Laurent Gbagbo est un personnage insaisissable. Un homme qui fait toujours exactement les travers et pratiques qu’il n’a eu de cesse de dénoncer. On tombe à la renverse en le voyant faire aujourd’hui ce qu’il critiquait si vertement hier. Ainsi en est-il de ce qu’il disait devant l’entêtement du despote Slobodan Milosevic à quitter le pouvoir et à se dresser contre la communauté internationale. En 1990 à Abengourou, lors de la fête de la liberté, l’ancien opposant historique prenait position en ces termes : « Lorsque tu es dans un village et que tout le monde dit que ce pagne est blanc, si toi, tu le vois en noir, il faut te poser des questions. Slobodan Milosevic a le monde entier contre lui. Où croit-il pouvoir aller ? » Vingt ans après sa proclamation, Laurent Gbagbo est sensiblement dans la même posture que Milosevic. Après avoir perdu l’élection présidentielle, devant le président Alassane Ouattara, il refuse de quitter le pouvoir et donne dans une vaine résistance. Au terme de sa cuisante défaite du 28 novembre dernier, Gbagbo joue à se faire peur, en s’accrochant à la Magistrature Suprême. Depuis plus de dix jours, comme Milosevic, il est seul contre tous. La CEDEAO, l’UA, l’UA, l’ONU et tous les pays du monde lui demandent de se conformer aux résultats du scrutin et de partir dans la dignité. Tout le monde, y compris Obama, Sarkozy, Merkel lui ont intimé l’ordre de rendre le tablier. L’homme continue de faire la sourde oreille, recroquevillé sur ses fausses certitudes. Par sa faute, les sanctions ne cessent de pleuvoir sur la Côte d’Ivoire. Où croit-il pouvoir aller ? Résolument, Laurent Gbagbo court à sa perte, comme le très tristement célèbre Milosevic.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga