Le Patronat ivoirien a décidé de rompre le silence face à la situation politique. Hier, au siège de la Cgeci (Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire), au Plateau, cette structure est montée au créneau pour marquer sa désapprobation face à la situation précaire qui prévaut pour les entreprises ivoiriennes, au lendemain de l’élection présidentielle. Jean Kacou Diagou, président de la Cgeci, entouré de Sylla Mahamadou, président des Grandes entreprises industrielles de Côte d’Ivoire et Lakoun Ouattara, Directeur général de la Cgeci a déploré la situation politique actuelle. Selon Diagou, cette situation pénalise déjà fortement la vie des affaires en raison de la fermeture et la mise en sommeil des entreprises du fait notamment de la perturbation des horaires de travail par le couvre-feu ; le renchérissement du coût des importations du fait des difficultés de transport (intérieur et extérieur) et de l’augmentation des primes d’assurances. Il a aussi évoqué les difficultés d’exportation de produits agricoles périssables (banane, ananas, mangue) et des cultures de rente telles que le café, le cacao, le coton avec les restrictions de communication (télévision, radio, Sms) et de circulation des personnes et des biens. La Cgeci a également révélé les pertes de marchés à l’extérieur, la suspension ou restriction des financements extérieurs (Banques commerciales, Banque mondiale, Bad, Ue, etc.). A cela s’ajoute l’accroissement du risque-pays en raison de la dégradation de l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur et ses conséquences sur les investissements et les coûts de transactions internationales. Sans oublier la forte menace sur les relations de la Côte d’Ivoire avec les partenaires commerciaux à l’étranger dont l’Agoa, la baisse d’activité et de chiffre d’affaires des entreprises. Conséquences : la diminution des recettes fiscales et douanières, les difficultés voire l’impossibilité de paiement des salaires des travailleurs du secteur privé, des fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Avec en sus la mise en chômage technique du personnel, voire le licenciement et son corollaire d’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité. « Pour de nombreuses entreprises, la situation économique et financière commence déjà à être difficile et elle risque de s’aggraver si la situation politique actuelle perdure au-delà du 15 décembre », a indiqué Diagou. Aussi, le patronat ivoirien appelle-t-il les acteurs politiques ivoiriens à ‘‘ trouver sans tarder, une solution à la crise’’ car la Côte d’Ivoire ‘‘ ne peut courir le risque de se couper de l’extérieur et se refermer sur elle-même sans péril pour son économie’’. Selon Diagou, sur la base des sanctions annoncées par les organisations internationales et les bailleurs de fonds, ‘‘la Côte d’Ivoire court inéluctablement à la catastrophe’’. Le patronat ivoirien invite donc toutes les entreprises du secteur privé à demeurer à l’écoute de ses mots d’ordre concernant le paiement des impôts, les mises en chômage technique et les licenciements.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA