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Politique Publié le vendredi 10 décembre 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Couvre-feu, bicéphalisme à la tête de l’Etat / Yopougon, Plateau, Issia… - Voici comment les Ivoiriens vivent la crise ?

Depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire écrit une nouvelle page de son histoire. Entre envie de vivre et se résigner, les ivoiriens ont choisi malgré eux de vivre. Chacun selon son style et ses préférences. Il est 9 heures à Yopougon, ce jeudi matin. Chez Djimi règne l’ambiance quotidienne entretenue par ceux qu’on appelle ici les ‘’titrologues’’. Eux, ce sont les abonnés à la une des journaux affichés sur un morceau de contre-plaqué qui laisse à désirer. Les ‘’ manchettes’’ se contredisent selon leurs couleurs. D’un côté les ‘’verts’’ farouches défenseurs d’Alassane Ouattara présenté Président de la République de Côte d’Ivoire. De l’autre les ‘’bleus’’ pour qui Laurent Gbagbo est le capitaine incontesté du navire Ivoire. En cette période de confusion, ce ne sont pas les commentaires qui manquent devant le kiosque de Djimi. Le sujet est connu : la dyarchie au sommet de l’Etat qui oppose Gbagbo à Ouattara. Une façon pour chacun de refouler en lui ses pulsions et ses ressentiments. Qu’à cela ne tienne. La crise est aiguë mais personne ne veut en être l’otage. Les rues et grandes artères de la capitale économique ont repris vie. Les transports en commun, dont les employés vivent au jour le jour n’ont pas attendu longtemps pour reprendre le ‘’boulot’’. Crise ou pas, il faut qu’ils mangent. A Issia dans le centre ouest, le 28 novembre a été particulièrement sanglant avec son lot de morts. Mais il faut tourner la page et le temps est à la réconciliation et au pardon. Le Plateau, le centre des affaires d’Abidjan a retrouvé son animation habituelle et semble oublier ses frasques des jours tumultueux. L’administration publique a repris même si elle n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Les marchés Gouro s’approvisionnent à leurs rythmes. Seul bémol, le choc conjoncturel a provoqué une inflation consécutive à la perturbation des circuits de distribution et d’approvisionnement. Le couvre-feu instauré depuis la veille de la présidentielle n’y est pas étranger. Fort heureusement, ses horaires ont été réaménagés. Les rues abidjanaises peuvent alors renouer avec les jeunes filles et les amoureux des virées nocturnes. Ces ‘’gazelles’’ qui vous envoutent à leur passage et sur qui la crise a du mal à laisser des séquelles. A elles, ne parlez surtout pas de ce sujet. Elles n’en ont cure. Lydie est de cette race. Elle habite Yopougon Sicogi et doit répondre à l’invitation de quelques amis ce jeudi soir. ‘’Couvre-feu ou pas, moi je sors. Je n’ai pas le choix’’, coupe-t-elle court à l’interpellation à elle adressée. Il y a deux jours, le patronat ivoirien par la voix de Jean Kacou Diagou lançait un appel aux politiques quant à la vie des entreprises en cette période de crise. Certaines pourraient fermer jusqu’au 15 décembre ne pouvant plus honorer leur engagement vis-à-vis du fisc si la situation restait en l’état, prévenait-il. Déclaration de principe ou sérieuse mise en garde ? Toujours est-il que les zones industrielles continuent leurs activités en dépit des difficultés. Ainsi va la Côte d’Ivoire, pays des exceptions, laboratoire des expériences politiques, où tout un peuple miné par un bicéphalisme au sommet de l’Etat tente de sortir de sa torpeur. C’est ça la Côte d’Ivoire des contrastes.
Sylvain Débailly
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