Le Conseil constitutionnel vient de proclamer les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Avez-vous une adresse particulière à l’endroit du Président élu...
Le Copaci, par ma voix, tient à féliciter chaleureusement le Président Gbagbo pour sa réélection démocratique à la présidence de la République de Côte-d’Ivoire. Nous lui souhaitons beaucoup de courage et de succès dans la mise en œuvre de son programme de gouvernement, dans l’intérêt du peuple ivoirien.
Nous marchons maintenant vers les législatives, les conseils généraux et les municipales, et nous considérons qu'il faut impérativement les conditionner au désarmement et au redéploiement de l'Administration. Sinon, ce serait absurde de refaire les mêmes fautes.
Nous voudrions aussi demander au chef de l'Etat d'ouvrir une enquête parlementaire sur la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire, afin de faire la lumière sur tous les crimes humains et économiques. Nous n'oublions pas non plus l'audit de tous les ministères du gouvernement d'union nationale qu'Il avait promis pendant la campagne et nous souhaitons qu’il le fasse le plus tôt possible.
Quels commentaires faites-vous de cette proclamation des résultats de la présidentielle ?
Cette proclamation est légale, légitime et juste. Elle est conforme à la Constitution et au code électoral. A ce sujet, je tiens à saluer le conseil constitutionnel qui a pleinement joué son rôle, et a fustigé l’attitude de la communauté internationale pour son ingérence incongrue et méprisante dans la désignation du Président de la République de Côte-d’Ivoire.
Cette communauté internationale a maladroitement et illégalement orchestré, devant les médias étrangers, la proclamation des résultats provisoires à l’Hôtel du Golf, Quartier général des rebelles et du candidat Ouattara. La réalité du pouvoir dans notre pays ne se trouve pas dans le chorus que font les médias occidentaux. Elle se trouve sur le terrain, là où les Ivoiriens choisissent celui qui doit les gouverner. Notre pays est souverain, et sa souveraineté a été réaffirmée à plusieurs reprises dans les résolutions onusiennes sur la crise ivoiriennes. Si l’Onu ignore le sens de la souveraineté d’un Etat, c’est bien dommage.
Cette Onu ne sera crédible qu’en respectant ses propres résolutions. Si l’Onu était experte et qualifiée en certification d’élection démocratique, elle aurait dû exiger et obtenir le désarmement préalable des rebelles, afin de garantir dans leurs zones une élection libre, transparente et démocratique. Les Casques bleus de l’Onuci ont été incapables de créer les conditions d’une élection libre et démocratique en zones rebelles. La certification de l’élection présidentielle par monsieur Youn-Jin Choi, n’est qu’un élément de son rapport de mission, puisqu’il doit rendre compte à son patron. Cette certification ne saurait donc avoir aucune influence sur l’histoire politique de la Côte d’Ivoire.
En outre, nous condamnons tout ce honteux acharnement de la communauté internationale qui a déposé son masque, contre les autorités ivoiriennes.
Le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire suscite de nombreuses interrogations et de nombreux commentaires. Mais je voudrais particulièrement vous interroger sur le vote des Ivoiriens de la diaspora dont vous faites partie. A l’analyse des votes du premier et du second tour de l’élection présidentielle, peut-on dire que la diaspora ivoirienne est anti-Gbagbo ?
Non, je ne le pense pas. Je crois qu'il ya d'autres explications.
Lesquelles ?
La première explication se situe au niveau de l’enrôlement. Cet enrôlement, pour ce qui concerne la France, a été à dessein, bâclé et très mal organisé. Les organisateurs n’ont pas pris en compte plusieurs facteurs, propres à la diaspora, qui auraient pu causer le succès de cette opération. Les Ivoiriens n’ont pas été suffisamment informés et sensibilisés. Ce n’est qu’à l’approche du délai imparti qu’ils ont commencé à se mobiliser pour se faire enrôler. On a donc assisté à des bousculades, à des violences par moments. Pour toutes ces raisons, le Copaci avait demandé, en son temps, une prolongation du délai de l’enrôlement en France.
A cet effet, en juin 2009, nous avons simultanément adressé une lettre à l’ambassadeur Pierre Kipré, une lettre à Maître Gervais Téti, ex-Président de la Cei France et une Lettre ouverte à Monsieur Beugré Mambé, Président d’alors de la Cei centrale. Mais nous n’avons pas été écoutés. L’enrôlement ayant été bâclé, il était évident que peu d’Ivoiriens soient inscrits sur la liste électorale. Cependant, certains se sont constitués en réseau politique pour se faire enrôler.
Il faut noter que l’insuccès de l’enrôlement en France, où se trouve la grande majorité des Ivoiriens de la diaspora, n’a pas été à l’avantage du candidat Gbagbo, car il y compte de nombreux militants et sympathisants. Si toutes ces personnes avaient pu s’inscrire sur la liste électorale, et si les pratiques antidémocratiques n’avaient pas conduit à l’annulation des scrutins en France, le candidat Gbagbo aurait eu la majorité des voix de la Diaspora au premier et au second tour de la présidentielle.
Au problème de l’enrôlement, il faut ajouter celui de l’organisation de la campagne. Nous n'avons pas vu une vraie campagne de proximité. Les gens se sont contentés de conférences de circonstances.
Aussi comment pouvait-on sensibiliser et mobiliser une diaspora dont le Directeur de campagne réside en Côte d'ivoire et qui n’a pas une maîtrise du terrain?
Quelle commentaire faites-vous des conditions générales du déroulement du scrutin et particulièrement de celles du Nord ?
Depuis deux ans, le Copaci n’a cessé de prévenir des risques encourus dans le cadre d’une élection sans désarmement. Les irrégularités, les violences et les intimidations qui ont eu lieu en zones rebelles le jour du scrutin, nous donnent malheureusement raison. La rébellion n’a pas renoncé à sa logique originelle de prise du pouvoir par les armes. Une fois qu’on l’aura compris, les choses pourront évoluer.
La démocratie est fondée sur des lois, et ne se réduit en aucun cas à une simple introduction d’un bulletin de vote dans l’urne. Quand les lois qui fondent la démocratie ne sont pas respectées, il n’y a plus de démocratie. Dans les zones où les résultats du vote ont été annulés, ils n’y pas eu d’élection démocratique. Or, il était question d’élire démocratiquement le Président de tous les Ivoiriens. La décision du Conseil constitutionnel est une très bonne leçon de démocratie. Nous pensons qu’elle marquera les esprits et permettra ainsi une avancée de la démocratie dans notre pays.
Les Ivoiriens, après huit années de souffrance, d’inquiétude et d’angoisse, ont dit non à la rébellion et à ses alliés. Nous saluons le peuple ivoirien pour son héroïsme démocratique.
Dans la partie gouvernementale en revanche, le scrutin s’est généralement bien déroulé, en dépit de certains incidents. Cela témoigne évidemment de l’ordre dû à l’existence de l’autorité de l’Etat.
Je tiens à répéter qu’il faudra conditionner toutes les élections locales en zones rebelles par le désarmement. C’est une question de bon sens, de démocratie et d’éthique politique.
Dans l’ensemble, nous marchons vers la démocratie, mais il y a encore beaucoup d'efforts à faire.
Quels commentaires faites-vous des menaces du procureur de la Cpi contre les autorités ivoiriennes?
Nous sommes bien surpris par de telles menaces qui sentent une forte odeur de manipulation et d’instrumentalisation politique au service d’intérêts occidentaux obscurs. Si la Cpi était si préoccupée des Droits de l’Homme en Côte-d’Ivoire, elle aurait dû faire arrêter, depuis le déclenchement de la crise, tous ces rebelles qui ont massacré les Ivoiriens, qui ont tué, torturé et commis bien d’autres crimes. En brandissant son épée dans le contexte actuel de la politique ivoirienne, la Cour pénale internationale entache fortement sa crédibilité. Le Copaci a eu à saisir cette Cpi en octobre 2008 et en septembre 2009 pour enquêter sur les graves violations des Droits de l’Homme survenues depuis le 19 septembre 2002, une action que nous poursuivrons d'ailleurs pour réclamer justice pour le peuple ivoirien. La Cpi a jugé bon de garder un silence éloquent sur nos saisines. D’où lui vient subitement l’inspiration de lever le ton et de brandir la menace contre les autorités ivoiriennes ? Nous désapprouvons ces menaces politiques de la Cpi.
Interview réalisée par Zéka Togui
Une correspondance particulière
Le Copaci, par ma voix, tient à féliciter chaleureusement le Président Gbagbo pour sa réélection démocratique à la présidence de la République de Côte-d’Ivoire. Nous lui souhaitons beaucoup de courage et de succès dans la mise en œuvre de son programme de gouvernement, dans l’intérêt du peuple ivoirien.
Nous marchons maintenant vers les législatives, les conseils généraux et les municipales, et nous considérons qu'il faut impérativement les conditionner au désarmement et au redéploiement de l'Administration. Sinon, ce serait absurde de refaire les mêmes fautes.
Nous voudrions aussi demander au chef de l'Etat d'ouvrir une enquête parlementaire sur la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire, afin de faire la lumière sur tous les crimes humains et économiques. Nous n'oublions pas non plus l'audit de tous les ministères du gouvernement d'union nationale qu'Il avait promis pendant la campagne et nous souhaitons qu’il le fasse le plus tôt possible.
Quels commentaires faites-vous de cette proclamation des résultats de la présidentielle ?
Cette proclamation est légale, légitime et juste. Elle est conforme à la Constitution et au code électoral. A ce sujet, je tiens à saluer le conseil constitutionnel qui a pleinement joué son rôle, et a fustigé l’attitude de la communauté internationale pour son ingérence incongrue et méprisante dans la désignation du Président de la République de Côte-d’Ivoire.
Cette communauté internationale a maladroitement et illégalement orchestré, devant les médias étrangers, la proclamation des résultats provisoires à l’Hôtel du Golf, Quartier général des rebelles et du candidat Ouattara. La réalité du pouvoir dans notre pays ne se trouve pas dans le chorus que font les médias occidentaux. Elle se trouve sur le terrain, là où les Ivoiriens choisissent celui qui doit les gouverner. Notre pays est souverain, et sa souveraineté a été réaffirmée à plusieurs reprises dans les résolutions onusiennes sur la crise ivoiriennes. Si l’Onu ignore le sens de la souveraineté d’un Etat, c’est bien dommage.
Cette Onu ne sera crédible qu’en respectant ses propres résolutions. Si l’Onu était experte et qualifiée en certification d’élection démocratique, elle aurait dû exiger et obtenir le désarmement préalable des rebelles, afin de garantir dans leurs zones une élection libre, transparente et démocratique. Les Casques bleus de l’Onuci ont été incapables de créer les conditions d’une élection libre et démocratique en zones rebelles. La certification de l’élection présidentielle par monsieur Youn-Jin Choi, n’est qu’un élément de son rapport de mission, puisqu’il doit rendre compte à son patron. Cette certification ne saurait donc avoir aucune influence sur l’histoire politique de la Côte d’Ivoire.
En outre, nous condamnons tout ce honteux acharnement de la communauté internationale qui a déposé son masque, contre les autorités ivoiriennes.
Le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire suscite de nombreuses interrogations et de nombreux commentaires. Mais je voudrais particulièrement vous interroger sur le vote des Ivoiriens de la diaspora dont vous faites partie. A l’analyse des votes du premier et du second tour de l’élection présidentielle, peut-on dire que la diaspora ivoirienne est anti-Gbagbo ?
Non, je ne le pense pas. Je crois qu'il ya d'autres explications.
Lesquelles ?
La première explication se situe au niveau de l’enrôlement. Cet enrôlement, pour ce qui concerne la France, a été à dessein, bâclé et très mal organisé. Les organisateurs n’ont pas pris en compte plusieurs facteurs, propres à la diaspora, qui auraient pu causer le succès de cette opération. Les Ivoiriens n’ont pas été suffisamment informés et sensibilisés. Ce n’est qu’à l’approche du délai imparti qu’ils ont commencé à se mobiliser pour se faire enrôler. On a donc assisté à des bousculades, à des violences par moments. Pour toutes ces raisons, le Copaci avait demandé, en son temps, une prolongation du délai de l’enrôlement en France.
A cet effet, en juin 2009, nous avons simultanément adressé une lettre à l’ambassadeur Pierre Kipré, une lettre à Maître Gervais Téti, ex-Président de la Cei France et une Lettre ouverte à Monsieur Beugré Mambé, Président d’alors de la Cei centrale. Mais nous n’avons pas été écoutés. L’enrôlement ayant été bâclé, il était évident que peu d’Ivoiriens soient inscrits sur la liste électorale. Cependant, certains se sont constitués en réseau politique pour se faire enrôler.
Il faut noter que l’insuccès de l’enrôlement en France, où se trouve la grande majorité des Ivoiriens de la diaspora, n’a pas été à l’avantage du candidat Gbagbo, car il y compte de nombreux militants et sympathisants. Si toutes ces personnes avaient pu s’inscrire sur la liste électorale, et si les pratiques antidémocratiques n’avaient pas conduit à l’annulation des scrutins en France, le candidat Gbagbo aurait eu la majorité des voix de la Diaspora au premier et au second tour de la présidentielle.
Au problème de l’enrôlement, il faut ajouter celui de l’organisation de la campagne. Nous n'avons pas vu une vraie campagne de proximité. Les gens se sont contentés de conférences de circonstances.
Aussi comment pouvait-on sensibiliser et mobiliser une diaspora dont le Directeur de campagne réside en Côte d'ivoire et qui n’a pas une maîtrise du terrain?
Quelle commentaire faites-vous des conditions générales du déroulement du scrutin et particulièrement de celles du Nord ?
Depuis deux ans, le Copaci n’a cessé de prévenir des risques encourus dans le cadre d’une élection sans désarmement. Les irrégularités, les violences et les intimidations qui ont eu lieu en zones rebelles le jour du scrutin, nous donnent malheureusement raison. La rébellion n’a pas renoncé à sa logique originelle de prise du pouvoir par les armes. Une fois qu’on l’aura compris, les choses pourront évoluer.
La démocratie est fondée sur des lois, et ne se réduit en aucun cas à une simple introduction d’un bulletin de vote dans l’urne. Quand les lois qui fondent la démocratie ne sont pas respectées, il n’y a plus de démocratie. Dans les zones où les résultats du vote ont été annulés, ils n’y pas eu d’élection démocratique. Or, il était question d’élire démocratiquement le Président de tous les Ivoiriens. La décision du Conseil constitutionnel est une très bonne leçon de démocratie. Nous pensons qu’elle marquera les esprits et permettra ainsi une avancée de la démocratie dans notre pays.
Les Ivoiriens, après huit années de souffrance, d’inquiétude et d’angoisse, ont dit non à la rébellion et à ses alliés. Nous saluons le peuple ivoirien pour son héroïsme démocratique.
Dans la partie gouvernementale en revanche, le scrutin s’est généralement bien déroulé, en dépit de certains incidents. Cela témoigne évidemment de l’ordre dû à l’existence de l’autorité de l’Etat.
Je tiens à répéter qu’il faudra conditionner toutes les élections locales en zones rebelles par le désarmement. C’est une question de bon sens, de démocratie et d’éthique politique.
Dans l’ensemble, nous marchons vers la démocratie, mais il y a encore beaucoup d'efforts à faire.
Quels commentaires faites-vous des menaces du procureur de la Cpi contre les autorités ivoiriennes?
Nous sommes bien surpris par de telles menaces qui sentent une forte odeur de manipulation et d’instrumentalisation politique au service d’intérêts occidentaux obscurs. Si la Cpi était si préoccupée des Droits de l’Homme en Côte-d’Ivoire, elle aurait dû faire arrêter, depuis le déclenchement de la crise, tous ces rebelles qui ont massacré les Ivoiriens, qui ont tué, torturé et commis bien d’autres crimes. En brandissant son épée dans le contexte actuel de la politique ivoirienne, la Cour pénale internationale entache fortement sa crédibilité. Le Copaci a eu à saisir cette Cpi en octobre 2008 et en septembre 2009 pour enquêter sur les graves violations des Droits de l’Homme survenues depuis le 19 septembre 2002, une action que nous poursuivrons d'ailleurs pour réclamer justice pour le peuple ivoirien. La Cpi a jugé bon de garder un silence éloquent sur nos saisines. D’où lui vient subitement l’inspiration de lever le ton et de brandir la menace contre les autorités ivoiriennes ? Nous désapprouvons ces menaces politiques de la Cpi.
Interview réalisée par Zéka Togui
Une correspondance particulière