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Politique Publié le vendredi 10 décembre 2010 | Notre Voie

Fraudes et violences à l’élection présidentielle ivoirienne : La position à double vitesse de la communauté internationale

© Notre Voie Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. M. Choi Young-Jin, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d`Ivoire, et patron de l`ONUCI
La prise de position des pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis d’Amérique dans la crise post-électorale que vit la Côte d’Ivoire ne manque pas d’intriguer quand on la compare à celle qui a été la leur face à l’élection iranienne du 12 juin 2009. Pendant qu’ils remettaient en cause la réélection de Mahmoud Ahmadinejad pour des fraudes supposées, les mêmes pays refusent d’entendre parler des fraudes avérées en Côte d’Ivoire. Pourquoi cette attitude ambivalente ? Pourquoi les pays occidentaux n’apprécient-ils pas les faits de la même manière?

Le fait est que ces pays agissent toujours selon leurs propres intérêts et jamais selon les intérêts des peuples concernés. Et si, en Iran, ils ont fait chorus pour remettre en cause les résultats officiels de la présidentielle, c’est parce que c’est celui qu’ils soutiennent qui dénonçait des fraudes massives. Au contraire, en Côte d’Ivoire, ils ferment les yeux sur les fraudes avérées parce que cela profite à leur poulain.

Dans le cas de l’Iran, les quotidiens français Libération et Le Figaro avaient fourni des détails sur les moyens utilisés pour frauder. Ainsi, Libération soutenait que “la manipulation des votes a pu être aussi massive grâce à la prise de contrôle du ministère de l'Intérieur par des bassidji (miliciens) qui ont investi, vendredi, soit le jour même du scrutin, dès 17 heures, des terminaux de totalisation des votes, chassant les fonctionnaires affectés à ces postes”.

La presse française aurait pu en dire de même en Côte d’Ivoire si elle en avait seulement eu la volonté. Car, ici, on peut dire que la fraude a pu être rendue massive grâce à la prise de contrôle de la Commission électorale dite indépendante par les partis d’opposition liés à la rébellion. Au lieu d’écrire à longueur d’articles que Laurent Gbagbo a été proclamé par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, la presse française pourrait aussi écrire que la Commission électorale dite indépendante est acquise à la cause d’Alassane Ouattara. Il est tellement facile de démontrer que le président de cette commission, M. Youssouf Bakayoko est un membre éminent du rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui soutient Ouattara. Que le fameux porte-parole de la commission, M. Bamba Yacouba est un éminent membre du mouvement rebelle de Guillaume Soro, qui considère Laurent Gbagbo comme l’homme à abattre.
Pire, le jour du scrutin, les éléments des Forces nouvelles (miliciens de l’opposition), ont exercé des violences inouïes sur les représentants du candidat de la majorité présidentielle (LMP), les obligeant à fuir les lieux de vote quand ils n’étaient pas simplement arrêtés et jetés dans les prisons de fortune. Les preuves des fraudes abondent, mais la presse française fortement sous l’influence du politique français refuse de les regarder et de les analyser. Et c’est cette complaisance que les députés socialistes Henri Emmanuelli et François Loncle ont dénoncée dans un communiqué qui a piqué au vif la Secrétaire nationale du Parti socialiste, Martine Aubry pour des raisons évidentes. Quand on est arrivé là où on est grâce à la fraude, on ne peut que soutenir les fraudeurs. Et Martine Aubry est certainement la dernière personne qui pourrait donner des leçons aux dirigeants ivoiriens.

Heureusement que le concert des louanges à l’honneur de Ouattara qui accrédite la thèse d’une vaste conspiration ne parvient pas totalement à couvrir les voix de ceux qui pensent que l’Occident n’a pas le droit de se comporter ainsi avec l’Afrique. On ne peut pas revendiquer des élections justes, transparentes et crédibles et tenter maladroitement d’étouffer les cris de ceux qui dénoncent les manipulations de votes sous prétexte qu’ils ne sont pas des nôtres. Les parlementaires Didier Julia et Robert Hue méritent à cet égard le respect de ceux, en Afrique, qui luttent pour la reconnaissance des vrais droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tout comme la Russie qui se bat actuellement au Conseil de sécurité pour faire comprendre au Coréen Ban Ki-Moon que l’ONU a outrepassé ses prérogatives en Côte d’Ivoire. En tout état de cause, la vérité finira par triompher.

Augustin Kouyo
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