Un président déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel, Laurent Gbagbo, qui prête serment au Palais présidentiel d'Abidjan. Un président élu à la majorité, selon la Commission électorale indépendante (CEI), et reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, qui reconduit le Premier ministre, Guillaume Soro, à la tête du gouvernement. La Côte-d'Ivoire est en pleine confusion. Retour sur une journée
11 heures, au palais présidentiel
Les invités à la cérémonie d'investiture de Laurent Gbagbo arrivent sous un soleil de plomb dans le quartier fantomatique du Plateau, à Abidjan. Des pick-up surmontés de mitrailleuses lourdes sont postés aux abords du palais présidentiel. Dans la matinée, on a appris qu'au moins deux personnes avaient été tuées dans la nuit par les forces de sécurité dans le quartier de Port-Bouët. D'autres incidents ont été signalés dans plusieurs zones d'Abidjan, à Treichville, où une cinquantaine de blessés ont été dénombrés, selon l'ONU, mais aussi à Koumassi, à Abobo et à Yopougon, sans qu'il soit possible, à ce stade, de dresser un bilan fiable.
Sur l'esplanade qui conduit au palais, des jeunes portant des tee-shirts blancs à l'effigie du Président sortant font la claque en chantant: «On a installé Gbagbo! On a installé Gbagbo!» Le membre de la commission électorale qui, devant les caméras de télévision, avait empêché son porte-parole de délivrer les résultats provisoires, est accueilli en héros.
13h20, à l'intérieur du palais présidentiel
Une clameur s'élève dans la salle des pas perdus. Simone Gbagbo, la «première dame», vient d'entrer.
Elle porte une robe blanche qui scintille. Puis c'est au tour de Laurent Gbagbo de faire son apparition. Il marche d'un air las, son aide de camp l'aide à s'asseoir dans un fauteuil rouge.
Dans l'assistance, on reconnaît l'un des leaders des «patriotes», Eugène Djué, et plusieurs ministres.
Les principaux chefs de l'armée sont là, mais seule une poignée de diplomates a fait le déplacement: les ambassadeurs du Liban, d'Angola et d'Afrique du Sud. Juste derrière eux, Guy Labertit, ami personnel et inconditionnel de Laurent Gbagbo, l'ancien «monsieur Afrique» du Parti socialiste. Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao Ndré, détaille longuement les résultats, justifiant l'invalidation du vote dans neuf départements du Nord ayant permis la victoire de Gbagbo. Enfin, celui-ci prête serment: «Devant le peuple souverain de Côte-d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution...»
L'assistance l'acclame, sans excès d'enthousiasme. Dans son discours d'investiture, Laurent Gbagbo dénonce des «cas graves d'ingérence», ajoutant: «La souveraineté de la Côte d'Ivoire, c'est elle que je suis chargé de défendre, et elle, je ne la négocie pas.»
16h30, Hôtel du Golf
Dans un salon, Alassane Ouattara, «le Président élu», et le Premier ministre Guillaume Soro, font leur entrée. Le premier s'assoit sur un fauteuil rouge (comme au palais) et le second sur une chaise.
Derrière eux, au premier rang des invités, trône le commandant Wattao, le chef d’état-major adjoint des Forces nouvelles (ex-rebelles).
On apprend que M. Ouattara a prêté serment par écrit, samedi matin, en envoyant par voie d'huissier un courrier au président du Conseil constitutionnel. Il y a joint une lettre manuscrite dans laquelle on peut lire: «Je soussigné Alassane Ouattara, né le (...), prête comme suit serment de président de la République de Côte-d'Ivoire: Devant le peuple souverain...»
Le Premier ministre Guillaume Soro annonce qu'il remet sa démission «à son excellence, le président de la République», «le vrai vainqueur de l'élection». Il est aussitôt reconduit dans ses fonctions par Ouattara pour «prendre en main les affaires courantes». Dans son discours, «le Président élu» demande aux forces armées d'assurer la sécurité «sur l'ensemble du territoire» de Côte-d'Ivoire. Puis l'assistante entonne l'hymne national, l'Abidjanaise.
M.A.E.
11 heures, au palais présidentiel
Les invités à la cérémonie d'investiture de Laurent Gbagbo arrivent sous un soleil de plomb dans le quartier fantomatique du Plateau, à Abidjan. Des pick-up surmontés de mitrailleuses lourdes sont postés aux abords du palais présidentiel. Dans la matinée, on a appris qu'au moins deux personnes avaient été tuées dans la nuit par les forces de sécurité dans le quartier de Port-Bouët. D'autres incidents ont été signalés dans plusieurs zones d'Abidjan, à Treichville, où une cinquantaine de blessés ont été dénombrés, selon l'ONU, mais aussi à Koumassi, à Abobo et à Yopougon, sans qu'il soit possible, à ce stade, de dresser un bilan fiable.
Sur l'esplanade qui conduit au palais, des jeunes portant des tee-shirts blancs à l'effigie du Président sortant font la claque en chantant: «On a installé Gbagbo! On a installé Gbagbo!» Le membre de la commission électorale qui, devant les caméras de télévision, avait empêché son porte-parole de délivrer les résultats provisoires, est accueilli en héros.
13h20, à l'intérieur du palais présidentiel
Une clameur s'élève dans la salle des pas perdus. Simone Gbagbo, la «première dame», vient d'entrer.
Elle porte une robe blanche qui scintille. Puis c'est au tour de Laurent Gbagbo de faire son apparition. Il marche d'un air las, son aide de camp l'aide à s'asseoir dans un fauteuil rouge.
Dans l'assistance, on reconnaît l'un des leaders des «patriotes», Eugène Djué, et plusieurs ministres.
Les principaux chefs de l'armée sont là, mais seule une poignée de diplomates a fait le déplacement: les ambassadeurs du Liban, d'Angola et d'Afrique du Sud. Juste derrière eux, Guy Labertit, ami personnel et inconditionnel de Laurent Gbagbo, l'ancien «monsieur Afrique» du Parti socialiste. Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao Ndré, détaille longuement les résultats, justifiant l'invalidation du vote dans neuf départements du Nord ayant permis la victoire de Gbagbo. Enfin, celui-ci prête serment: «Devant le peuple souverain de Côte-d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution...»
L'assistance l'acclame, sans excès d'enthousiasme. Dans son discours d'investiture, Laurent Gbagbo dénonce des «cas graves d'ingérence», ajoutant: «La souveraineté de la Côte d'Ivoire, c'est elle que je suis chargé de défendre, et elle, je ne la négocie pas.»
16h30, Hôtel du Golf
Dans un salon, Alassane Ouattara, «le Président élu», et le Premier ministre Guillaume Soro, font leur entrée. Le premier s'assoit sur un fauteuil rouge (comme au palais) et le second sur une chaise.
Derrière eux, au premier rang des invités, trône le commandant Wattao, le chef d’état-major adjoint des Forces nouvelles (ex-rebelles).
On apprend que M. Ouattara a prêté serment par écrit, samedi matin, en envoyant par voie d'huissier un courrier au président du Conseil constitutionnel. Il y a joint une lettre manuscrite dans laquelle on peut lire: «Je soussigné Alassane Ouattara, né le (...), prête comme suit serment de président de la République de Côte-d'Ivoire: Devant le peuple souverain...»
Le Premier ministre Guillaume Soro annonce qu'il remet sa démission «à son excellence, le président de la République», «le vrai vainqueur de l'élection». Il est aussitôt reconduit dans ses fonctions par Ouattara pour «prendre en main les affaires courantes». Dans son discours, «le Président élu» demande aux forces armées d'assurer la sécurité «sur l'ensemble du territoire» de Côte-d'Ivoire. Puis l'assistante entonne l'hymne national, l'Abidjanaise.
M.A.E.