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Politique Publié le mardi 14 décembre 2010 | L’Inter

Fds, casques bleus et Fafn se défient - Le film d’une folle journée au QG de Ouattara

© L’Inter Par Aristide
Abidjan Riviera Golf : Face-à-face tendu entre éléments armés des camps Gbagbo et Ouattara
Photo: des armes saisies par les Forces nouvelles
On a frôlé le pire, hier lundi 13 décembre 2010, à l’hôtel du Golf de Cocody Riviera. Des soldats de la Garde républicaine (GR), identifiables par leur béret rouge, ont tenté de déloger les occupants de cet hôtel, devenu depuis le 2 décembre dernier, le Qg du Dr Alassane Ouattara, proclamé président de la République par la Cei et reconnu par la communauté internationale. Il est 10h20 ce lundi, lorsque nous empruntons un taxi à Cocody « Allocodrome » pour l’hôtel du Golf, où le Dr Alassane Ouattara reçoit l’ambassadeur de l’Espagne en Côte d’Ivoire, Christina Diaz Fernandez. Au niveau de la résidence de l’épouse du premier président de la République de Côte d’Ivoire, Thérèse Houphouët-Boigny, situé à environ 800 mètres du Golf hôtel, les véhicules sont priés de rebrousser chemin. Nous tentons d’en savoir davantage quand le militaire en faction nous recommande, avec la fermeté requise en la matière, de retourner sur nos pas. A Cocody Saint Jean où nous nous sommes retrouvé après cet ordre du militaire, la vie se déroule normalement, loin des coups de feu du Golf Hôtel. Nous appelons un proche de Ouattara pour savoir ce qui se passe au Golf. « Des éléments de la Garde républicaine ont tenté de nous encercler, ils ont été mis en déroute par des soldats des Forces nouvelles et forces onusiennes. Pour l’instant, tout est calme », nous indique-t-il au téléphone, avec une pointe d’ironie. A 11h20, nous revenons sur les lieux, cette fois dans un véhicule de reportage, dans l’espoir d’accéder au Golf Hôtel. Au niveau de la résidence de Thérèse Houphouët-Boigny, nous entendons des coups de feu dans la direction de l’ambassade des Etats-Unis. Nous apercevons également des soldats de la Garde Républicaine, armes au poing et dans une posture de combat, dans la broussaille qui ceinture la résidence de Mme Boigny. Notre chauffeur rebrousse encore chemin pour éviter d’être pris en tenaille par les soldats de la GR d’un côté et ceux de l’Onu et des Fn de l’autre.

Face-à-face GR, Casques bleus et Forces nouvelles

Pour la troisième fois, au niveau de la résidence de Mme Thérèse Houphouët, nous sommes bloqués par un soldat des Forces de défense et de sécurité, qui nous intime l’ordre de nous mettre sur le côté. Nous apercevons alors un char à chainon quitter la voie qui mène à l’ambassade des USA pour la résidence de Mme Houphouët. Le soldat qui nous a intimé l’ordre de garer sur le côté, semble être le meneur des opérations. Talkie-walkie à l’oreille, il semblait prendre des ordres. Il nous donne l’autorisation de passer. Juste à 200 mètres, nous apercevons des soldats onusiens, le long des murs des villas qui bordent la voie menant à l’hôtel du Golf, armes au poing, avancer en direction de ceux de la GR. Un soldat de l’Onu, qui semble également être le meneur, donne des instructions à cet effet. Nous débouchons finalement sur l’entrée du Golf hôtel, où sont déployés des soldats des Forces nouvelles pour la sécurité des lieux. La cour de l’hôtel est plongée dans le silence. Aucun véhicule n’entre, ni ne sort. Même décor dans le hall, où n’étaient visibles que quelques journalistes, le personnel du restaurant, des éléments des Forces nouvelles, soutenus par la garde rapprochée d`Alassane Ouattara, de Guillaume Soro et des membres du gouvernement. Un soldat demande aux journalistes de descendre dans la salle de conférence pour plus de sécurité. Une fois là-bas, nous apercevons le commandant Ouattara Issiaka alias Wattao discuter avec son frère Morou Ouattara, tous responsables de troupe au sein des Forces nouvelles, entourés de leurs soldats. C’est également là-bas que nous avons pu reconstituer ce qui s’est réellement passé dans la matinée, grâce à la caméra d’un élément des Forces nouvelles qui a tout filmé. De fait, les éléments des forces onusiennes et ceux des Forces nouvelles ont constaté que les soldats de la Garde républicaine ont abandonné leur position initiale pour se rapprocher davantage du Golf hôtel. Alertés par cette nouvelle position, des soldats de Morou Ouattara et de Wattao, à bord d’une jeep, ont entrepris une opération de ratissage. C’est ainsi qu’ils ont libéré des tirs de sommation pour repousser les éléments de la Garde républicaine. Ceux-ci, surpris par une telle réaction, se sont retirés abandonnant leur position initiale. Les soldats de l’Onu se sont également déployés, en raison des risques d’attaque qui planaient sur l’hôtel, sur tout le périmètre depuis l’hôtel jusqu’à environ 300 mètres du carrefour Mpouto.

Le cortège de Choi bloqué

Face à la tension, le représentant spécial de l’Onu en Côte d’Ivoire, Choi Young Jin, s’est rendu lui-même à l’hôtel du Golf pour se rendre compte de la situation. Après plusieurs heures d’échange avec le Dr Alassane Ouattara, il a quitté les lieux, sous une escorte impressionnante des soldats onusiens composés de Jordaniens et de barbus au regard froid. Précédé par le cortège de Choi, nous sommes bloqués au carrefour de Mpouto par des bérets noirs qui laissent passer les véhicules qui sortent du Golf au compte-goutte. Le cortège de Choi nous dépasse et prend la direction de la Riviera, par la gauche. Nous réussissons à avoir le passage, non sans remarquer une centaine de bérets noir, soutenus par des bérets rouges. Nous avons pu apercevoir, avant de les rencontrer, à moins de 400 mètres, des casques bleus déployés comme des fourmis sur les terrains en construction, le long de la voie qui mène au Golf hôtel. Nous suivons le cortège de Choi quand nous tombons sur un barrage des Forces régulières. Barrage à côté duquel se trouvent quelque quatre soldats et une arme redoutable, un DCA (Défense contre avion). A près de 400 mètres d’eux, nous tombons sur un autre barrage, inhabituel à cet endroit. Là, ça sent le roussi parce que les soldats qui y sont positionnés, visiblement excités, fouillent les véhicules avant de les laisser passer. Nous apercevons l’un d’eux, qui arborait une cagoule noire et donnait des ordres avec la main. Nous devinons les raisons de la réaction. Aidé d’un autre, le visage découvert, ils demandent à l’impressionnant cortège de Choi de faire demi-tour et de s’immobiliser. Un ordre qu’exécutent les soldats de l’Onu, visages souriants. Les soldats des forces régulières intiment l’ordre aux autres véhicules de partir. Quant à nous, nous avons quitté les lieux sur ces faits, pour retourner à notre rédaction, après une folle journée chargée d’émotion et de risque.

Y.DOUMBIA

Hier, il manquait de peu que les éléments de la GR et ceux de l’Onu et des FN s’affrontent
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