« Asseyons-nous et discutons ! » Laurent Gbagbo a ressorti sa vieille rengaine vendredi dernier au Palais présidentiel. Le candidat malheureux de l’élection présidentielle, au cours d’une rencontre avec le peuple Atchan, à mots couverts, laissait entrevoir une amorce de dialogue avec le Président de la République élu, le docteur Alassane Dramane Ouattara. On serait tenté de saluer cette annonce si elle ne cachait pas une volonté malveillante de faire perdurer la situation de crise que vivent les Ivoiriens. L’ancien président Laurent Gbagbo dit être prêt pour le dialogue. Mais à une condition que lui, demeure à son poste. Le candidat de LMP n’envisage pas des négociations qui auront pour but de restaurer la volonté du peuple qui s’est clairement exprimé le 28 novembre dernier en faveur du candidat du RHDP. Pour Laurent Gbagbo, il faut respecter « les lois du pays ». Car, pour le patron de la Refondation, il suffit que le Conseil constitutionnel dirigé par son ami Paul Yao N’Dré par un tour de magie, invalide les voix des 7 départements du Nord et du Centre pour faire de lui le choix légal du peuple de Côte d’Ivoire. Sur cette base, Laurent Gbagbo veut se présenter à la table de négociation en tant que président « légal » et imposer ses conditions. On nage vraiment dans un scenario kafkaïen où l’absurde est roi. Si on suit bien Laurent Gbagbo, c’est à Alassane Dramane Ouattara qui l’a copieusement battu qui doit faire des concessions. C’est comme si le voleur demande au propriétaire de le reconnaitre comme le propriétaire légal du bien qu’il lui a volé. Il faut être Laurent Gbagbo pour croire que les Ivoiriens, qui l’ont récusé dans leur majorité, accepteront cette forfaiture. A travers cette « offre », transparait le mépris souverain que l’ancien chef de l’Etat a toujours affiché vis-à-vis des Ivoiriens. Comme s’ils s’étaient passés le mot, les caciques du camp présidentiel, depuis quelques jours, embouchent cette trompette pour tenter de faire accepter l’inacceptable à l’opinion nationale et internationale. Mamadou Koulibaly déclare qu’il « faut un partage du pouvoir pour sortir de la crise ». Alcide Djédjé va plus loin en faisant croire que c’est la seule condition pour renouer avec la paix. Le RHDP se réjouit de cette « générosité » soudaine de la part de Laurent Gbagbo et ses camarades. Mais rappelle qu’il n’est pas demandeur. S’il doit y avoir un dialogue, il y a un préalable sur lequel les Houphouétistes n’entendent pas négocier : l’élection du président Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo doit d’abord reconnaitre la victoire du candidat du RHDP. Ensuite, tout sera possible pour lui et ses proches. Notamment voir dans quelles mesures on peut négocier les termes de leur départ pour une terre d’asile et d’exil. Car cette fois-ci, la stratégie qui tend à faire passer le bourreau pour la victime ne passera pas. Le 28 novembre dernier, les Ivoiriens ont parlé. Laurent Gbagbo n’est plus président de la République. Son successeur est Alassane Dramane Ouattara. En dehors de cette vérité, tout le reste n’est que distraction pour flouer le peuple. C’est peine perdue. Le perdant ne deviendra jamais le vainqueur. Il ne sert à rien de se cacher derrière des arguties juridiques pour tenter de légaliser l’imposture. A ce sujet, Laurent Gbagbo et ses camarades peuvent compter sur la détermination des Ivoiriens qui l’ont vomi pour faire respecter le verdict des urnes. Car Jamais, au grand jamais, les Ivoiriens qui ont élu dans leur majorité Alassane Ouattara, n’accepteront cela.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly