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Politique Publié le lundi 6 décembre 2010 | Nord-Sud

Couvre-feu, attente des résultats de l’élection, Dialysés de Cocody : la course contre la mort !

Depuis le début du couvre-feu, samedi sur dernier, plusieurs secteurs d’activités, à Abidjan, sont paralysés. Au Centre hospitalier universitaire de Cocody, le centre d’hémodialyse, lui, fonctionne tant bien que mal. Les malades doivent cependant se livrer à une véritable course contre la montre, pour ne pas mourir.

Ce jeudi matin, le Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody grouille de quelques malades et de fonctionnaires. L’affluence est loin de celle des temps ordinaires. Un peu plus au fond du Chu, le Service d’aide médical d’urgence (Samu) est silencieux. A côté, le centre d’hémodialyse accueille des malades anxieux. Au bas des escaliers, une demi-dizaine de personnes bavarde discrètement. Certains sont des parents de dialysés, d’autres attendent de passer pour leur traitement. Dans la pièce de dialyse, des malades, étendus sur leurs lits pliants sont en train de faire leur traitement. Parmi eux, un homme lit silencieusement le journal pendant sa dialyse. Actualité oblige. Il essaye de s’informer sur les derniers évènements. Notamment le prolongement du couvre-feu et la proclamation des résultats du scrutin présidentiel. Il a peur, dit-il. Car, à n’importe quel moment, la situation peut empirer et les bloquer à l’hôpital. Mais, comparé à sa propre vie qui est en danger, il n’a pas tellement le choix.

La dialyse dans la peur

Depuis le couvre-feu, instauré et prorogé, les dialysés du Chu de Cocody ont plus d’un souci. Braver les difficultés financières, mais surtout la situation sociopolitique pour venir se faire soigner. Dans le centre, les visages des malades sont marqués par un mélange de peur et de résignation. « C’est la première fois que je viens pendant le couvre-feu, faire ma dialyse. Avant cela, je ne sortais pas de la maison. En plus de la peur, il y a le problème de transport. Parce que les wôrô-wôrô ne roulent pas à une certaine heure à Abobo. Nous sommes obligés de prendre des taxis-compteurs», indique une femme qui attend son tour de dialyse devant le bâtiment. On lui a dit que le personnel de l’hôpital n’était pas disponible, car tous les infirmiers ne sont pas à leurs postes. Et qu’il était possible qu’elle passe la nuit à l’hôpital. Mais tout cela ne l’a pas rebutée. A-t-elle le choix ? Dans cette ambiance tendue, Moustapha H. un autre patient venu se faire dialyser, est inquiet. Il indique qu’il a été programmé pour être dialysé dans l’après-midi. Son opération pourrait finir au-delà de 19 heures. Donc en plein dans le couvre-feu. Il s’est donc préparé à passer la nuit au Chu. Il s’est fait accompagner par un parent. Lui aussi n’a pas le choix, dit-il. Malgré la situation très tendue dans le pays, il doit respecter sa fréquence de dialyse. C’est une question de vie et de mort, pour lui. « Entre risquer de mourir à la maison et le risque probable d’avoir des problèmes dehors, je choisis la seconde option », explique-t-il. Mais une fois à l’hôpital, il faut encore espérer pouvoir faire sa dialyse. Car le personnel est en effectif réduit.

Quelles que soient les conditions imposées par les médecins, pour passer l’opération, les dialysés doivent les respecter. Le centre d’hémodialyse comporte en tout 3 modules avec sept machines surexploitées. Selon le Dr Tuo Bambélé, néphrologue, qui s’occupe de ces cas, ce sont 23 malades qu’ils font dialyser tous les jours. Et la situation n’a pas changé avec le couvre-feu. Le nombre de personnes à traiter est resté inchangé. « Nous n’avons pas le choix, s’ils ne font pas leur dialyse, ils vont mourir », indique le médecin. Il y a pour cela trois groupes de personnes à traiter dans la journée.

Le premier groupe commence l’opération à 7 heures, pour finir vers 11heures. Le second groupe débute la dialyse à cette heure jusqu’à 17 heures. Et le troisième groupe s’installe alors pour quatre heures de dialyse. Ceux-là sont obligés de passer la nuit au Chu. En tout état de cause, dialyser 23 personnes avec seulement sept machines, demeure une tâche difficile. Selon le néphrologue, les personnes à dialyser ne manquent pas à l’appel. Malgré la distance à parcourir, le coût du transport ou encore le risque que la période du couvre-feu les trouve dehors. Ils doivent impérativement rester dans la fréquence de deux séances de dialyse dans la semaine, pour rester en vie. C’est donc, pour eux, une vraie course contre la mort. Mais il y a un autre problème auquel Dr Tuo doit faire face. « Le personnel de l’hôpital a du mal à travailler avec le couvre-feu or, il faut déléguer des gens pour suivre les dialyser la nuit », précise-t-il. Outre cela, le centre d’hémodialyse est confronté à son éternel problème de manque de matériel. Ce n’est pas le rein artificiel, les lignes, les aiguilles à fistules et le bicarbonate, c’est l’insuffisance de générateurs. Mais, jusque-là, selon le Dr Tuo, il n’y a pas de drame.

Mais la situation pourra-t-elle rester ainsi avec le prolongement du couvre-feu ?

Raphaël Tanoh
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