"Nos plaintes n'ont pas été prises en compte. Dès lors que la décision de la Cour suprême n'est pas susceptible d'appel, nous n'avons d'autre choix que de nous conformer à la décision prise par l'institution légale supérieure de la République", a déclaré, le vendredi 03 novembre, Celloun Dalein Diallo lors d'une conférence de presse, dans son pays, en Guinée. (Selon Reuters du 03 décembre 2010). Le Premier ministre Celloun Diallo qui parle ainsi ne le fait pas de gaieté de cœur. Mais il se plie à la raison d’une République et d’une démocratie qui impose à chaque citoyen quel qu’il soit, à chaque association (fusse telle politique), à chaque région de se conformer à la loi. Aux règles de la société admises de façon unanime par le peuple, au travers d’une assemblée (ou un pool d’intellectuels) chargée de la rédaction des lois et, si cela l’exige, au moyen d’un référendum. La loi est dure, mais il faut l’appliquer ! Et pourtant le Premier ministre Diallo avait bien des raisons, dans le contexte de subjectivité qui entoure l’élection présidentielle en Afrique, de contester, de crier de rage, de bloquer la vie du pays et même de perpétrer un coup de force, afin de ravir le pouvoir d’Etat. Celloun Dalein Diallo est arrivé en tête, avec 44% des voix, au premier tour de l’élection présidentielle de la Guinée devant son rival Alpha Condé (18%). Il avait donc une avance confortable. Dans ce cas-là on est le grand favori ; et tous les pronostics sont en votre faveur. Le Premier avait une certaine aisance psychologique. Ses militants, constitués en majorité de l’ethnie peulh dont on dit qu’elle est importante, n’envisageaient rien d’autre que la victoire. Et pourtant la commission électorale de la Guinée au terme du second tour a déclaré Alpha Condé vainqueur avec 52,52% des voix. Et la Cour Suprême du même pays a consacré cette victoire. Contre l’avis du camp Diallo qui a fait des réclamations. Ce sens de l’intérêt supérieur de la nation n’a pas échappé au représentant des Nations unies en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit. Qui s'est félicité de la résignation de Diallo à sa défaite. Il a salué ce "sens des responsabilités" et il a dit espéré que cet exemple fasse école ailleurs en Afrique, en particulier en Côte d'Ivoire, où les deux candidats du second tour, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo s’affrontent à une élection présidentielle. Hélas ! Cela n’est pas le cas. Le candidat du Rdr, au finish s’est retrouvé dans la posture du candidat Cellein Diallo. Il a perdu et son rival Laurent Gbagbo s’en est tiré avec 51,45%. Un verdict rendu par la juridiction suprême en la matière, le conseil constitutionnel ivoirien. Alassane Ouattara a commis l’imprudence de rejeter du revers de la main les résultats de ce Conseil. Il a multiplié les actes de déviance. Il a n’a fait aucune déclaration de résignation au verdict de cette juridiction. Il a, au contraire, continué à se déclarer vainqueur. En dépit de la loi qui le lui interdit. Il s’est auto-investit président au moment où le Conseil Constitutionnel procédait, le samedi 04 décembre 2010, à l’investiture du président de la République, au Palais présidentiel au Plateau. Il a, dans la foulée, nommé un Premier ministre sans avoir le manteau de la légalité et le seau de légitimité. Le candidat du Rdr a voulu ainsi banaliser ou à tout le moins assombrir l’éclat de la juridiction suprême en matière électorale juste parce qu’elle ne lui est pas soumise, en procédant à sa propre cérémonie d’investiture dans…un hôtel ! (Hôtel du Golf). Cet acte de mépris s’est déroulé, en l’absence bien évidemment, du président du Conseil Constitutionnel et de ses collaborateurs. Alassane Ouattara a donc défié la loi (comme toujours) de son pays dans les propos et dans les actes ; là où le candidat guinéen Celloun Dalein Diallo a pris acte et s’est incliné dans un respect absolu face aux lois de son pays. Ce sont les circonstances, dit-on, qui révèlent la vraie nature des hommes. Celle de Alassane Ouattara est celle d’un hors la loi.
Serge Armand Didi
Serge Armand Didi