De passage à Abidjan, un diplomate de l’Ua a bien voulu s’ouvrir à Le Temps sous le sceau de l’anonymat. Obligation de réserve oblige.
Jusqu’où ira la communauté internationale, dans sa prise de position contre la Côte d’Ivoire, principalement contre le Président Laurent Gbagbo ? Des diplomates et juristes africains ont décidé de prendre position. L’un d’entre eux, bien connu sur la scène politique africaine et à l’Union africaine fait des confidences et donnent clairement son avis sur la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire dans cette période post-crise. Il a décidé de s’ouvrir à nous en off record. Selon lui, «la Côte d’Ivoire est confrontée à deux légitimités. Nous avons la légalité constitutionnelle et institutionnelle qui s’inscrit dans la proclamation des résultats respectés qui donne victorieux le Président Gbagbo avec une légitimité interne à son deuxième mandat. A côté du cas précité, nous avons la logique extraconstitutionnelle fondée sur les résultats provisoires et proclamés hors délais. Mais qui s’appuient sur une sortie des grandes puissances occidentales qui ont réussi à entrainer toute la communauté internationale avec elles. C’est une équation quasi-inédite que la Côte d’Ivoire, aura à résoudre dans les jours qui viennent». A ce niveau, notre interlocuteur qui a été Premier ministre d’un pays de l’Afrique occidentale et qui a eu souvent maille à partir avec l’Union européenne (Ue), dans des périodes post-électorales, estime qu’il faut d’emblée exclure le scenario catastrophe qui consisterait à la reprise de la guerre. «Cela n’est pas souhaitable, ni par les populations ivoiriennes ni par les deux parties en présence. Encore moins par les Nations unies dont la mission et le mandat ne consistent pas à soutenir militairement l’une des parties par rapport à l’autre. Si un tel scenario devrait se produire, on pourrait considérer cela comme un paradoxe et donc un soutien de la communauté internationale à une ex-rébellion. Par ailleurs, poursuit notre interlocuteur, «la guerre aboutirait à enfoncer la Côte d’Ivoire dans une crise majeure qui entrainerait l’effondrement de tout le Golf de Guinée».
Les prises de position du Rhdp à l’Hôtel du Golf sous la protection de l’Onuci
Cet ancien Premier ministre, estime qu’il s’agit d’un dysfonctionnement apparent qui s’inscrit dans la logique de l’Opération du système des Nations unies en Côte d’Ivoire, (Onuci) qui remet en cause la décision souveraine du Conseil constitutionnel. «Il se pose un problème d’interprétation de la mission de certification conférée à l’Onuci au terme du processus électoral. La certification pour le commun des juristes, consiste normalement à dire que le processus électoral s’est passé dans le respect des règles et le processus légal prévu pour la proclamation des résultats. Comme pour tout certificat, il s’agit de constater la naissance d’une chose. En l’occurrence, la réalité des élections et l’ouverture d’une ère postélectorale», précise-t-il. Avant d’ajouter qu’au lieu de cela, l’Onuci s’est octroyé des attributions de juge suprême de la validité des résultats en balayant du revers de la main, le verdict et le résultat proclamé par le Conseil constitutionnel, seul habileté à le faire.
Comment normaliser la situation ?
Donnant un point de vue personnel, ce diplomate soumis à une obligation de réserve par l’Ua, pense qu’il faut amener les parties à former un gouvernement d’Union nationale, présidé par le Président Laurent Gbagbo élu et constitutionnellement d’une part, et dirigé par Ouattara ou un membre du Rhdp d’autre part, et moyennant quelques arrangements institutionnels, pour recomposer et la Commission électorale indépendante (Cei) et le Conseil constitutionnel, pour répondre aux critiques des uns et des autres. Ceci, pour aboutir à un nouvel accord qui permettra d’organiser les législatives. «Mais, il faut un grand préalable pour le retour de la paix. Au lieu d’une pression de la communauté internationale qui s’exerce sur le Président Laurent Gbagbo seulement, il faudrait que cela s’adresse aux deux parties. Pour arriver à reconstituer une armée nationale ivoirienne en lieu et place de deux armées face- à-face. En ce qui concerne la dénégation de sa signature au Président Laurent Gbagbo, il convient de faire une précision de taille. Même dans les hypothèses de coup d’Etat, on reconnait au moins les auteurs comme des autorités de fait avec lesquelles ont doit traiter. On a jamais vu la communauté internationale dénier sa signature à un Président élu et qui contrôle une large partie du territoire, contrôle l’armée et l’Administration. En clair, ces propos du genre qu’on entend depuis quelques jours, ne sont qu’un bluff qui participe à la guerre psychologique et de communication. Comme conseil à ceux qui sont retranchés à l’Hôtel du Golf, il faudrait qu’ils acceptent une discussion directe, autour de la table de négociations avec le Président Gbagbo. Ceci, pour trouver une issue favorable à cette crise. Cela a été déjà fait en Côte d’Ivoire depuis huit ans et nous avons obtenu des avancées notables».
Qu’en est-il de la position de la radio «Onuci Fm ou la fréquence de la paix» ?
«C’est un rôle très dangereux. Ce rôle est loin de contribuer à l’apaisement. En ce qui concerne le dernier sommet de la Cedeao tenu à Abuja, disons que cette organisation régionale a commis une erreur. Elle aurait du dépêcher une mission de bon office de haut niveau à Abidjan, pour tenter de trouver une solution à cette crise», conclu notre interlocuteur.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
Jusqu’où ira la communauté internationale, dans sa prise de position contre la Côte d’Ivoire, principalement contre le Président Laurent Gbagbo ? Des diplomates et juristes africains ont décidé de prendre position. L’un d’entre eux, bien connu sur la scène politique africaine et à l’Union africaine fait des confidences et donnent clairement son avis sur la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire dans cette période post-crise. Il a décidé de s’ouvrir à nous en off record. Selon lui, «la Côte d’Ivoire est confrontée à deux légitimités. Nous avons la légalité constitutionnelle et institutionnelle qui s’inscrit dans la proclamation des résultats respectés qui donne victorieux le Président Gbagbo avec une légitimité interne à son deuxième mandat. A côté du cas précité, nous avons la logique extraconstitutionnelle fondée sur les résultats provisoires et proclamés hors délais. Mais qui s’appuient sur une sortie des grandes puissances occidentales qui ont réussi à entrainer toute la communauté internationale avec elles. C’est une équation quasi-inédite que la Côte d’Ivoire, aura à résoudre dans les jours qui viennent». A ce niveau, notre interlocuteur qui a été Premier ministre d’un pays de l’Afrique occidentale et qui a eu souvent maille à partir avec l’Union européenne (Ue), dans des périodes post-électorales, estime qu’il faut d’emblée exclure le scenario catastrophe qui consisterait à la reprise de la guerre. «Cela n’est pas souhaitable, ni par les populations ivoiriennes ni par les deux parties en présence. Encore moins par les Nations unies dont la mission et le mandat ne consistent pas à soutenir militairement l’une des parties par rapport à l’autre. Si un tel scenario devrait se produire, on pourrait considérer cela comme un paradoxe et donc un soutien de la communauté internationale à une ex-rébellion. Par ailleurs, poursuit notre interlocuteur, «la guerre aboutirait à enfoncer la Côte d’Ivoire dans une crise majeure qui entrainerait l’effondrement de tout le Golf de Guinée».
Les prises de position du Rhdp à l’Hôtel du Golf sous la protection de l’Onuci
Cet ancien Premier ministre, estime qu’il s’agit d’un dysfonctionnement apparent qui s’inscrit dans la logique de l’Opération du système des Nations unies en Côte d’Ivoire, (Onuci) qui remet en cause la décision souveraine du Conseil constitutionnel. «Il se pose un problème d’interprétation de la mission de certification conférée à l’Onuci au terme du processus électoral. La certification pour le commun des juristes, consiste normalement à dire que le processus électoral s’est passé dans le respect des règles et le processus légal prévu pour la proclamation des résultats. Comme pour tout certificat, il s’agit de constater la naissance d’une chose. En l’occurrence, la réalité des élections et l’ouverture d’une ère postélectorale», précise-t-il. Avant d’ajouter qu’au lieu de cela, l’Onuci s’est octroyé des attributions de juge suprême de la validité des résultats en balayant du revers de la main, le verdict et le résultat proclamé par le Conseil constitutionnel, seul habileté à le faire.
Comment normaliser la situation ?
Donnant un point de vue personnel, ce diplomate soumis à une obligation de réserve par l’Ua, pense qu’il faut amener les parties à former un gouvernement d’Union nationale, présidé par le Président Laurent Gbagbo élu et constitutionnellement d’une part, et dirigé par Ouattara ou un membre du Rhdp d’autre part, et moyennant quelques arrangements institutionnels, pour recomposer et la Commission électorale indépendante (Cei) et le Conseil constitutionnel, pour répondre aux critiques des uns et des autres. Ceci, pour aboutir à un nouvel accord qui permettra d’organiser les législatives. «Mais, il faut un grand préalable pour le retour de la paix. Au lieu d’une pression de la communauté internationale qui s’exerce sur le Président Laurent Gbagbo seulement, il faudrait que cela s’adresse aux deux parties. Pour arriver à reconstituer une armée nationale ivoirienne en lieu et place de deux armées face- à-face. En ce qui concerne la dénégation de sa signature au Président Laurent Gbagbo, il convient de faire une précision de taille. Même dans les hypothèses de coup d’Etat, on reconnait au moins les auteurs comme des autorités de fait avec lesquelles ont doit traiter. On a jamais vu la communauté internationale dénier sa signature à un Président élu et qui contrôle une large partie du territoire, contrôle l’armée et l’Administration. En clair, ces propos du genre qu’on entend depuis quelques jours, ne sont qu’un bluff qui participe à la guerre psychologique et de communication. Comme conseil à ceux qui sont retranchés à l’Hôtel du Golf, il faudrait qu’ils acceptent une discussion directe, autour de la table de négociations avec le Président Gbagbo. Ceci, pour trouver une issue favorable à cette crise. Cela a été déjà fait en Côte d’Ivoire depuis huit ans et nous avons obtenu des avancées notables».
Qu’en est-il de la position de la radio «Onuci Fm ou la fréquence de la paix» ?
«C’est un rôle très dangereux. Ce rôle est loin de contribuer à l’apaisement. En ce qui concerne le dernier sommet de la Cedeao tenu à Abuja, disons que cette organisation régionale a commis une erreur. Elle aurait du dépêcher une mission de bon office de haut niveau à Abidjan, pour tenter de trouver une solution à cette crise», conclu notre interlocuteur.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr