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Politique Publié le mardi 14 décembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Côte d`Ivoire : Un Conseil constitutionnel faible qui pue le Fpi de Gbagbo

Le président américain Barack Obama disait lors de sa visite officielle au Ghana l'année dernière que "L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais plutôt d'institutions solides… ". Ce n'est pas ce qui nous a été donné de voir à la proclamation des résultats du 2ème tour de l'élection présidentielle ivoirienne par la Commission électorale indépendante (CEI). Celle-ci donnait l'opposant Alassane Ouattara vainqueur, avec 54,10%, et le président sortant Laurent Gbagbo perdant avec 48,90%.
Le Conseil constitutionnel dirigé par un des " hommes forts " de Laurent Gbagbo invalidait par la suite les résultats de la CEI certifiés par les Nations Unies pour cause de forclusion. Ainsi, par de grossiers et honteux artifices, elle réussissait à inverser les résultats, en donnant son candidat et ami de parti politique (Tenez ! Yao N'Dré est militant du FPI et député de cette formation à Hiré. Il est également président du conseil Général du FPI à Divo et Directeur départemental de campagne (Ddc) de Gbagbo dans cette même localité), vainqueur avec 51,45% des suffrages et 48,55% pour Ouattara. Bafouant ainsi les droits de la majorité des Ivoiriens et surtout excluant quelque 500 000 voix des électeurs du nord ivoirien.
A partir de ces données, on peut dire qu'on n'a pas vu en action une institution forte. Celle capable d'enraciner durablement une démocratie embryonnaire chez nous. On a plutôt vu un Conseil constitutionnel moribond, grotesque, à la solde d'un individu. Une institution puant le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Gbagbo. Elle ne s'est pas montrée forte, et a plutôt donné l'image d'une " Côte d' Ivoire bananière ". Elle a voulu montrer sa force, en imposant un soi-disant " homme-fort ". On comprend donc la réaction musclée de la Maison Blanche qui demande à Gbagbo de débarrasser le plancher et de laisser Ouattara travailler aux questions de développement socio-économique de la Côte d'ivoire.
Et les débats houleux, que dis-je,… honteux de ces temps-ci autour des deux résultats, résultent justement de la faiblesse du Conseil constitutionnel. Qui, en la matière, commet deux fautes graves qui, si on n'y prend garde, vont conduire le pays au chaos. D'abord l'institution que dirige le Pr. Paul Yao N'Dré ne peut pas s'auto-saisir. En cas d'impossibilité de proclamer les résultats provisoires, la Cei qui en a la charge, saisit le Conseil constitutionnel à cet effet.
Le code électoral indique clairement cela en son Article 47 nouveau : " En cas d'événement ou de circonstances graves, notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire, de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats, le Président de la Commission électorale indépendante saisit le Conseil constitutionnel et informe le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le Représentant Spécial du Facilitateur aux fins de constatation de cette situation… ".
Ce ne fut pas le cas. Sitôt les 72 heures écoulées, le Conseil constitutionnel s'est auto-saisi et a invalidé les résultats de sept (7) départements du Nord ! Ce qui n'est pas de sa compétence. Ce fut la première faute grave d'une institution qui, par essence, doit être forte et crédible.
Ensuite l'Article 64 nouveau du Code électoral indique ceci: " Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités de nature à entacher la validité du scrutin et à en affecter le résultat d'ensemble, il prononce l'annulation de l'élection. La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en Conseil des Ministres sur proposition de la Commission électorale indépendante. Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq (45) jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel. ".. En clair, le Conseil constitutionnel, en recevant les résultats provisoires n'a que deux options : soit il les valide s'ils sont conformes ou les invalide s'il constate des irrégularités. Un texte qui ne souffre aucune ambigüité et qui serait aisément compris de tout écolier. Et dire que les " éminences grises " du Conseil constitutionnel n'ont pas compris cela.
Le Conseil constitutionnel est une institution de la République et à ce titre, ses membres sont au service de l'Etat de Côte d'Ivoire. Si ceux qui sont censés, de par leur fonction, respecter et faire appliquer la loi sont les premiers à la travestir et à la fouler au pied à des fins partisanes, alors le PEUPLE qui est le seul et véritable détenteur de tout pouvoir, et subséquemment de la souveraineté, est en droit de réagir.
L'exemple le plus édifiant est la lutte contre l'Apartheid (système de ségrégation raciale) qui était pourtant une loi constitutionnelle en Afrique du Sud. D'où vient-il qu'on veut nous faire croire que lorsque le Conseil constitutionnel a rendu un arrêt, celui-ci ne peut être attaqué ? Pure affabulation. Quand tout un système est corrompu du fait des errements de ceux qui sont chargés de l'animation et du bon fonctionnement des institutions de la nation, il ne faut pas s'étonner du retour de la manivelle.
Après s'être longtemps accommodé avec la tricherie, la palinodie, le mensonge, les détournements de deniers publics, l'impunité, les divers dysfonctionnements de l'administration, le " hold up électoral " semble la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Trop c'est trop. Il faut maintenant " arracher " le pays des mains des faux démocrates et faux patriotes, pour lui faire emprunter le chemin de la démocratie vraie.
Il ne suffit de crier, ainsi que Gbagbo le fait, à tue-tête qu'on est " un enfant des élections " et refuser de se soumettre à la volonté du public exprimée à travers les urnes. La démocratie, c'est aussi permettre que l'alternance s'exerce avec élégance, comme le fit le président Abdou Diouf du Sénégal. "… Je suis prêt à accepter les résultats des urnes. Si je ne gagne pas les élections, je vais retourner à Mama (Ndlr : Village de Laurent Gbagbo dans l'ouest de la Côte d'Ivoire) et me consacrer à écrire des livres… " avait-il dit, la main sur le cœur, sur la chaine internationale Africa 24 au cours d'une interview en pleine campagne du 2ème tour.
Tout cela n'était que profession de foi ''blagué-tué'' comme on le dit à Adjamé. On comprend maintenant davantage le sens des slogans qui ont rythmé la campagne du " candidat 100% et président 100% " et ses affidés : " On gagne ou on gagne ". Le visage hideux que présente ces jours-ci la Côte d'Ivoire avec deux présidents, deux premiers ministres et deux gouvernements pour un même pays, ne fait ni honneur à notre pays lui-même, encore moins à l'Afrique tout entière. Une situation que le ministre Patrick Achi a vite fait de rectifier : " …Au jour d'aujourd'hui, à moins d'avoir un problème structurel, personne ne peut nier qu'il y a un seul gouvernement légitime en Côte d'Ivoire, celui du Dr Alassane Dramane Ouattara… "
Sous la Refondation, le pays a touché le fond de l'abime de toutes les absurdités et bêtises. : Assassinats ou incarcération de journalistes, détournements des fonds du café-cacao, importation de déchets toxiques, découvertes de charniers humains, etc. La liste est longue.
C'est pourquoi cette forfaiture de Gbagbo et de ses illuminés doit être combattue jusqu' à la dernière énergie. Il ne faut pas le laisser s'accrocher au pouvoir. Un pouvoir qui appartient à des millions d'Ivoiriens qui, à plus de 54%, ont voulu confier le destin de leur pays à Alassane Ouattara pour les cinq (5) prochaines années.
Par son comportement, Gbagbo achève de convaincre, la Côte d' Ivoire et le monde, qu'il est un faux démocrate. Qu'il est loin d'être le nationaliste ou le panafricaniste qu'il prétend être. Le laisser s'installer à nouveau, après dix années de gestion catastrophique, c'est précipiter la Côte d' Ivoire dans l'enfer. Et aucun arrangement politique à la kenyane ou à la zimbabwéenne ne doit lui être accordé. Si les Ivoiriens ou la communauté internationale accèdent à ce " passage en force " qu'il tente, ce serait établir un précédent grave, qui deviendra la règle dans les années à venir.
De Someuka Ibn Sidick Coulibaly,
Spécialiste en Communication
desomeuka@gmail.com
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