Au lendemain de la présidentielle ivoirienne remportée brillamment par Alassane Ouattara avec 54,1% des suffrages contre Gbagbo Laurent (45,90%), le Conseil constitutionnel a cru bon de mentir aux Ivoiriens. Dans une pastiche, Yao Paul N’Dré, se fondant sur des ragots – d’ailleurs démenti par les différents rapports des préfets des régions incriminées – s’est empressé pour invalider le vote de sept départements pour déclarer son candidat vainqueur. Au motif que seul le Conseil constitutionnel est la seule institution habilitée à donner les résultats définitifs. En effet, dans un Etat normal, cela ne peut se nier. Mais dans le cas de la Côte d’Ivoire, un pays qui vit au rythme d’arrangements politiques et de résolutions de l’ONU depuis le déclenchement de la crise politico-militaire de 2002, il s’avère nécessaire de dire la vérité au peuple de Côte d’Ivoire. Surtout sur le rôle du représentant spécial de l’ONU et sa mission de certification des résultats du processus. Tout prend sa source dans l’Accord de Pretoria signé le 6 avril 2005 par les parties ivoiriennes sous la médiation de Thabo Mbeki. Conscientes des difficultés et sensibilités liées aux élections, les parties signataires ont demandé, à l’unanimité, au médiateur de soumettre une requête à l’ONU pour une participation active au processus électoral. Une doléance inscrite au point 10 de l’Accord de Pretoria que voici : «Les parties signataires du présent accord sont conscientes des difficultés et sensibilités liées aux élections. En vue d`assurer l`organisation d`élections libres, justes et transparentes, elles ont admis que les Nations Unies soient invitées à prendre part aux travaux de la Commission Electorale Indépendante. A cet effet, elles ont donné mandat au Médiateur, Son Excellence Monsieur Thabo Mbeki, d`adresser une requête aux Nations Unies, au nom du peuple ivoirien, en vue de leur participation dans l`organisation des élections générales. Les parties demandent que la même requête soit adressée aux Nations Unies en ce qui concerne le Conseil Constitutionnel. Les Nations Unies doivent s`assurer à ce que leur mission d`intervention sollicitée soit appuyée par un mandat et des pouvoirs appropriés à l`accomplissement de leur mission». Suite à cette doléance des parties ivoiriennes, le 13 avril dernier 2006 le Secrétaire général écrit au Conseil de sécurité pour l’informer de la nomination de Gérard Stoudmann de la Suisse, au poste de Haut Représentant pour les élections (HRE) en Côte d’Ivoire. Une décision adoptée par le Conseil de sécurité qui exige le respect de la souveraineté de l’Etat ivoirien au diplomate suisse. S’il est vrai que ce dernier ne doit pas s’ingérer dans les affaires intérieures, mandat lui est donné de certifier le processus électoral. En 2007, après le départ de Stoudmann motivé par Gbagbo qui avait du mal à accepter ce mandat de supervision tel que défini dans la résolution 1721 du Conseil de sécurité de l’ONU, la certification du processus électoral est confié au représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Young Jin Choï. Le mandat de supervision que lui confère la résolution 1721 lui donne le droit d’attester de la véracité des résultats où de les contester. En clair, c’est à lui que revient le dernier mot. Il est le dernier habilité à donner les résultats définitifs et cela, après que le Conseil constitutionnel ait prononcé son verdict. Toutes les parties signataires de l’Accord de Pretoria étaient conscientes de la grande responsabilité qu’elles léguaient au représentant de l’ONU. Une première dans la mission de l’ONU. Et le secrétaire général de l’ONU l’a si bien précisé : «Toutes les parties ivoiriennes, en l’acceptant, ont la nécessité de maintenir la responsabilité des Nations unies pour ce qui est de la certification internationale du processus électoral». Comme sa mission essentielle est de garantir la paix, la stabilité et la prospérité des Etats et surtout que les parties ivoiriennes ont fait de la certification internationale un préalable au retour définitif de la paix après les élections, l’ONU s’est donc pliée aux exigences du peuple ivoirien. Ce que n’a pas manqué de souligner Choï lors de sa conférence de presse du mercredi dernier : «Comme certificateur des élections ivoiriennes, je ne fais que le travail qui a été accepté par les autorités ivoiriennes. En termes de certification des élections par les Nations Unies, la Côte d’Ivoire est le premier cas en Afrique. Les Nations Unies n’ont pas sollicité une telle responsabilité. Les dirigeants ivoiriens ont demandé aux Nations Unies de jouer ce rôle suite à l’Accord de Pretoria de 2005. Il s’agit là d’une responsabilité solennelle des Nations Unies envers le peuple ivoirien, qui a droit à la paix, à la stabilité, à la prospérité et au respect de sa volonté». Cette tâche, il l’a assumée lors du premier tour de la présidentielle. Après que le Conseil constitutionnel se soit prononcé, Choï a certifié les résultats. A l‘occasion, il a même reçu les félicitations de tous les candidats. Alors d’où vient la contestation au second tour ? Parce que Gbagbo a perdu ? Indéniablement. Mais la bonne foi, le bon sens et l’intelligence l’auraient pu guider. Il est conscient que la responsabilité des résultats définitifs dans l’élection de Côte d’Ivoire revient à l’ONU. Il doit le leur dire pour que cessent enfin les souffrances des Ivoiriens et que les tueries s’arrêtent. Choï ne fait nullement de l’ingérence. Il n’a fait que le travail que lui ont confié les Ivoiriens en 2005 avec l’Accord de Pretoria. Alcide Djédjé ne peut pas le savoir. Il aurait pu lui aussi sortir grandi de cette affaire. Mais ignorant qu’il est. De toute façon, il n’a jamais réussi à faire les aspirations de son pays durant tout le temps qu’il a passé à l’ONU en tant qu’Ambassadeur ivoirien.
Gbagbo a menti aux Ivoiriens et il continue à le faire. Mais les textes sont encore-là et toujours vérifiables.
OUATTARA Gaoussou
Gbagbo a menti aux Ivoiriens et il continue à le faire. Mais les textes sont encore-là et toujours vérifiables.
OUATTARA Gaoussou