L’irréparable a failli se produire hier, aux alentours de l’Hôtel du Golf, où séjournent le président démocratiquement élu, Alassane Ouattara, son gouvernement et ses collaborateurs. Alors que les crépitements des balles se sont tus depuis belle lurette, les Ivoiriens ont vécu une grosse frayeur. Ce qu’ils avaient déjà rangé dans les oubliettes s’est produit à nouveau. Des échauffourées entre les éléments des Forces de défense et de sécurité et les Forces nouvelles. Plus précisément entre une partie des éléments de l’armée ivoirienne et la garde rapprochée du Premier ministre Guillaume Soro. Mais ce qui s’est passé hier aux alentours de cet impressionnant complexe hôtelier ne s’est pas produit ex-nihilo. Une main occulte est derrière ce grabuge. C’est celle d’un certain Dogbo Blé Brunot, le commandant de la garde républicaine. Comme on le constate donc, les affrontements d’hier ont un parrain. Dogbo Blé doit certainement en être fier. Car ce dernier avait annoncé les couleurs. A l’occasion d’une rencontre qu’il a eue vendredi dernier avec ses hommes, il avait fait savoir que lui et ses hommes allaient «libérer l’Hôtel du Golf». Eh bien, il a mis son plan à exécution ! Hier, on ne sait trop pour quelles raisons, ce militaire plus engagé pour Gbagbo que pour la République de Côte d’Ivoire qu’il est pourtant censé défendre, a fait sortir des hommes pour qu’ils affrontent leurs frères d’armes des Forces nouvelles. Le pire aurait pu se produire et tous les efforts consentis par les uns et les autres, notamment par la communauté internationale se seraient avérés vains. A propos justement de la communauté internationale, le Général étoilé ne veut pas en entendre parler. De façon directe, il a tiré à boulets rouges sur l’ONU, et son représentant spécial en Côte d’Ivoire, Y.J. Choi, ainsi que la CEDEAO. Morceaux choisis d’une déclaration qui n’est pas très loin de celle d’un jeune patriote : «La Côte d’Ivoire, c’est la terre de nos pères, de nos ancêtres. Ce n’est pas la terre des parents de Choi, ni des parents de la CEDEAO, ni des parents de l’ONU. C’est à nous de défendre la terre de nos parents. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place. Ne nous laissons pas intimider par qui que ce soit. Par une communauté dite internationale qui n’est qu’un groupe de comploteurs. Qui veulent s’accaparer de la Côte d’Ivoire et de ses biens.» C’est sans aucun doute pour mettre fin à cette situation qu’il décrit qu’il a ordonné à ses éléments de s’attaquer au Golf Hôtel. Un remake de l’opération Dignité de triste mémoire les 4, 5, 6 novembre 2010.
Yves-M. Abiet
Yves-M. Abiet
