Tout le monde le sait, y compris lui-même et ses partisans. Laurent Gbagbo a perdu l’élection présidentielle devant son redoutable adversaire, Alassane Ouattara. Mais contre toute attente, « le démocrate » et « enfant des élections » refuse de se soumettre au verdict des urnes. Il continue d’occuper illégalement le palais présidentiel. A dire vrai, Gbagbo a peur de partir, parce qu’il a de nombreux contentieux à vider avec ses compatriotes. C’est un secret de polichinelle que durant sa décennie de pouvoir, l’époux de Simone Gbagbo a embastillé les libertés individuelles et collectives. Durant ces dix années, son régime a commis beaucoup d’exactions et de répression sur les populations. Sans être exhaustif, on pourrait citer le charnier de Yopougon, les différents assassinats des escadrons de la mort, les différents complots contre la démocratie, les massacres de mars 2004, de novembre 2004 et bien d’autres crimes commis sous son règne. Des tueries massives enregistrées par les différentes institutions des droits de l’homme et qui ouvrent pour la grande majorité des dirigeants de la refondation, les portes du TPI et de la CPI. A côté de cela, Gbagbo et les siens voient dans la perte du pouvoir, la mise en coupe réglée des sommes colossales tirées dans les caisses nationales et cachées dans les paradis fiscaux. Ils sont donc apeurés devant des lendemains qui vont vite déchanter. Au cours d’une réunion sécrète tenue l’année dernière à Mama, Gbagbo avait mis en garde ses collaborateurs : « si je perds le pouvoir, vous perdez vos fortunes ». Par ailleurs, lors de la dernière célébration de la fête de l’Indépendance, le 7 Août dernier, Laurent Gbagbo avait encore lancé un message dangereux à ses généraux, à qui il venait d’attribuer des nouvelles étoiles. « Si je tombe, vous tombez aussi ». Ce discours a contribué à angoisser les proches de Gbagbo, qui ne voient pas une vie paisible après la perte du pouvoir. Assurément, ces arguments sont discutables, dans la mesure où il était bien possible pour Gbagbo et ses refondateurs de bien gouverner et de mettre véritablement au service des populations. Cela n’a pas été le cas durant la décennie de refondation. Qu’à cela ne tienne ! Gbagbo doit partir car la présidence, propriété du peuple de Côte d’Ivoire, a un nouveau locataire, en l’occurrence Alassane Ouattara. Le nouveau chef de l’Etat, homme de paix, de pardon et de réconciliation, a promis protéger Gbagbo et les siens. Et Ouattara est connu pour être un homme de parole.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga