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Politique Publié le lundi 13 décembre 2010 | AFP

Côte d`Ivoire: le QG de Ouattara soumis à un blocus de plusieurs heures

© AFP
Face-à-face tendu entre éléments armés des camps Gbagbo et Ouattara
Des forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo, l`un des deux présidents proclamés de Côte d`Ivoire, ont bloqué lundi pendant plusieurs heures l`accès à l`hôtel qui sert de QG à son rival Alassane Ouattara, premier face-à-face armé entre les deux camps en deux semaines de crise.

Par ailleurs, le couvre-feu instauré à la veille de la présidentielle du 28
novembre et qui devait s`achever mardi matin, a été prolongé d`une semaine,
jusqu`au 21 décembre, en vertu d`un décret de M. Gbagbo lu lundi à la
télévision publique. Il sera cependant raccourci de deux heures, puisqu`il ne
sera en vigueur que de 24H00 à 05H00, au lieu de 22H00 à 05H00 auparavant.

A la mi-journée, dans le quartier chic et verdoyant de Cocody, des membres
des forces de l`ordre, notamment des gendarmes et des soldats, avaient
installé des barrages aux deux extrémités de l`unique route menant à l`hôtel
du Golf, situé en bordure de lagune à Abidjan.

Ces forces favorables à Laurent Gbagbo, au moins cinquante d`hommes dont certains de la BAE (Brigade antiémeutes), étaient équipées de plusieurs
pick-up surmontés de mitrailleuses.

A quelques centaines de mètres, l`entrée principale du bâtiment était
protégée par des éléments de l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN),
partisans de M. Ouattara armés notamment de lance-roquettes RPG7. Des Casques
bleus de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) montaient
également la garde.

Un porte-parole des Nations unies à New York a expliqué que l`Onuci avait
"reçu l`ordre de protéger le gouvernement de M. Ouattara", reconnu comme le
vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par la communauté internationale.


Le blocus a finalement été levé en fin de journée et la circulation a
repris, mais des barrages filtrants étaient en place, a constaté l`AFP.

C`était la première fois depuis le début de cette crise postélectorale que
les deux camps se trouvaient face à face, après des jours d`apparent statu quo.

Le symbole est fort : l`hôtel sert de "présidence" à M. Ouattara, abrite
son gouvernement et son Premier ministre, le chef des FN Guillaume Soro,
tandis que son rival Laurent Gbagbo siège au palais présidentiel.

En dépit de ce blocus de quelques heures, Guillaume Soro a affirmé qu`il
s`installerait vendredi avec ses ministres au siège du gouvernement à Abidjan.

Il compte aussi s`accaparer jeudi un autre instrument du pouvoir en se
rendant avec son cabinet "dans les locaux de la RTI (télévision publique) pour
y installer le nouveau directeur général".

La RTI est toujours aux mains du camp Gbagbo et la nomination par M.
Ouattara d`un nouveau dirigeant est restée pour l`heure sans effet.

Solidement installé à la présidence, Laurent Gbagbo est cependant de plus
en plus isolé sur la scène internationale. L`Union européenne a accru lundi la
pression sur lui en décidant de le sanctionner, via des restrictions de visas
et un gel d`avoirs.

Signe que l`atmosphère se tend, le général Philippe Mangou, chef d`état-major de l`armée régulière, a adressé dimanche un ferme avertissement à l`Onuci (10.000 hommes) et à la force française Licorne (900 éléments), les sommant de ne pas "faire la guerre aux Ivoiriens".

Il a rappelé "les événements douloureux" de 2004 au cours desquels les tensions avaient atteint leur paroxysme entre la Côte d`Ivoire et l`ex-puissance coloniale française, après la crise née du coup d`Etat avorté de 2002 qui a coupé le pays en un sud pro-Gbagbo et un nord FN.

Un bombardement de l`aviation ivoirienne avait tué neuf soldats français à
Bouaké (centre) et plus de 50 manifestants ivoiriens étaient tombés à Abidjan
sous les balles des soldats français.
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