incident majeur ne m’a été signalé par les sous-préfets, en dehors des perturbations liés aux listings dits parallèles, détenus par certains délégués LMP.
Mais ces incidents ont été circonscrits sur le terrain par les sous-préfets.
Tel est monsieur le ministre, le constat que j’ai pu faire à l’occasion du vote du 28 novembre dans le département de Bouaké.
De même, aucun préfet de département, de la région ne m’a signalé ni par écrit ni par toute autre voie des incidents éventuels
Signé Konin Aka, Préfet de région
Le préfet de la région des Savanes :
“Aucun empêchement de vote n’a été signalé”
Objet : Analyse du déroulement du scrutin du 28 novembre 2010
J’ai l’honneur de vous faire parvenir une analyse du déroulement des élections du 28 novembre 2010, marquant le deuxième tour du scrutin pour les élections présidentielles en Côte d’Ivoire à Korhogo.
Cette analyse s’articulera autour des périodes de précampagne, de campagne et du déroulement du scrutin proprement dit et de notre appréciation des événements survenus.
I- La période de précampagne
Cette période a commencé après la validation des résultats du premier tour des élections présidentielles par la Cour Constitutionnelle le mercredi 3 novembre 2010. Pendant cette période, les candidats et leurs équipes de campagne se sont faits plus discrets dans notre zone. Toutefois, les partis politiques encore en course n’ont pas laissé le terrain vide. Des rencontres informelles pour faire le bilan du premier tour, afin d’arrêter une stratégie pour la mobilisation des militants et sympathisants, étaient au cœur de toutes leurs sorties. En revanche, les principaux responsables locaux des partis se sont rendus à Abidjan pour recevoir les consignes pour leurs mentors aux lendemains de cette proclamation. Ainsi, les responsables locaux du RHDP ont appelé leurs militants et sympathisants à voter pour le candidat du RDR, relayant ainsi les consignes du Directoire de ce groupement de partis politiques. C’est dans cette atmosphère qu’est intervenue l’ouverture officielle de la campagne le vendredi 19 novembre 2010 à minuit.
II- Le déroulement de la campagne électorale
La campagne électorale s’est déroulée tambour battant avec un léger avantage en terme de mobilisation et de débauche d’énergie pour l’équipe de campagne de la majorité présidentielle.
En effet, avec l’arrivée du Directeur national de Campagne (DNC) Dr. Issa Malick Coulibaly, dès le mercredi 24 novembre 2010, la campagne a connu un regain d’activités. De nombreuses missions ont été envoyées à travers le département avec un programme de tournée dont copie nous a été adressée. Malgré la pose de nombreux posters et affiches du candidat Laurent Gbagbo le long des principales artères de la ville, des missions de porte-à-porte sont menées par des militants. Ces actions multiformes ont permis de recruter de nombreux militants indécis du PDCI-RDA suite à l’élimination de leur parti au premier tour. Enfin, la réconciliation intervenue entre certains membres de la LMP laissait espérer une unité d’action sur le terrain sur la réalisation d’un bon score au deuxième tour des élections présidentielles.
Quant au Rassemblement des Républicains (RDR) soutenu par le Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP), le lancement de la campagne s’est fait à l’occasion du séjour du président de ce parti, Dr. Alassane Ouattara, à Korhogo le dimanche 14 novembre 2010. Cette formation politique n’a pas eu à déployer beaucoup d’efforts. Car, elle se savait en terrain acquis à sa cause. Le meeting organisé à la place Gbondala à montrer la vitalité de cette formation politique sur le terrain. Les principaux responsables du RDR étaient entourés à chaque manifestation de ceux du RHDP. De nombreux posters et affiches ont également été posés sur les principales artères de la ville. Il convient de signaler pour conclure que cette campagne a enregistré très peu de destruction de posters et d’affiches, contrairement à ce qui nous a été donné de constater au premier tour.
Cette campagne sans incidents majeurs est le fruit des différentes réunions de sensibilisation que j’ai tenues avec les acteurs politiques à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Cette ambiance de fraternité et d’acceptation de l’autre s’est concrétisée par l’organisation de manifestations simultanées qui n’ont enregistré aucun incident.
Bien que cette campagne se soit déroulée de manière satisfaisante, il convient de signaler toutefois, des menaces et intimidations dont ont été victimes certains militants de la LMP au niveau de la ville et certains villages des sous-préfectures du département.
III- Le déroulement du scrutin du 28 novembre 2010
Le deuxième tour du scrutin pour les élections présidentielles a débuté dès l’ouverture des bureaux de vote avec une forte mobilisation des électeurs aux premières heures. Ainsi, le taux de participation pouvait être estimé à 30% des 9h00. Ces opérations de vote se sont déroulées dans le calme jusqu’aux environs de 9h où quelques cas d’incidents isolés ont été portés à notre connaissance rendant l’environnement électoral très lourd bien que vite circonscrits par mes collaborateurs et moi-même lorsque ces faits sont portés à notre connaissance. Il s’agissait des agressions verbales ou physiques exercées contre des militants de la LMP.
C’est ainsi que vers 9h30, pendant que je me trouvais dans mon bureau afin de mettre en route vers les villages de la sous-préfecture, les secrétaires généraux et le sous-préfet, le ministre Lanciné Gon est venu me présenter la vitre arrière brisée de l’une de ses voitures et un de ses collaborateurs qui a été blessé à la tête par jet de pierres. Heureusement, le ministre Lanciné ne se trouvait pas à bord de ce véhicule au moment des faits comme il me l’a fait entendre. Il nous a été rapporté que dans les bureaux de vote logés au sein de l’école Franco-arabe, les représentants du candidat de La Majorité Présidentielle (LMP) avaient été expulsés des bureaux. M’étant rendu sur place, j'ai pu entendre ceux-ci qui étaient surpris de cette information étaient à la tâche.
A l'EPP Soba, lieu de vote, le plus grand de la sous-préfecture avec 15 bureaux de vote, il y a eu beaucoup de démêlés du fait de nombreux jeunes qui, après avoir accompli leur devoir civique ou en simples badauds, s'étaient installés dans la cour de ce grand centre scolaire, faisant un vacarme assourdissant, et s'attaquant parfois à ceux des membres de l'équipe de campagne du président candidat Laurent Gbagbo, qu'ils soupçonnaient de chercher à acheter les votes des électeurs. Ce lieu de vote, notons-le, est situé dans le quartier Soba, quartier où se trouve la famille Gbon divisée aujourd'hui entre les pro-Gbagbo et pro-Ouattara qui se livrent une guerre fratricide sans merci par jeunes gens et jeunes filles interposés.
C'est dans ces lieux de vote que Mme Traoré Karidia a été battue, dépouillée de ses vêtements par un certain nombre de jeunes qui la soupçonnaient de vouloir soudoyer les présidents des bureaux de vote alors qu'elle s'en allait remettre de l'argent au représentant du candidat du LMP selon la version des faits de la victime.
Une autre version donnée par la même victime fait état de ce qu'étant agent électoral dans un autre bureau de vote, elle se serait rendue dans un autre bureau de vote à Soba pour prendre part au vote. C'est ainsi qu'après s'être présentée à ses collègues du bureau, elle s'est munie de son bulletin de vote quand l'électeur qui la précède est sorti de l'isoloir pour briser devant les membres du bureau le stylo à bille dont les électeurs se servaient pour exprimer leur choix. C'est en voulant savoir la raison d'un tel agissement qu'elle a été prise à partie par une jeune fille d'abord, très vite soutenue par un groupe de garçons et de jeunes à sa sortie du bureau de vote. Dans la rixe qui s'en est suivie, elle a eu plusieurs traumatismes et blessures corporelles malgré l'intervention de deux éléments des FAFN. Dans leur furie, les jeunes l'ont dépouillée de tous ses vêtements.
En tout état de cause, l'intéressée, après être sortie du bureau a été prises à partie par les jeunes, battue et déshabillée avant d'être projetée dans le cargo des Forces Armées des Forces Nouvelles pour, disaient-ils, la protéger contre ses agresseurs. Et transportée au camp de cette unité, elle aurait été molestée et jetée en prison. Par la suite, le commandant de la zone d'instruction 4, M. Fofié Kouakou Martin arrivé au camp a exigé la libération de dame Traoré non sans l'avoir auditionnée et filmée et lui avoir offert des habits pour la protéger de sa nudité. Elle a été ensuite transportée à sa demande à son domicile d'où, elle été conduite par des jeunes bienfaiteurs au domicile du ministre Lanciné Gbon qui l'a fait conduite au CHR.
Je me suis rendu à son chevet par deux fois, notamment dans la journée du dimanche et du lundi pour m'enquérir de son état de santé et c'est sur son lit d'hôpital qu'elle m'a donné sa version des faits. A mon avis, son état de santé, n'inspire pas trop d'inquiétude.
Dans ce même environnement électoral trouble qu'un véhicule de type 4x4, appartenant à M. Issa Coulibaly, membre de la jeune chambre internationale (JCI) de Korhogo et membre de l'équipe de campagne de la majorité présidentielle a été incendié. Ce véhicule a été pris en chasse par des jeunes gens qui soupçonnaient le propriétaire de transporter des documents électoraux et une forte somme d'argent qui servirait à corrompre les présidents des bureaux de vote. L'infortuné propriétaire a dû abandonnér son véhicule pour échapper à ses agresseurs et disparaitre dans la nature. Le véhicule saisi par cette bande de jeunes a été vidé de son contenu et incendié à proximité de l'EPP Soba où les opérations se poursuivaient pourtant.
Ayant été informé de cette situation, je m'y suis rendu et j'ai trouvé sur les lieux, le commandant Fofié et ses hommes qui se forçaient d'éteindre le feu grâce à un camion citerne d'eau. Le commandant Fofié aurait, semble-t-il désapprouvé le geste de ces jeunes qui ne peuvent à présent apporter la preuve de ce qu'ils reprochaient au propriétaire du véhicule incendié.
Il nous a été également rapporté que sur la route de Klokaha, un véhicule appartenant à M. Soro Seydou, Directeur financier du DNC du candidat de la LMP et à bord duquel lui même n'avait pas pris place a essuyé des jets de pierres de jeunes personnes. La conséquence de ces jets de pierres a été la brisure des glaces du véhicule.
Il m'a été également rapporté que les ministres Lanciné Gon et Koné Dossongui ont été pris à partie par des groupes de jeunes du RHDP. Ces jeunes soupçonnaient le ministre Lanciné Gon de se livrer aux votes multiples alors que son collègue Koné Dossongui transporterait dans un de ses véhicules des documents électoraux et une importante somme d'argent destinée à acheter les électeurs. Pourchassées, ces deux illustres personnalités se sont refugiées au poste de commandement du Centre de Commandement Intégré (CCI) de Korhogo avant d'être convoyées par voie terrestre sur Abidjan aux environs de 16h00.
Au cours de la nuit électorale du 28 au 29 novembre 2010, il m'a été donné de constater qu'à l'école Franco-arabe, abritant six bureaux de vote où les premiers incidents m'ont été rapportés que le représentant de la LMP a quitté le bureau de vote n°3 sans raison après avoir reçu un appel téléphonique quelques instants après mon passage dans ce lieu pour vérifier les faits qui ont été portés à ma connaissance. Au niveau du bureau n°1, le représentant des candidats de la LMP, M. Coulibaly Adama a signé le fiche d'enregistrement des résultats. Par contre, au niveau du bureau de vote n°4, les représentants du candidat de la LMP n'ont pas signé les documents électoraux, pour la simple raison qu'ils avaient quitté auparavant les lieux. Le représentant de la LMP au niveau du bureau de vote n°5, qui répond au nom de M. M'Bia Bi D. s'est volontairement retiré des opérations de vote à 13h30 pour manifester son indignation contre le fait qu'il ne lui a pas été servi de repas. Ce faisant, il n'a pas signé les documents électoraux ; contrairement à ses collègues Mlle Silué Molognon Madiata et M. Soro Kanigui Laurent du bureau de vote n°2 et MM. Coulibaly Koulana Salif et Coulibaly Sékou, représentants de la LMP au bureau de vote n°6 qui ont signé tous les documents électoraux.
Ainsi, on constate que les raisons pour lesquelles, les représentants de la LMP des bureaux de vote n°1, n°3, n°4 et n°5 n'ont pas signé les documents électoraux ne peuvent être imputables à une quelconque menace contre ces représentants.
Pour ce qui concerne l'exfiltration du ministre Lanciné, il nous a été rapporté qu'il s'est, dans un premier temps, refugié dans sa résidence avant de rallier le poste de commandement du CCI. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, son domicile n'a pas été attaqué ; de même que la résidence de Dr. Issa Malick Coulibaly, Directeur National de Campagne de La Majorité Présidentielle.
A côté de ces incidents, nous avons noté quelques dysfonctionnements dans les bureaux de vote. Il s'agit des électeurs ayant pris part au premier tour des élections et qui ne figurent plus sur la liste électorale du deuxième tour. Deux cas de ce genre, m'ont été rapportés dont celui concernant le nommé Koné Doh Brahima né le 22 septembre 1969 à Korhogo et titulaire de la carte d'électeur n°0052245044 inscrit au bureau de vote n°3 de l'EPV Notre Dame des Apôtres et pour lesquels j'ai orienté les électeurs concernés vers la Commission Electorale Indépendante (CEI).
Il convient de tirer aussi après forte concentration des bureaux de vote dans un seul lieu de vote. L'école primaire publique de Soba abritait à elle seule, 15 bureaux de vote. Cette organisation fait de ce lieu de vote, un marché qui ne dit pas son nom. C'est d'ailleurs dans ce centre que la plupart des incidents sont survenus. Il n'y avait dans ce lieu de vote que quatre éléments des Forces de Défense et de Sécurité pour une population électorale estimée à 4.500 ; d'où cet environnement bruyant constaté en ces lieux.
Il faut noter que malgré les incidents enregistrés au cours de la journée, les opérations de vote se sont poursuivies sans interruption dans l'ensemble des bureaux de vote de notre ressort territorial.
Nous avons enfin déploré l'exfiltration des ministres Lanciné et Dossongui sans que nous en soyons informés, alors que leur sécurité aurait pu être assurée. Ce départ précipité est perçu par certains militants qui voient en cela, l'abandon des camarades politiques dans les situations difficiles. Certains affirment que cette prétendue attaque serait une astuce pour partir de Korhogo et suivre le DNC qui a regagné Abidjan après son opération de vote dans son village natal. Il tire la conclusion pour dire que les mauvais résultats enregistré par leur parti sur le terrain est la traduction de ce peu d'engagement des collaborateurs du DNC qui sont prompts à demander leur protection alors que les militants et sympathisants sont laissés à leur sort. Dans le même environnement, ils disent ne pas comprendre que certains responsables locaux décident de rester dans la région aux côtés des militants au mépris de leur vie. Ils citent en particulier le cas de M. Coulibaly Doulaye, cadre de la sous-préfecture de Siemturgo qui, par sa présence sur les lieux a permis au candidat de la LMP de réaliser un bon score dans sa zone d'intervention malgré l'atmosphère délétère.
VI- Conclusion
Peut-on affirmer que ces attaques physiques sur les biens et personnes ont pu influencer certains électeurs ? Cela est indéniable, mais dans quelles proportions ? Nul ne peut évaluer ce taux, si tant est qu'aucun empêchement de vote ne nous a été signalé pendant toute la journée tant dans la ville de Korhogo que dans les autres sous-préfectures du département.
Je pense sincèrement, que les superviseurs et les membres influents de l'équipe de campagne du Dr. Issa Malick Coulibaly, Directeur National de Campagne auraient dû rester en place pour constater et relever de façon précises, les irrégularités et les empêchements au vote, au lieu de quitter Korhogo pour Abidjan, sans même en avoir informer le préfet encore moins les représentants du président Laurent Gbagbo qui siégeaient dans les bureaux de vote, puisque la majorité d'entre ceux-ci sont restés dans les bureaux de vote et ont même signé les différents procès-verbaux.
Et pourtant, la sécurité rapprochée des ministres Lanciné Gon et surtout Koné Dossongui était assurée par les Forces de Défense et de Sécurité venues d'Abidjan. Cet abandon très rapide du "combat" politique est à déplorer. Une analyse profonde de ce comportement reste à faire.
DAOUDA OUATTARA
Préfet Hors Grade
Préfet du département de Séguéla :
“Le 2ème tour du scrutin présidentiel du 28 novembre s’est bien déroulé”
Objet : rapport circonstancié portant
sur le deuxième tour du scrutin présidentiel tenu le 28 novembre 2010
J’ai l’honneur de vous faire parvenir sous le présent pli, le rapport relatif au déroulement du deuxième tour du scrutin présidentiel tenu le 28 novembre 2010 dans le département de Séguéla.
Il se décline en trois points :
.Les préparatifs avant le scrutin (sensibilisation, installation des FDS en mission de sécurisation etc)
.Les activités menées le jour du scrutin
. L’environnement après le scrutin
1-Les préparatifs avant le scrutin
Dans ce cadre deux importantes réunions présidées par le Préfet ont eu lieu respectivement le 24 et le 25 novembre à la préfecture de Séguéla :
-La première relative à la sensibilisation des populations a réuni tous les différents acteurs du processus électoral (CEI, ONUCI, CCI, FAFN), les partis politiques et al société civile. Au cours de cette réunion, le Préfet a fait le bilan du premier tour du scrutin tenu le 31 octobre 2010. Il a constaté que ce scrutin s’est déroule dans un climat général apaisé.
- Poursuivant son propos, il a demandé aux différents acteurs, en particulier aux militants des deux groupements politiques concernés par le second tour de veiller au maintien de ce climat convivial qui a prévalu.
- A l’endroit de la CEI, il a donné des conseils pratiques pour l’organisation du scrutin notamment :
.La formation des membres des bureaux de vote en vue de leur permettre de renseigner correctement les différents documents électoraux.
. La nécessité de l’ouverture et de la fermeture des bureaux de vote aux heures prescrites par la réglementation en vigueur (07 heures et 17 heures)
- S’agissant de la sécurité, le Préfet a exigé que les FDS au nombre de quatre cents (400) éléments mis à la disposition du CCI, soient effectivement déployés dans les départements et sous-préfectures de la région.
-La deuxième réunion a porté sur les modalités pratiques à prendre pour le déplacement des FDS à leurs destinations finales.
Pour la mobilité des éléments, les besoins ont été évalués à dix-sept véhicules. Le Directeur départemental de campagne du LMP, a fait une contribution financière de cinq cents mille francs (500.000) francs au commissaire de police du CCI afin de permettre la location de véhicules devant servir au transport des troupes
2-Les activités menées
le jour du scrutin
Dès 09 heures, une tournée dans plusieurs lieux de vote de la ville et de certains villages de la commune, m’a permis de constater le bon déroulement des opérations du scrutin (cf TO N°29 du 28/11/2010). A1u cours de celle-ci, il m’est revenu que des personnes diffuseraient des informations relatives à l’annulation du scrutin. Sur ce sujet, trois individus ont été interpellés par le commissariat mixte, il s’agit de Messieurs :
. SOUMAHORO MAMADOU
.SOUMAHORO MOUSSA
.MEITE SOULEYMANE
Ceci constitue le seul fait que j’ai constaté lors du déroulement du scrutin.
-Dans l’après-midi, une dernière supervision m’a permis de suivre des dépouillements dans plusieurs lieux de vote en présence des représentants des différents candidats et des observateurs (UE, représentants de l’Ambassade des Etats-Unis, LIDHO).
3/ L’environnement du scrutin
-Aucun incident majeur pouvant interrompre le déroulement du scrutin n’a été constaté tant dans la commune et la sous-préfecture de Séguéla que dans les autres circonscriptions du département (DULLA, WOROFLA et MASSALA).
Toutefois, dans la sous-préfecture de SIFIE, le sous-préfet de cette localité a signalé dans son rapport ci-joint, des cas constatés d’intimidation.
-S’agissant des trois individus interpelés par le CCI, il s’avère qu’ils sont militants du LMP (ci-joint photocopie de leurs ordres de mission). Il convient de rappeler, que sur mon intervention, ces personnes après leur audition, ont été libérées le lundi 29 novembre 2010, en début de matinée. Cela dans le souci de maintenir un climat de paix et de cohésion sociale, dans le département.
Au total, dans le département de Séguéla, le deuxième tour du scrutin présidentiel du 28 novembre s’est bien déroulé.
FOFANA BRAHIMA
Hors GRADE 2ème Echelon
Le Préfet de Bouaké Konin Aka
“Le vote s’est déroulé normalement dans la commune de Bouaké”
Objet : Rapport circonstancié relatif au déroulement des élections présidentielles du 2e tour
Faisant suite à mon rapport d’étape relatif au déroulement du scrutin du 2e tour de l’élection présidentielle, tenu à Bouaké, le dimanche 28 novembre 2010, j’ai l’honneur d faire ci-joint, le rapport circonstancié relatif auxdites élections.
Il convient de rappeler que le département de Bouaké compté 796 bureaux de vote pour 207951 inscrits. Le taux de participation a été estimé à 78, 11%.
Dès 8h30minutes, mes collaborateurs et moi avons fait le tour de certains bureaux de vote de la commune de Bouaké- Diabo et Bouaké-Brobo.
Dans le même temps, les sous-préfets ont été instruits en vue de s’assurer du bon démarrage du vote dans leurs circonscriptions respectives. Un rapport partiel vous a d’ailleurs été adressé à ce sujet dès le dimanche 28 novembre à 15h30 minutes.
Dans l’ensemble, les bureaux de vote ont ouvert à temps et le scrutin se déroulait normalement.
En revanche, il m’a été donné de constater des perturbations dans quelques lieux de vote.
En effet, dans les lieux de vote sis au lycée Nanan Yamousso, à l’EPP Dar Es Salam2, quelques perturbations ont été constatées.
C’est ainsi qu’au lycée Nanan Yamoussou, un délégué LMP détenteur de listing dits parallèles, a été pris à partie par les populations à l’entrée de l’établissement. Afin de le sauver de ses poursuivants, j’ai fait appel aux forces du CCI conduits par le commissaire Tahi et au Commandant Cherif. Grâce à leurs interventions respectives, le calme est revenu et le vote a continué normalement.
Le même type d’incident se serait produit au collège St Jacques, situé également au quartier Dar Es Salam avant mon arrivé sur les lieux où nous avons constaté que le vote se déroulait normalement.
Par ailleurs, au groupe scolaire Dar Es Salam 2, les représentants du candidat LMP étaient absents au moment de mon passage dans les quatre (04) bureaux de vote. En guise d’explication, il m’a été indiqué que les dits représentants avaient quitté les lieux, suite au refus des présidents de bureaux de vote de les laisser utiliser les listings parallèles.
Il convient également de signaler, que le pillage du siège du FPI sis au quartier Gonfreville dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 novembre 2010.
J’y ai constaté que des documents et des affiches et du candidat LMP ont été soit emportés soit détruits.
Le permanent FPI des lieux, affirme avoir été dépossédé d’une somme d’argent ainsi que des vivres et non vivres.
Les éléments du CCI et des FAFN avaient déjà fait leurs constats d’usage et promis d’ouvrir une enquête.
Suite à ces évènements, et à la demande du DGAT, j’ai rencontré à mon cabinet une délégation du LMP composé de messieurs Gnamba Esmel, Amani et un certain Alexis.
Ceux-ci m’ont laissé entendre que certains des leurs auraient été interpellés par les FAFN et seraient détenus au 3ème bataillon. Le commissaire Tahi du CCI a été instruit à l’effet de vérifier ces allégations et faire libérer les intéressés dans les meilleurs délais et de m’en rendre compte. Ce qui fut fait.
Par ailleurs, monsieur Ehgène Djué, natif de la région, que j’ai rencontré vers 16 heures, m’a informé de la décision prise par le FPI de retirer ses représentants dans les bureaux de vote au motif que ceux-ci n’étaient pas en sécurité.
Quelques instants plus tard, monsieur le directeur de Cabinet du ministre de l’intérieur m’a instruit au téléphone de vérifier la véracité de l’information.
Accompagné d’un de mes collaborateurs, j’ai fait le tour d’une dizaine de BV dans lesquels la présence des représentants des deux candidats a été faite à la secrétaire de monsieur le directeur de Cabinet, en l’absence de celui-ci.
Le même constat a été fait au niveau de la commission locale du quartier Belle-ville, qui était au travail en présence de tous ses membres y compris les représentants des deux candidats aux environs de 19heures.
Le lendemain 29 novembre 2010, au siège de la coordination régionale de la CEI au quartier Air France et en présence du porte parole de la CEI, par ailleurs coordonnateur régional de la Vallée du Bandama, les membres de la coordination ont prit part aux travaux de consolidation des résultats.
En tout état de cause, hormis le saccage du siège du FPI sis à Gonfreville, et des incidents signalés plus haut, le scrutin dans les autres lieux de vote de la commune s’est déroulé normalement.
Dans les trois sous-préfectures (Bouaké, Brobo, Djebonoua) aucun incident majeur ne m’a été signalé par les sous-préfets, en dehors des perturbations liés aux listings dits parallèles, détenus par certains délégués LMP.
Mais ces incidents ont été circonscrits sur le terrain par les sous-préfets.
Tel est monsieur le ministre, le constat que j’ai pu faire à l’occasion du vote du 28 novembre dans le département de Bouaké.
De même, aucun préfet de département, de la région ne m’a signalé ni par écrit ni par toute autre voie des incidents éventuels
Signé Konin Aka, Préfet de région
Le préfet de la région des Savanes :
“Aucun empêchement de vote n’a été signalé”
Objet : Analyse du déroulement du scrutin du 28 novembre 2010
J’ai l’honneur de vous faire parvenir une analyse du déroulement des élections du 28 novembre 2010, marquant le deuxième tour du scrutin pour les élections présidentielles en Côte d’Ivoire à Korhogo.
Cette analyse s’articulera autour des périodes de précampagne, de campagne et du déroulement du scrutin proprement dit et de notre appréciation des événements survenus.
I- La période de précampagne
Cette période a commencé après la validation des résultats du premier tour des élections présidentielles par la Cour Constitutionnelle le mercredi 3 novembre 2010. Pendant cette période, les candidats et leurs équipes de campagne se sont faits plus discrets dans notre zone. Toutefois, les partis politiques encore en course n’ont pas laissé le terrain vide. Des rencontres informelles pour faire le bilan du premier tour, afin d’arrêter une stratégie pour la mobilisation des militants et sympathisants, étaient au cœur de toutes leurs sorties. En revanche, les principaux responsables locaux des partis se sont rendus à Abidjan pour recevoir les consignes pour leurs mentors aux lendemains de cette proclamation. Ainsi, les responsables locaux du RHDP ont appelé leurs militants et sympathisants à voter pour le candidat du RDR, relayant ainsi les consignes du Directoire de ce groupement de partis politiques. C’est dans cette atmosphère qu’est intervenue l’ouverture officielle de la campagne le vendredi 19 novembre 2010 à minuit.
II- Le déroulement de la campagne électorale
La campagne électorale s’est déroulée tambour battant avec un léger avantage en terme de mobilisation et de débauche d’énergie pour l’équipe de campagne de la majorité présidentielle.
En effet, avec l’arrivée du Directeur national de Campagne (DNC) Dr. Issa Malick Coulibaly, dès le mercredi 24 novembre 2010, la campagne a connu un regain d’activités. De nombreuses missions ont été envoyées à travers le département avec un programme de tournée dont copie nous a été adressée. Malgré la pose de nombreux posters et affiches du candidat Laurent Gbagbo le long des principales artères de la ville, des missions de porte-à-porte sont menées par des militants. Ces actions multiformes ont permis de recruter de nombreux militants indécis du PDCI-RDA suite à l’élimination de leur parti au premier tour. Enfin, la réconciliation intervenue entre certains membres de la LMP laissait espérer une unité d’action sur le terrain sur la réalisation d’un bon score au deuxième tour des élections présidentielles.
Quant au Rassemblement des Républicains (RDR) soutenu par le Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP), le lancement de la campagne s’est fait à l’occasion du séjour du président de ce parti, Dr. Alassane Ouattara, à Korhogo le dimanche 14 novembre 2010. Cette formation politique n’a pas eu à déployer beaucoup d’efforts. Car, elle se savait en terrain acquis à sa cause. Le meeting organisé à la place Gbondala à montrer la vitalité de cette formation politique sur le terrain. Les principaux responsables du RDR étaient entourés à chaque manifestation de ceux du RHDP. De nombreux posters et affiches ont également été posés sur les principales artères de la ville. Il convient de signaler pour conclure que cette campagne a enregistré très peu de destruction de posters et d’affiches, contrairement à ce qui nous a été donné de constater au premier tour.
Cette campagne sans incidents majeurs est le fruit des différentes réunions de sensibilisation que j’ai tenues avec les acteurs politiques à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Cette ambiance de fraternité et d’acceptation de l’autre s’est concrétisée par l’organisation de manifestations simultanées qui n’ont enregistré aucun incident.
Bien que cette campagne se soit déroulée de manière satisfaisante, il convient de signaler toutefois, des menaces et intimidations dont ont été victimes certains militants de la LMP au niveau de la ville et certains villages des sous-préfectures du département.
III- Le déroulement du scrutin du 28 novembre 2010
Le deuxième tour du scrutin pour les élections présidentielles a débuté dès l’ouverture des bureaux de vote avec une forte mobilisation des électeurs aux premières heures. Ainsi, le taux de participation pouvait être estimé à 30% des 9h00. Ces opérations de vote se sont déroulées dans le calme jusqu’aux environs de 9h où quelques cas d’incidents isolés ont été portés à notre connaissance rendant l’environnement électoral très lourd bien que vite circonscrits par mes collaborateurs et moi-même lorsque ces faits sont portés à notre connaissance. Il s’agissait des agressions verbales ou physiques exercées contre des militants de la LMP.
C’est ainsi que vers 9h30, pendant que je me trouvais dans mon bureau afin de mettre en route vers les villages de la sous-préfecture, les secrétaires généraux et le sous-préfet, le ministre Lanciné Gon est venu me présenter la vitre arrière brisée de l’une de ses voitures et un de ses collaborateurs qui a été blessé à la tête par jet de pierres. Heureusement, le ministre Lanciné ne se trouvait pas à bord de ce véhicule au moment des faits comme il me l’a fait entendre. Il nous a été rapporté que dans les bureaux de vote logés au sein de l’école Franco-arabe, les représentants du candidat de La Majorité Présidentielle (LMP) avaient été expulsés des bureaux. M’étant rendu sur place, j'ai pu entendre ceux-ci qui étaient surpris de cette information étaient à la tâche.
A l'EPP Soba, lieu de vote, le plus grand de la sous-préfecture avec 15 bureaux de vote, il y a eu beaucoup de démêlés du fait de nombreux jeunes qui, après avoir accompli leur devoir civique ou en simples badauds, s'étaient installés dans la cour de ce grand centre scolaire, faisant un vacarme assourdissant, et s'attaquant parfois à ceux des membres de l'équipe de campagne du président candidat Laurent Gbagbo, qu'ils soupçonnaient de chercher à acheter les votes des électeurs. Ce lieu de vote, notons-le, est situé dans le quartier Soba, quartier où se trouve la famille Gbon divisée aujourd'hui entre les pro-Gbagbo et pro-Ouattara qui se livrent une guerre fratricide sans merci par jeunes gens et jeunes filles interposés.
C'est dans ces lieux de vote que Mme Traoré Karidia a été battue, dépouillée de ses vêtements par un certain nombre de jeunes qui la soupçonnaient de vouloir soudoyer les présidents des bureaux de vote alors qu'elle s'en allait remettre de l'argent au représentant du candidat du LMP selon la version des faits de la victime.
Une autre version donnée par la même victime fait état de ce qu'étant agent électoral dans un autre bureau de vote, elle se serait rendue dans un autre bureau de vote à Soba pour prendre part au vote. C'est ainsi qu'après s'être présentée à ses collègues du bureau, elle s'est munie de son bulletin de vote quand l'électeur qui la précède est sorti de l'isoloir pour briser devant les membres du bureau le stylo à bille dont les électeurs se servaient pour exprimer leur choix. C'est en voulant savoir la raison d'un tel agissement qu'elle a été prise à partie par une jeune fille d'abord, très vite soutenue par un groupe de garçons et de jeunes à sa sortie du bureau de vote. Dans la rixe qui s'en est suivie, elle a eu plusieurs traumatismes et blessures corporelles malgré l'intervention de deux éléments des FAFN. Dans leur furie, les jeunes l'ont dépouillée de tous ses vêtements.
En tout état de cause, l'intéressée, après être sortie du bureau a été prises à partie par les jeunes, battue et déshabillée avant d'être projetée dans le cargo des Forces Armées des Forces Nouvelles pour, disaient-ils, la protéger contre ses agresseurs. Et transportée au camp de cette unité, elle aurait été molestée et jetée en prison. Par la suite, le commandant de la zone d'instruction 4, M. Fofié Kouakou Martin arrivé au camp a exigé la libération de dame Traoré non sans l'avoir auditionnée et filmée et lui avoir offert des habits pour la protéger de sa nudité. Elle a été ensuite transportée à sa demande à son domicile d'où, elle été conduite par des jeunes bienfaiteurs au domicile du ministre Lanciné Gbon qui l'a fait conduite au CHR.
Je me suis rendu à son chevet par deux fois, notamment dans la journée du dimanche et du lundi pour m'enquérir de son état de santé et c'est sur son lit d'hôpital qu'elle m'a donné sa version des faits. A mon avis, son état de santé, n'inspire pas trop d'inquiétude.
Dans ce même environnement électoral trouble qu'un véhicule de type 4x4, appartenant à M. Issa Coulibaly, membre de la jeune chambre internationale (JCI) de Korhogo et membre de l'équipe de campagne de la majorité présidentielle a été incendié. Ce véhicule a été pris en chasse par des jeunes gens qui soupçonnaient le propriétaire de transporter des documents électoraux et une forte somme d'argent qui servirait à corrompre les présidents des bureaux de vote. L'infortuné propriétaire a dû abandonnér son véhicule pour échapper à ses agresseurs et disparaitre dans la nature. Le véhicule saisi par cette bande de jeunes a été vidé de son contenu et incendié à proximité de l'EPP Soba où les opérations se poursuivaient pourtant.
Ayant été informé de cette situation, je m'y suis rendu et j'ai trouvé sur les lieux, le commandant Fofié et ses hommes qui se forçaient d'éteindre le feu grâce à un camion citerne d'eau. Le commandant Fofié aurait, semble-t-il désapprouvé le geste de ces jeunes qui ne peuvent à présent apporter la preuve de ce qu'ils reprochaient au propriétaire du véhicule incendié.
Il nous a été également rapporté que sur la route de Klokaha, un véhicule appartenant à M. Soro Seydou, Directeur financier du DNC du candidat de la LMP et à bord duquel lui même n'avait pas pris place a essuyé des jets de pierres de jeunes personnes. La conséquence de ces jets de pierres a été la brisure des glaces du véhicule.
Il m'a été également rapporté que les ministres Lanciné Gon et Koné Dossongui ont été pris à partie par des groupes de jeunes du RHDP. Ces jeunes soupçonnaient le ministre Lanciné Gon de se livrer aux votes multiples alors que son collègue Koné Dossongui transporterait dans un de ses véhicules des documents électoraux et une importante somme d'argent destinée à acheter les électeurs. Pourchassées, ces deux illustres personnalités se sont refugiées au poste de commandement du Centre de Commandement Intégré (CCI) de Korhogo avant d'être convoyées par voie terrestre sur Abidjan aux environs de 16h00.
Au cours de la nuit électorale du 28 au 29 novembre 2010, il m'a été donné de constater qu'à l'école Franco-arabe, abritant six bureaux de vote où les premiers incidents m'ont été rapportés que le représentant de la LMP a quitté le bureau de vote n°3 sans raison après avoir reçu un appel téléphonique quelques instants après mon passage dans ce lieu pour vérifier les faits qui ont été portés à ma connaissance. Au niveau du bureau n°1, le représentant des candidats de la LMP, M. Coulibaly Adama a signé le fiche d'enregistrement des résultats. Par contre, au niveau du bureau de vote n°4, les représentants du candidat de la LMP n'ont pas signé les documents électoraux, pour la simple raison qu'ils avaient quitté auparavant les lieux. Le représentant de la LMP au niveau du bureau de vote n°5, qui répond au nom de M. M'Bia Bi D. s'est volontairement retiré des opérations de vote à 13h30 pour manifester son indignation contre le fait qu'il ne lui a pas été servi de repas. Ce faisant, il n'a pas signé les documents électoraux ; contrairement à ses collègues Mlle Silué Molognon Madiata et M. Soro Kanigui Laurent du bureau de vote n°2 et MM. Coulibaly Koulana Salif et Coulibaly Sékou, représentants de la LMP au bureau de vote n°6 qui ont signé tous les documents électoraux.
Ainsi, on constate que les raisons pour lesquelles, les représentants de la LMP des bureaux de vote n°1, n°3, n°4 et n°5 n'ont pas signé les documents électoraux ne peuvent être imputables à une quelconque menace contre ces représentants.
Pour ce qui concerne l'exfiltration du ministre Lanciné, il nous a été rapporté qu'il s'est, dans un premier temps, refugié dans sa résidence avant de rallier le poste de commandement du CCI. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, son domicile n'a pas été attaqué ; de même que la résidence de Dr. Issa Malick Coulibaly, Directeur National de Campagne de La Majorité Présidentielle.
A côté de ces incidents, nous avons noté quelques dysfonctionnements dans les bureaux de vote. Il s'agit des électeurs ayant pris part au premier tour des élections et qui ne figurent plus sur la liste électorale du deuxième tour. Deux cas de ce genre, m'ont été rapportés dont celui concernant le nommé Koné Doh Brahima né le 22 septembre 1969 à Korhogo et titulaire de la carte d'électeur n°0052245044 inscrit au bureau de vote n°3 de l'EPV Notre Dame des Apôtres et pour lesquels j'ai orienté les électeurs concernés vers la Commission Electorale Indépendante (CEI).
Il convient de tirer aussi après forte concentration des bureaux de vote dans un seul lieu de vote. L'école primaire publique de Soba abritait à elle seule, 15 bureaux de vote. Cette organisation fait de ce lieu de vote, un marché qui ne dit pas son nom. C'est d'ailleurs dans ce centre que la plupart des incidents sont survenus. Il n'y avait dans ce lieu de vote que quatre éléments des Forces de Défense et de Sécurité pour une population électorale estimée à 4.500 ; d'où cet environnement bruyant constaté en ces lieux.
Il faut noter que malgré les incidents enregistrés au cours de la journée, les opérations de vote se sont poursuivies sans interruption dans l'ensemble des bureaux de vote de notre ressort territorial.
Nous avons enfin déploré l'exfiltration des ministres Lanciné et Dossongui sans que nous en soyons informés, alors que leur sécurité aurait pu être assurée. Ce départ précipité est perçu par certains militants qui voient en cela, l'abandon des camarades politiques dans les situations difficiles. Certains affirment que cette prétendue attaque serait une astuce pour partir de Korhogo et suivre le DNC qui a regagné Abidjan après son opération de vote dans son village natal. Il tire la conclusion pour dire que les mauvais résultats enregistré par leur parti sur le terrain est la traduction de ce peu d'engagement des collaborateurs du DNC qui sont prompts à demander leur protection alors que les militants et sympathisants sont laissés à leur sort. Dans le même environnement, ils disent ne pas comprendre que certains responsables locaux décident de rester dans la région aux côtés des militants au mépris de leur vie. Ils citent en particulier le cas de M. Coulibaly Doulaye, cadre de la sous-préfecture de Siemturgo qui, par sa présence sur les lieux a permis au candidat de la LMP de réaliser un bon score dans sa zone d'intervention malgré l'atmosphère délétère.
VI- Conclusion
Peut-on affirmer que ces attaques physiques sur les biens et personnes ont pu influencer certains électeurs ? Cela est indéniable, mais dans quelles proportions ? Nul ne peut évaluer ce taux, si tant est qu'aucun empêchement de vote ne nous a été signalé pendant toute la journée tant dans la ville de Korhogo que dans les autres sous-préfectures du département.
Je pense sincèrement, que les superviseurs et les membres influents de l'équipe de campagne du Dr. Issa Malick Coulibaly, Directeur National de Campagne auraient dû rester en place pour constater et relever de façon précises, les irrégularités et les empêchements au vote, au lieu de quitter Korhogo pour Abidjan, sans même en avoir informer le préfet encore moins les représentants du président Laurent Gbagbo qui siégeaient dans les bureaux de vote, puisque la majorité d'entre ceux-ci sont restés dans les bureaux de vote et ont même signé les différents procès-verbaux.
Et pourtant, la sécurité rapprochée des ministres Lanciné Gon et surtout Koné Dossongui était assurée par les Forces de Défense et de Sécurité venues d'Abidjan. Cet abandon très rapide du "combat" politique est à déplorer. Une analyse profonde de ce comportement reste à faire.
DAOUDA OUATTARA
Préfet Hors Grade
Préfet du département de Séguéla :
“Le 2ème tour du scrutin présidentiel du 28 novembre s’est bien déroulé”
Objet : rapport circonstancié portant
sur le deuxième tour du scrutin présidentiel tenu le 28 novembre 2010
J’ai l’honneur de vous faire parvenir sous le présent pli, le rapport relatif au déroulement du deuxième tour du scrutin présidentiel tenu le 28 novembre 2010 dans le département de Séguéla.
Il se décline en trois points :
.Les préparatifs avant le scrutin (sensibilisation, installation des FDS en mission de sécurisation etc)
.Les activités menées le jour du scrutin
. L’environnement après le scrutin
1-Les préparatifs avant le scrutin
Dans ce cadre deux importantes réunions présidées par le Préfet ont eu lieu respectivement le 24 et le 25 novembre à la préfecture de Séguéla :
-La première relative à la sensibilisation des populations a réuni tous les différents acteurs du processus électoral (CEI, ONUCI, CCI, FAFN), les partis politiques et al société civile. Au cours de cette réunion, le Préfet a fait le bilan du premier tour du scrutin tenu le 31 octobre 2010. Il a constaté que ce scrutin s’est déroule dans un climat général apaisé.
- Poursuivant son propos, il a demandé aux différents acteurs, en particulier aux militants des deux groupements politiques concernés par le second tour de veiller au maintien de ce climat convivial qui a prévalu.
- A l’endroit de la CEI, il a donné des conseils pratiques pour l’organisation du scrutin notamment :
.La formation des membres des bureaux de vote en vue de leur permettre de renseigner correctement les différents documents électoraux.
. La nécessité de l’ouverture et de la fermeture des bureaux de vote aux heures prescrites par la réglementation en vigueur (07 heures et 17 heures)
- S’agissant de la sécurité, le Préfet a exigé que les FDS au nombre de quatre cents (400) éléments mis à la disposition du CCI, soient effectivement déployés dans les départements et sous-préfectures de la région.
-La deuxième réunion a porté sur les modalités pratiques à prendre pour le déplacement des FDS à leurs destinations finales.
Pour la mobilité des éléments, les besoins ont été évalués à dix-sept véhicules. Le Directeur départemental de campagne du LMP, a fait une contribution financière de cinq cents mille francs (500.000) francs au commissaire de police du CCI afin de permettre la location de véhicules devant servir au transport des troupes
2-Les activités menées
le jour du scrutin
Dès 09 heures, une tournée dans plusieurs lieux de vote de la ville et de certains villages de la commune, m’a permis de constater le bon déroulement des opérations du scrutin (cf TO N°29 du 28/11/2010). A1u cours de celle-ci, il m’est revenu que des personnes diffuseraient des informations relatives à l’annulation du scrutin. Sur ce sujet, trois individus ont été interpellés par le commissariat mixte, il s’agit de Messieurs :
. SOUMAHORO MAMADOU
.SOUMAHORO MOUSSA
.MEITE SOULEYMANE
Ceci constitue le seul fait que j’ai constaté lors du déroulement du scrutin.
-Dans l’après-midi, une dernière supervision m’a permis de suivre des dépouillements dans plusieurs lieux de vote en présence des représentants des différents candidats et des observateurs (UE, représentants de l’Ambassade des Etats-Unis, LIDHO).
3/ L’environnement du scrutin
-Aucun incident majeur pouvant interrompre le déroulement du scrutin n’a été constaté tant dans la commune et la sous-préfecture de Séguéla que dans les autres circonscriptions du département (DULLA, WOROFLA et MASSALA).
Toutefois, dans la sous-préfecture de SIFIE, le sous-préfet de cette localité a signalé dans son rapport ci-joint, des cas constatés d’intimidation.
-S’agissant des trois individus interpelés par le CCI, il s’avère qu’ils sont militants du LMP (ci-joint photocopie de leurs ordres de mission). Il convient de rappeler, que sur mon intervention, ces personnes après leur audition, ont été libérées le lundi 29 novembre 2010, en début de matinée. Cela dans le souci de maintenir un climat de paix et de cohésion sociale, dans le département.
Au total, dans le département de Séguéla, le deuxième tour du scrutin présidentiel du 28 novembre s’est bien déroulé.
FOFANA BRAHIMA
Hors GRADE 2ème Echelon