Long, difficile, budgétivore, le processus de sortie de crise ivoirienne s’est à nouveau ensablé, consacrant de facto un bicéphalisme factice au sommet de l’Etat. Dans ce duel à mort, qui de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara sortira vainqueur ? La question prend tout son sens à la lecture des soutiens dont bénéficient les deux camps. Ouattara peut se frotter les mains d’avoir avec lui, la très puissante machine onusienne dont le démembrement Onuci a pris clairement fait et cause pour lui. De façon nauséeuse. Contrairement à ce que veulent faire croire ses pourfendeurs, Laurent Gbagbo a toujours le soutien de ceux qui ont permis à son régime de résister à la bourrasque internationale, à savoir, la Russie, la Chine, l’Angola, etc. De l’un à l’autre, les protagonistes ont des arguments à revendre. L’un, Ouattara, se prévaut de l’onction populaire; l’autre, Gbagbo, de la légalité constitutionnelle. Difficile de trancher dans le vif, sans être étiqueté serveur de thé de tel ou tel leader. Une chose est cependant sûre, la crise a aujourd’hui, la forme d’un labyrinthe dont personne ne peut prédire l’issue. Pourtant, il faut en sortir. On ne peut pas avoir brûlé autant de calories pour se retrouver à la case départ. Que faire ? Véritable équation à multiples inconnues. Il faut commencer par éliminer le paramètre à problèmes : installer Ouattara au pouvoir. Ceux qui militent ouvertement pour cette option ne se rendent pas compte des risques qu’ils font courir à la Côte d’Ivoire. C’est un secret mal gardé, Ouattara Alassane est le père de la rébellion qui a tenté de renverser le pouvoir de Laurent Gbagbo. C’est cette même rébellion que les Forces de défense et de sécurité restées loyales à la République ont combattue et continuent de combattre. La victoire de Ouattara, au moment où des com’zones règnent en caudillo au Nord, serait vue, non seulement comme une défaite pour ces vaillants soldats, mais surtout comme une prime à la violence dans l’accession au pouvoir d’Etat. On pourrait prétexter qu’ayant accepté les règles du jeu démocratique, les uns et les autres devraient se plier au verdict des urnes, expression de la volonté du peuple. Hélas, ce qui s’est passé dans les zones Centre- nord et ouest ne respecte pas les normes et standards des élections crédibles. Par la force des armes, les rebelles ont faussé le jeu démocratique. Pourtant, ils étaient censés être dans les casernes et autres sites de cantonnement. Pour une élection équitable, c’en était pas une. Et ce sont ces arguments qui ont conduit le Conseil constitutionnel à invalider les résultats de certains départements. Si ceux qui veulent vaille que vaille voir Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire sont guidés uniquement par des valeurs démocratiques, ils ne devraient pas l’être moins, en ce qui concerne les lois. Lesquelles lois sont le fondement de la République. Or, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 ne fait nullement la promotion du barbarisme comme mode d’accession au pouvoir. Donc, Alassane au pouvoir aura pour unique avantage de voir la piétaille se débarrasser des armes qu’elle détient illégalement dans les zones occupées. Mais il ouvrirait un cercle infernal de violence. Parce que les partisans de Laurent Gbagbo ne regarderont jamais admiratifs Ouattara gouverner. Celui-là même qui a déstabilisé le pouvoir de l’actuel chef de l’Etat depuis 2000. C’est une loi de la nature ; la troisième loi de la dynamique ; la loi de l’action et de la réaction. Mieux, on peut ne pas être d’accord sur la décision rendue par le Conseil constitutionnel, mais en tant qu’Institution de la République, on se devrait de s’incliner devant sa chose jugée. Sinon, on comprendrait mal que la Communauté dite internationale accorde plus de crédit à une commission électorale à forte coloration opposition et piétine le Conseil constitutionnel, parce que soupçonné proche du pouvoir d’Abidjan. A-t-on un seul instant prêté une attention particulière à la décision rendue par la Commission électorale indépendante ? Rien que le taux de participation de 81 % annoncé par Youssouf Bakayoko, là où le monde entier a constaté une faible affluence, prouve que l’institution a fait du faux au profit de Ouattara. Laurent Gbagbo au pouvoir, la sortie de crise, disons-le net, prendrait un plomb dans l’aile. Guillaume Soro a déjà revêtu son habit de chef rebelle. Ça ne sera pas une partie de plaisir. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre mal. Félin politique, Laurent Gbagbo est certainement prêt à faire des concessions. Pour la paix, il a déjà beaucoup donné. Il appartient à Alassane Ouattara d’être lucide. Tout autre option plongera ce pays dans l’incertitude, dans la quadrature du cercle…dans le chaos. Croisons les doigts.
Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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