Plutôt le chaos que de rendre le pouvoir. C’est l’option que semble avoir choisie l’ex-chef d’Etat, Laurent Gbagbo, démocratiquement battu dans les urnes au deuxième tour de la présidentielle ivoirienne, le 28 novembre dernier, et qui refuse de céder le pouvoir. Si Laurent Gbagbo est parvenu, depuis une semaine, à s’accrocher à son fauteuil grâce à la complicité du conseil constitutionnel et l’appui de l’armée sinon de sa hiérarchie, son maintien au fil des jours qui passent, n’est pas rassurant quant aux desseins affichés par ses partisans. Il faut avoir le courage de tirer sur la sonnette d’alarme : la guerre civile se dessine à nos portes. Outre les 60 morts officiellement enregistrés depuis le samedi 27 novembre dernier, dans les rangs de l’opposition, les ingrédients d’une guerre civile semblent plus que jamais réunis en Côte d’Ivoire. Après avoir convoyé à ses partisans dans les zones forestières des armes pour faire face à une éventuelle révolte des militants du rassemblement des houphouétistes pour la paix, c’est le district d’Abidjan qui concentre aujourd’hui toute l’attention et la stratégie criminelle des hommes de l’ex-chef d’Etat. Des armes à feu seraient distribuées dans les cités universitaires, à Koumassi, les quartiers Sogefiha et Sicogi, sont fortement soupçonnés d’être transformés en des caches d’armes aux mains des éléments de la Fesci et de simples militants extrémistes du Front Populaire Ivoirien. Idem à Yopougon, à Port-Bouët et à Abobo. Une situation qui, si elle s’avère vraie comme des témoignages concordants l’attestent, rappelle trait pour trait, les signes avant-coureurs de la boucherie rwandaise où des « extrémistes » comme le colonel Théonesté Bagosora (arrêté et jugé par le TPI) ont armé des semaines durant en 1994 les (interarmouhés ) en machettes et en armes à feu pour s’attaquer aux civils. On sait le résultat de cette ignoble action préméditée, contre laquelle la communauté internationale n’a pas su réagir avec la fermeté qui s’imposait. Un spectacle macabre auquel, pourtant, les forces onusiennes et des forces spéciales françaises ont assisté. En développant des forces parallèles en appui à son armée, Laurent Ggabo plus que jamais isolé fait courir des risques d’un génocide à la Côte d’Ivoire. 16 ans après le cas rwandais, la communauté internationale laissera t-elle l’histoire se répéter en Côte d’Ivoire? Les faits sont-là et le monde entier retient son souffle. Chacun devra, forcément, assumer ses responsabilités devant l’Histoire.
Alexandre Lebel
Alexandre Lebel