Un « Western » qui a failli virer au drame. Cocody-Riviera Golf, à quelques encablures de la résidence de Mme Thérèse Houphouët-Boigny, ex-première dame de Côte d’Ivoire. Nous sommes lundi 13 décembre 2010, il est un peu plus de 10h. A l’intersection de la voie qui conduit à la Riviera Golf et de celle qui mène à M’Pouto, en direction du Golf Hôtel, juste aux feux tricolores, l’ambiance devient soudain électrique. Des éléments de la garde rapprochée du Premier ministre y débarquent à vive allure. Armes aux poings, ils foncent vers le barrage érigé par des éléments des Forces de défense et de sécurité qui barrent la voie qui vient de Cocody centre. C’est le branle-bas, le sauve-qui-peut. « Quittez ici, quittez ici », tonne un homme en tenue, le visage et la voix graves. Des tirs nourris sont entendus, manifestement des tirs de sommation. Les automobilistes braquent à la sauvette la direction de leurs véhicules. Chacun essaie de s’échapper de ce « piège », aux allures d’un affrontement armé. Les moteurs vrombissent et les voitures détalent, soit en rebroussant chemin vers Cocody, soit en retournant vers le carrefour de la Riviera 2. Entre-temps, les éléments des FDS, qui avaient effectivement pris position en face de la résidence de Mme Thérèse Houphouët-Boigny, replient. A la va-vite. Ouf, un affrontement sanglant est évité de justesse. Et surtout le pire ! Renseignements pris, cette réaction de la garde du Premier ministre fait suite à la mise en place d’un dispositif par des éléments des FDS, visiblement dirigés par le général Dogbo Blé Brunot, visant à interdire tout accès au Golf Hôtel, où, faut-il le rappeler, sont installés depuis quelques jours le Premier ministre et son gouvernement. Les hommes de Soro sont intervenus pour « dégager » la voie. Ce méli-mélo est visiblement symptomatique du risque d’embrasement que l’ancien Chef d’Etat fait planer sur la Côte d’Ivoire, en refusant de se soumettre à la volonté du peuple de Côte d’Ivoire, qui a choisi dans sa majorité de confier son destin au président Alassane Ouattara, élu démocratiquement avec 54% des suffrages, le 28 novembre dernier.
Yacouba Sangaré
Yacouba Sangaré
