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Politique Publié le mardi 14 décembre 2010 | Le Patriote

Affrontement manqué entre soldats ivoiriens hier à l’hôtel du Golf - Le film d’un vrai attentat contre la paix

© Le Patriote
Face-à-face tendu entre éléments armés des camps Gbagbo et Ouattara
Ça failli pétarder. La Côte d’Ivoire était hier à deux doigts de basculer dans la violence. Chronique d’une journée folle. Un lundi terrible, pas comme les autres.

6h45 : sur le PC-radio de la Police nationale, le chef de service du 18ème Arrondissement, le Commissaire Assy Adou, informe sa hiérarchie que l’hôtel du Golf est « totalement isolé ». Il venait, avec ses agents, de barricader l’entrée nord, le carrefour Thérèse Houphouët Boigny et l’entrée sud, côté SCIAD PROMO. Des tables de vendeuses et autres objets de récupération ont servi à obstruer le passage. Au sud, le dispositif est composé uniquement de policiers, à peine une dizaine. Au nord, les éléments de la Garde républicaine, du Bataillon blindé, des Gendarmes qui ont élu domicile en ce carrefour se joignent aux activistes du Commissaire Assy Adou. Les véhicules sont systématiquement refoulés. Quelques riverains et des bénis de Dieu ont la chance de franchir le «rideau de fer ». La nouvelle prend le tout Abidjan. Et chacun y va de son commentaire. A l’hôtel du Golf, les téléphones des membres du gouvernement légal et légitime, crépitent. La rumeur annonce l’attaque des lieux.
Aux environs de 9h, un véhicule de police, un 4X4 de la sécurité de la Primature revient, dit-on, de la résidence privée du Premier Ministre, Guillaume Soro, dans un quartier contigu au Golf ». Le véhicule est intercepté à l’entrée sud, au barrage de fortune. Selon un des soldats qui y étaient, « les agents de Police ont demandé à récupérer le véhicule ». Raison invoquée : « Guillaume Soro n’est plus Premier Ministre, donc le véhicule doit retourner au parc auto de la Police nationale ». Les éléments de la sécurité du Premier Ministre qui pensaient à une plaisanterie, sont surpris par la tournure des choses. C’est alors qu’ils appellent du renfort.
9h 30 : des soldats de la garde rapprochée du Premier ministre, armés jusqu’aux dents, dans un mini-véhicule de transport de troupes et un 4X4 sortent en trombe pour aller libérer leurs collègues. Les populations qui s’étaient amassées en ce lieu, assistent les yeux hagards, ces policiers héros détaler, chercher des abris de fortune.
Quelques courageux qui n’ont pas détalé, échangent chaudement avec les « libérateurs des otages ». Ils démontent le barrage et repartent en trombe, comme à l’arrivée. Les agents de Police se retrouvent sous un abri de fortune pour deviser et certainement se raconter leur infortune. Laissant la voie aux nouveaux maîtres des lieux. « Ce n’est pas joli à voir ! Ils sont tous frères », se lamente, Kouassi Emmanuel, 31 ans, maçon accouru sur les lieux, comme de nombreux badauds.
De l’entrée sud, l’équipe commando met le cap sur l’entrée nord, avec pour objectif de libérer le passage. A des centaines de mètres, des rafales de kalachnikochvs sont lâchées en l’air. C’est à une autre débandade à laquelle les curieux assistent. Policiers, militaires, tous prennent les jambes à leur cou, abandonnant kalachnikovs, chars et autres véhicules. Selon nos sources, les éléments de la sécurité du Premier ministre ramassent comme des mangues, une dizaines de kalachnikovs et une arme lourde, une mitrailleuse d’un calibre de 12-7mm.
Puis, le même équipage revient sur ses traces au carrefour SCIAD PROMO faire le check-up, avant de rejoindre l’hôtel, sous le regard des populations. Qui s’interrogent sur cette montée de fièvre.
Une quinzaine de minutes auparavant, les agents du Commissaire Assy Adou (une dizaine) embarquaient dans un véhicule 4X4, de couleur rouge, en direction du Commissariat.
La partie n’est pourtant pas encore gagnée par les soldats de la Primature. L’ouverture de la voie d’accès va durer moins d’une heure.
11h45 : du côté de la résidence Thérèse Houphouët Boigny , la Garde Républicaine, après les moments de frayeur reçoit du renfort , aussi bien en hommes qu’en armes lourdes et légères. Leur déploiement dans les jardins mitoyens au domicile du Président de la République, Alassane Ouattara, attire l’attention des forces impartiales. Qui avec chars et soldats armés de kalachs, habillés de gilets pare-balles, avancent leur position et prennent le contrôle de toutes les voies d’accès à la résidence du chef de l’Etat.
Au golf hôtel, c’est l’alerte maximale. Le hall est hermétiquement fermé. Il est formellement interdit aux civils de circuler. Dans la broussaille en face de l’hôtel, soldats Forces nouvelles et Forces impartiales armes au poing, sortent les muscles, prêts à riposter à toute attaque.
Entre temps, les voies d’accès sont de nouveaux obstruées. Du côté sud, un renfort du District de Police et de la Compagnie de sécurité (CRS-2) est perceptible.
13h : La fièvre commence à tomber, mais les accès sont toujours fermés. Pas d’entrée, pas de sortie.
C’est dans cette ambiance que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies arrive en compagnie du général Amouzou (Conseiller de Y. Choi), du colonel Sacko René, commandant du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), homme de main du chef d’état-major, le général Philippe Mangou, dans ce complexe hôtelier. Renseignement pris, ils sont venus s’informer de la situation et désamorcer la bombe. Selon cette même source, ces derniers se sont expliqués avec le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces armées des forces nouvelles (FAFN). Les pourparlers devraient continuer.
15h30 : Le Premier ministre, Guillaume Soro, dans une déclaration à la presse dénonce une situation financière catastrophique du pays. « Les dernières ressources du Trésor Ivoirien ont été extorquées pour des achats massifs d’armes et pour payer les nombreux mercenaires libériens qui sèment la désolation dans les familles une fois le couvre-feu installé », souligne le Premier Ministre.
16h30 : Le dialogue a prévalu, les barrages sont de nouveau levés. La circulation commence à reprendre. Pourvu que cela dure longtemps ?

Coulibaly Brahima
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